Culture : SALLE IBN ZEYDOUN
PROJECTION DE �PAIN NU� DU R�ALISATEUR RACHID BENHADJ
Insoutenable mais v�ridique


Il l�a fait ! Le r�alisateur Rachid Benhadj a pr�sent� pour la premi�re fois dimanche dernier � la salle ibn Zeydoun son nouveau film, le Pain nu. Une adaptation sur grand �cran du c�l�bre roman homonyme et autobiographique de Mohamed Choukri. A sa sortie dans les ann�es 1960, ce roman avait fortement secou� la critique et d�cha�n� la censure. Le r�cit de Choukri �crit d�une mani�re crue et sans enjolivement romanesque raconte les vicissitudes d�un jeune gar�on (l�auteur lui-m�me) pendant la p�riode coloniale.
Une enfance sombre, partag�e entre les bennes � ordures, qu�il rongeait � longueur de journ�e � la recherche de nourriture et son p�re, un ivrogne violent et cruel, qui battait constamment sa femme et ses enfants au point de finir par commettre l�infanticide. Vint ensuite l�adolescence et la d�couverte du plaisir sexuel, l��chappatoire. Entre voyeurisme et bordels, Choukri dit tout ! Cette franchise, �trop choquante� pour certains, a fait de ce roman l�ennemi num�ro un de la censure marocaine, malgr� qu�il soit une formidable le�on de vie, dans sa finalit�, surprenante et utile. Beaucoup de r�alisateurs � travers le monde ont r�v� de l�adapter pour le cin�ma, mais c�est � l�Alg�rien Rachid Benhadj qu�est revenu cet honneur, avec, en prime, une courte apparition � l��cran de l�auteur, juste avant sa mort, c�est-�-dire seulement deux mois apr�s la fin du tournage. Rachid Benhadj a remarquablement film� la mis�re, la cruaut� du p�re et l�acharnement du colonisateur. Il a fid�lement recr�� les d�cors de l��poque et y a fait �voluer le personnage de Choukri sur les �paules de jeunes com�diens tr�s talentueux (Karim Benhadj, Sana Alaoui et Fay�al Zeghadi) ; il a m�me fait parler l�arabe � �la seule actrice qui a accept� de se raser totalement le crane pour le r�le�, l�Italienne Marizia Tedeschi, qui a d�couvert, elle aussi, pour la premi�re fois, le film � la salle Ibn Zeydoun en pr�sence de la ministre de la Culture, Khalida Toumi. Mais le r�alisateur n�a pas actionn� sa cam�ra que pour filmer la vie dramatique et �rotique d�un jeune gar�on � la d�rive et sans espoir. C�est le rebond inattendu de Choukri qui a eu la place d�honneur sur la pellicule de Benhadj : la d�couverte des vertus de la lecture et de l��criture dans une cellule de prison � l��ge avanc� de vingt ans. �Alif, ba�, les deux premi�res syllabes arabes qui sont le point de d�part de l�apprentissage de l�auteur pourraient presque �tre le titre de ce film, tellement l�accent y est mis, au sens propre et figur�. Le Pain nu de Rachid Benhadj est un savoureux supplice qui finit sur une note optimiste dessin�e par le sourire du vrai Mohamed Choukri, la derni�re image � l��cran. Ce film est tellement puissant en �motions bien film�es qu�il pourrait, � la mani�re des grands classiques du d�but du si�cle dernier, �tre admir� sans le son. D�ailleurs, sa bandeson, fabriqu�e par le non moins connu Safi Boutella, g�che quelque peu le plaisir en essayant de transcender les images.
Yacine Hir�che

Nombre de lectures :

Format imprimable  Format imprimable

  Options

Format imprimable  Format imprimable