R�gions Centre : TIZI-OUZOU
Un terroriste condamn� � 15 ans de r�clusion criminelle


Arr�t� en novembre 2003, dans un barrage militaire en possession d’un PA, appartenant � un policier assassin� � Tafoughalt, commune d’A�t- Yahia-Moussa, et d’une fausse carte d’identit�, D. Yazid, originaire d’Ahfir, da�ra de Dellys, a �t� condamn� � 15 ans de r�clusion criminelle par le tribunal de Tizi-Ouzou. Ce terroriste qui a rejoint le maquis en 1995 a soutenu mordicus devant les juges qu’il n’a jamais pris part ni � une attaque ni � une embuscade ou � un assassinat.

Son r�le consistait � creuser des casemates et � cuisinier. Il aurait rejoint le maquis contraint et forc�, et aurait fait plusieurs tentatives de se rendre sans succ�s. Le jour o� il, a �t� arr�t� pr�s de la localit� d’Assi Youcef au pied du Djurdjura, dans la da�ra de Boghni, il allait se rendre, ditil aux magistrats qui l’interrogeaient, se consid�rant donc comme un repenti devant b�n�ficier de la loi sur la concorde et de la gr�ce amnistiante. Lors de l’instruction, il avait d�nonc� onze membres d’un r�seau de soutien, dont un policier de Boghni, charg�s de pourvoir aux besoins de ses acolytes en esp�ces, en nature et en munitions. Jug�s en m�me temps que lui, les onze coaccus�s ont ni� cat�goriquement les faits qui leur sont reproch�s revenant sur les aveux qui “leur auraient �t� arrach�s sous la torture”, suivant leurs d�clarations devant le tribunal criminel. A l’issue de leur interrogatoire par les magistrats et leurs avocats et au terme du r�quisitoire du procureur g�n�ral repr�sentant le minist�re Public, qui a requis la peine capitale contre le principal accus�, D. Yazid, et 20 ans � l’encontre de chacun des onze coaccus�s, et des plaidoiries de la d�fense, les juges ont rendu leur verdict : 15 ans de r�clusion criminelle contre D. Yazid et l’acquittement des onze coaccus�s poursuivis pour soutien � un groupe terroriste. B. T.

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Bient�t une nouvelle gare inter-nodale

Le secteur des transports � Tizi-Ouzou, tous modes confondus, conna�tra sa mue dans les tout prochains mois. Un relooking et pas des moindres. En effet, en plus de la livraison, dans un d�lai ne d�passant pas les 18 mois, de la voie ferr�e reliant la ville de Tizi � la zone industrielle de Oued A�ssi, d’une distance de 14 km, il est d�sormais question de construire une gare inter-nodale, � hauteur de Kef Na�dja, sortie sud-est du chef-lieu. Et ce, en attendant la cr�ation d’une autorit� de r�gulation et de restructuration du plan de transport dans la ville de Tizi Ouzou. C’est l� l’un des gros acquis arrach�s, lors de la visite que vient d’effectuer, dans la wilaya, ce jeudi, le ministre des Transports, M. Mohamed Maghaloui. Le projet de la ligne ferroviaire, dont les travaux sont confi�s � un groupement d’entreprises alg�ro-turc, ETRHB-OZGUN, depuis septembre 2004, sera livr� au plus tard au premier trimestre 2007. Il comprend 3 tunnels d’une longueur totale de 1600 m, 11 ouvrages d’art, 5 gares de traitement de voyageurs et de marchandises, dont une inter-nodale par lesquelles transiteront pr�s de dix milles voyageurs par jour et 800 000 tonnes de marchandises dont 600 000 de carburants par an. Ce projet s’inscrit, selon le ministre qui privil�gie l’aspect nodal dans la nouvelle politique de mise en place d’un nouveau plan de circulation, dans un programme de modernisation et de mise � niveau des lignes ferroviaires pour les doter d’un standing r�pondant au mieux aux exigences. En effet, M. Maghlaoui a annonc� que le programme de modernisation du r�seau desservant la banlieue alg�roise concernera �galement la rectification, la� r�novation et l’�lectrification de la voie Th�nia-Tizi-Ouzou ainsi que son prolongement jusqu’� Oued- A�ssi. Le ministre a �galement insist� sur la mise en place d’une nouvelle organisation des transports pour assurer une meilleure fluidit�. Le transport routier, par les sp�cificit�s physiques de la r�gion, occupe une place importante dans la mise en place de la nouvelle restriction pr�conis�e. A ce sujet, l’actuelle gare routi�re, exigu� et satur�e, ne r�pond plus aux exigences des usagers et des soci�t�s de transport. Avec ses 803 m2 pour 20 quais et plus de 2000 mouvements journaliers (entre d�parts et arriv�es), elle est actuellement bien terne et r�duit consid�rablement la qualit� des services offerts. Son extension n’est m�me pas envisageable. Le parking de la gare a �t� c�d� � l’EPLF en 1989. Le terrain r�serv� � l’espace vert a �t� vendu par l’agence fonci�re au profit de deux agences immobili�res, avec un acte de vente �tabli en juillet 2000. Le premier responsables de la gare, M. Roumili, a annonc� que son entreprise, une EPE/Eurl, a port� plainte contre les propri�taires des deux agences immobili�res pour l’arr�t des travaux attenant aux quais, et l’annulation des actes de vente. L’affaire est pendante en justice depuis 2001. D’ici quelques mois, la gare routi�re de Tizi-Ouzou sera abandonn�e au profit des escales intra-urbaines. Le projet de construction d’une grande gare multi-nodale, int�gr�e dans son environnement inter et intraurbain, apportera des r�ponses satisfaisantes, promet le ministre. L’am�nagement du carrefour du 20-Avril et la construction du pont � doubles arches, dont les travaux ont �t� entam�s le mois d’octobre 2004, seront livr�s enfin apr�s un immense retard retard le 5 juillet prochain, annonce le ministre. Quant � l’id�e de r�aliser dans les ann�es � venir un a�roport, “elle ne se justifie m�me pas � Tizi-Ouzou”. J. L. Hassani

