Culture : Interview
RENCONTRE AVEC LE SC�NARISTE YOUCEF AMRANE
“L’ABSENCE DU CIN�MA ALG�RIEN A CANNES ILLUSTRE SON AGONIE”


Natif du village Taffilkouts de la r�gion d’Illilten dans la da�ra de A�n El Hammam, Youcef est aujourd’hui �g� de 38 ans. Sa passion pour le cin�ma et le th��tre remonte au plus fort de sa tendre enfance et depuis, malgr� les contrari�t�s de la dure r�alit� du terrain, il n’a jamais cess� de produire des sc�narios.
Depuis quelque temps, il vient d’organiser un marathon de son village jusqu’� Alger pour, entre autres, protester contre la gal�re du cin�ma alg�rien. Rencontr� en marge de l’exposition qu’il organise � la Maison de la culture de Tizi Ouzou qui constitue la premi�re halte de son marathon, il a aimablement accept� de nous accorder un petit entretien pour les lecteurs du Soir d’Alg�rie.
Le Soir d’Alg�rie: Pourriez-vous nous dire comment est n� en vous cet amour pour le cin�ma et le th��tre ?
Y. Amrane :
Cela remonte aux ann�es 1970 alors que je n’avais que 8 ans. Je suivais assid�ment l’�mission d’Ahmed Bedjaoui, “Cin�-club”, � la t�l�vision. Deux autres facteurs ont pes� pour �a : ma nature introvertie qui m’obligeait � rechercher un autre mode d’expression et mon penchant naturel pour l’�criture. C’est comme �a que je me suis d�couvert une passion grandissante pour l’�criture de sc�narios, pour les films et les pi�ces th��trales, en m�me temps que pour la po�sie d’ailleurs. J’ai �cris mon premier sc�nario � l’�ge de 16 ans quand j’�tais �l�ve au CEM.
Parlez-nous de vos d�buts et de vos diverses productions...

En 1989, apr�s l’ouverture d�mocratique, j’ai cr�� une troupe de th��tre Thafat de Tiffilkouts et nous avons pu monter deux pi�ces Agraw iderwichen et Le retour de Jugurtha. Ceci a �t� possible gr�ce � la pr�cieuse aide de Boubeka Makhoukh, grand dramaturge travaillant au Th��tre r�gional de Annaba, originaire de chez nous et ayant � son actif beaucoup de pi�ces connues comme Hafila tassir, Nouba fi andalouse ou Ghabou lefkar... Il nous aidait dans les mises en sc�ne et nous formait. Il m’encourageait personnellement beaucoup pour continuer � �crire. Ceci pour le th��tre. Pour le cin�ma, apr�s avoir pass� avec succ�s le casting du film La colline oubli�e de Abderahmane Bougarmouh et la participation au stage bloqu� de B�ni-Douala organis� au profit des acteurs retenus pour les besoins du tournage que j’ai appris � �crire un vrai sc�nario en c�toyant de tr�s pr�s Abderahmane Bougarmouh, Ali Mouzoui et surtout Himoud Ibrahimi dit Moumou et qui est un grand critique cin�matographique alg�rien. C’est ainsi que j’ai �cris en 1998 Amal que j’ai d�pos� au minist�re de la Culture et qui porte sur la d�cennie noire en Alg�rie. En 2004, j’ai �cris deux sc�narios pour film, L’empire des innocents qui traite de l’exploitation des enfants, notamment par les trafiquants de drogue, et Les �mes tourment�es qui parle des personnes �g�es jet�es dans les hospices de vieux et un autre documentaire sur l’histoire du cin�ma alg�rien intitul� De l’Alg�rie en flammes � la Montagne de Baya. Ces derniers, je les d�poserai � la fin de mon marathon au minist�re de la Culture et � l’ENTV. En parall�le � ce marathon, j’�cris un autre sc�nario dont le th�me, le terroriste international, a �t� choisi par une commission form�e par des hommes de th��tre, d’enseignants et de journalistes.
On remarque que tous vos th�mes sont centr�s autour des maux de soci�t� en Alg�rie...

C’est le r�le d’un artiste de d�noncer les choses et de tirer la sonnette d’alarme quand le besoin se fait sentir. C’est aussi une mani�re de transmettre des messages et de proposer des solutions aux diverses pr�occupations de la soci�t�...
O� en est le cin�ma alg�rien ?

Le cin�ma alg�rien traverse une p�riode tr�s difficile de son histoire, peut-�tre la plus d�sastreuse. Son absence du festival de Cannes contrairement � celui des autres pays africains qui est en perp�tuelle progression illustre bien son agonie. Apr�s la p�riode faste des ann�es 1970, avec sa panoplie de com�diens hors pair, c’est la d�ch�ance. La raison en est le manque de prise en charge, d’encouragements et de formation pour prendre la rel�ve.
Et le cin�ma berb�re ?

Du bon travail a �t� fait ces derniers temps dans ce domaine, mais il reste toujours � promouvoir. Beaucoup de projets son pr�ts, moi personnellement je travaille sur un sc�nario dans ce sens. Il y a �galement cette nouvelle cha�ne de t�l�vision en berb�re mais y aura-t-il une volont� pour capitaliser toutes ces �nergies v�hicul�es par de nombreux jeunes talents ?
Le mot de la fin...
Un grand homme du cin�ma a dit un jour que le cin�ma bouffe �norm�ment d’argent pour en rapporter plus. Je dis ceci pour inciter nos responsables � mettre � la disposition de l’industrie cin�matographique alg�rienne, sous ses multiples facettes, tous les moyens financiers n�cessaires. Il est malheureux de constater que la commission de lecture est dissoute pour manque de fonds, m�me pour payer les membres du jury. Beaucoup de sc�narios sont en souffrance � son niveau dont le mien, L’empire des innocents, que j’ai d�pos� il y a longtemps.
Entretien r�alis� par A. A.

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