LARBA�-NATH-IRATHEN
La population honore Matoub

La population a comm�mor� dans le calme, la dignit� et la douleur le septi�me anniversaire de l’assassinat du “condamn� volontaire”. Matoub Loun�s, sept ans apr�s, demeure toujours dans les cœurs de ses adoracteurs, qui, certes, devenus orphelins de leur barde, mais lui ont pr�t� serment de rester fid�les � ses id�aux. Pour la circonstance, l’association Tafaska si Mohend u Mhend a trac� un programme d’activit�s. Des expositions retra�ant le parcours artistique et militant du Rebelle, le recueillement et le d�p�t de gerbe de fleurs sur sa tombe, conf�rence sur la vie et l’œuvre de l’artiste ainsi qu’un gala ont ponctu� cette manifestation. Rachid Mokhtari, journaliste �crivain, a retrac� le parcours du barde de la chanson kabyle, du guide spirituel de tout un peuple n� dans la r�volte. Comment Matoub a jumel� le texte revendicatif avec la musique cha�bi, autrefois musique urbaine, �litiste, bourgeoise et de la nostalgie ? Cette question aura �t� le th�me nodal de l’intervention du conf�rencier. Pour M. Mokhtari, il y a des �l�ments biographiques qui expliqueraient cette rencontre. Des �l�ments peu connus de la biographie de Loun�s. Il faudra remonter � la p�riode 1971-1977, l’une des p�riodes-cl�s de l’apprentissage musical de Matoub. A cette �poque, le jeune Loun�s habitait la plaine des Issers, o� son p�re travaillait comme chef cuisinier au lyc�e Chaffa� de Bordj Mena�el. Durant cette p�riode, la ville des Issers �tait connue pour ses aspects artistiques, o� un certain Hadj Menaouer fut l’un des ma�tres du cha�bi dans cette localit�. Entre autres, Loun�s avait comme idole Dahmane El- Harrachi, il avait transcrit tout son r�pertoire et a appris � chanter les textes du c�l�bre auteur de Ya rayah. Pourquoi sp�cialement Dahmane El-Harrachi ? Mokhtari explique que dans les textes du chanteur, il y avait une touche revendicatrice, il a apport� un plus par rapport � El-Anka, par exemple. De cet apprentissage, Matoub a appris des choses ardues, il ne faisait que chanter. Il lui fallait alors ma�triser les modes du cha�bi et le mandole, qui �tait d�j� sa vraie compagne. Il a �t� renvoy� du lyc�e � cause de sa prise de conscience pr�matur�e pour la revendication amazighe, dans un milieu qui ne lui �tait pas naturel, dans la plaine des Issers. Il a �t� pris en flagrant d�lit de lecture de l’ouvrage Initiation � la langue berb�re �crit par Jean-Mari Dalle. Sur le plan musical, le jeune Loun�s avait une impr�gnation musicale de son oncle paternel, Moh Sma�l Matoub, d�c�d� en 1996, qui fut l’un des troubadours de la chanson de l’exil. Moh Sma�l �tait plut�t un chansonnier, il ne chantait pas ses textes. Matoub Loun�s s’est beaucoup inspir� des textes et de la musique de son oncle. Il a repris Anfiyi ad rugh, Azru leghriv. La p�riode isseroise marqu�e par un dur apprentissage de la musique cha�bi et l’apport de Moh Sma�l ont pouss� Loun�s, selon l’orateur, � une perfection graduelle qualitative dans la chanson cha�bi qui exprimera la revendication amazighe. Personne aujourd’hui ne peut ignorer l’apport ind�fectible que le chantre de l’amazighit�, le barde de la chanson kabyle, a apport� � l’inspiration de l’action culturelle et le d�clic engendr� dans la cr�ation, et ce, gr�ce � une ma�trise vocale in�gal�e, une recherche lexicale dans la revendication amazighe, mais faite dans un kabyle idiomatique, c’est-�-dire un kabyle de terrain et villageois. Matoub, t�moin de sa patrie, de son peuple, a souvent d�velopp� un discours performatif dans ses chansons, selon M. Idir Ahmed Za�d, universitaire animateur aussi de la conf�rence “Matoub, compagnon de l’universit� de Tizi-Ouzou, a grandi dans la n�gation.” Sa litt�rature et sa po�sie sont bas�es sur un socle pr�existant. Il a mis sa voix dans les voies fondatrices de la chanson kabyle des Azem, El-Hasnaoui, El-Anka, sans pour autant les imiter. Rachid Mokhtari dira que Matoub a cr�� dans ces voies, jusqu’� faire “des s�diments vocaliques”. Dans sa carri�re, on retrouve deux jeux distendus. Le jeu rock, fort dans ses textes revendicatifs et la maladie, la mort, l’impuissance et les textes d’outre tombe dans ses chansons d’amour. Sept ans apr�s son assassinat, Loun�s est au panth�on des immortels. Il est “entr� dans l’�ternit�” comme il l’avait souhait�. Son image et son nom se confondent avec toutes les luttes men�es ces vingt-cinq derni�res ann�es. “Rappelez-vous, si je viens � tomber dans un foss�, mon �me vous appellera”, et surtout ne pas oublier que “l’olivier doit �tre secou� pour que la mauvaise graine tombe”.
J. L. H.

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