Le Soir Retraite : LES CRAINTES JUSTIFI�ES DE LA FNTR �VOQU�ES LORS DE SON 4e CONGRES
La Banque mondiale ne d�sesp�re pas d'obtenir la lib�ralisation du syst�me de retraite


Lors du 4e congr�s de la FNTR qui s�est tenu les 29 et 30 juin 2005, les travaux et les d�bats ont �t� marqu�s par des appr�hensions relatives � la lib�ralisation rampante du syst�me de s�curit� sociale et de retraite en Alg�rie. C�est aussi nettement apparu dans le rapport soumis au congr�s que dans la r�solution finale. Qu�en est-il de cette d�marche ultralib�rale de la Banque mondiale ?
Voici ce que d�veloppe comme id�es le directeur de la protection sociale � la Banque mondiale, Robert Holzman. La population de la plan�te vieillit. Les r�gimes de retraite aussi. La baisse des taux de natalit� et l'augmentation de l'esp�rance de vie changent la composition des soci�t�s dans le monde entier, et notamment dans des pays en voie de d�veloppement. Quel que soit le niveau de d�veloppement d'un pays, les r�formes des r�gimes de retraite sont des d�fis majeurs. Qui doit b�n�ficier des r�gimes de retraite? Qui va payer aujourd'hui pour assurer demain ? Faut-il r�duire, augmenter, fragmenter les prestations ? Un syst�me universel de retraite pourrait ne pas �tre la solution optimale. La Banque mondiale entreprend � l'heure actuelle des �tudes qui ont pour objectif de d�finir les groupes de population les plus vuln�rables, et en particulier de v�rifier si les m�nages de personnes �g�es, ou les m�nages dirig�s par une personne �g�e, sont effectivement plus vuln�rables que les autres. Selon Robert Holzman, La Banque mondiale propose un syst�me de retraites diff�renti�es, qui permet donc une adaptation aux diff�rents groupes de la soci�t�. Les principaux groupes de la soci�t� identifi�s par la Banque sont les pauvres � vie, le secteur informel, et le secteur formel.
L'horrible notion de "pauvres � vie"
Toujours selon Holzman, les pauvres � vie ont besoin d'un syst�me de retraite formelle, c�est-�-dire notre premier et second pilier. Ils n'ont pas les ressources qui leur permettent d'�conomiser pour leurs vieux jours. Pour eux, ce qui est important c'est l'existence d'une retraite sociale. Ce type de m�canisme existe en principe dans les Etats indiens et, en fait, fonctionne bien dans plusieurs d'entre eux. Pour le secteur informel, ce qui est important c'est d'avoir acc�s � des instruments d'�pargne qui leur permettent de prendre l'argent gagn� aujourd'hui et de le mettre en place pour pr�parer l'avenir. L'autre option, c'est d'investir dans la propri�t�, ce qui n'est pas n�cessairement le meilleur instrument de gestion de risques. Pour la population du secteur formel, ce qui importe c'est d'avoir un instrument qui, d'un c�t�, la prot�ge contre la pauvret�, et, de l'autre, lui permet de consommer sans trop de probl�mes. Le mod�le propos� par la Banque mondiale est donc bien ajust� aux diff�rences entre les pays, et d�pend de l'existence et de la taille de ces diff�rents groupes, des programmes existants, mais �galement de l'existence d'un environnement favorable, par exemple, d'un march� financier. Ces diff�rents facteurs vont d�terminer le choix � faire par un pays, et nous leur fournissons (les experts de la Banque mondiale) les capacit�s d'analyse et de connaissance pour les aider � faire ce choix. Les niveaux �lev�s de co�ts et commissions des r�gimes de retraite par capitalisation sont certainement une frustration pour ceux qui ont � les supporter, et une des principales raisons pour lesquelles les gens n'aiment pas les r�gimes par capitalisation. La v�ritable question est la suivante : Quels sont les types d'instruments dont nous disposons pour aborder ce type de situation ? Pour Holzman, une des premi�res choses � faire de fa�on � imposer les niveaux de co�ts et de commissions est d'�tablir une comparaison dans ce que j'appellerais le cadre d'un cycle de vie. Si on ne prend que les co�ts et commissions en un seul point du temps, on va comparer des pommes et des oranges. Il est important de comprendre que, si la r�glementation est essentielle, elle non plus, par elle-m�me, n'est pas la solution Une bonne fa�on de r�fl�chir � la mani�re dont on pourrait structurer un r�gime de retraite est de r�fl�chir d'abord � la pression qui s'exerce pour r�former le syst�me actuel. Que faut-il faire avec le r�gime actuel ? Faudrait-il en fait l'introduire comme le nouveau r�gime, ou, au contraire, le r�former ? Quel est le r�gime actuel, r�gime qui a probablement une longue histoire, et quel serait l'environnement favorable pour le mettre en �uvre ? Tr�s peu de pays n'ont aucun syst�me de retraite. D�marrer un nouveau syst�me de retraite revient en fait � faire des hypoth�ses sur ce qu'est l'environnement dans lequel ce syst�me de retraite fonctionnera. S'il fallait choisir un type d'environnement sans aucun r�gime de retraite, il est probable qu'on ne choisirait pas un r�gime de retraite publique, vu que, par d�finition, un tel syst�me existerait d�j�. Il faut donc un environnement o� on puisse se consacrer aux personnes �g�es, o� on puisse se consacrer � un syst�me volontaire, et o� peut-�tre on pourrait choisir un syst�me du type r�gime � capitalisation. Si on lance un r�gime de retraite dans un environnement � faible revenu, dans lequel le pays remplit � peine les conditions n�cessaires � l'existence d'un r�gime par capitalisation, il est probable qu'on ait � choisir entre d'une part un pilier, relativement faible � capitalisation, et, d'autre part, un pilier de r�gime de retraite par capitalisation partielle, qui pourrait rencontrer des probl�mes dans l'avenir. Il est m�me tr�s probable qu'on envisage un r�gime � cotisations d�termin�es, plut�t qu'un r�gime � capitalisation partielle, � cause des probl�mes de mobilit�.
La th�orie du "champion" des r�formes
Entreprendre une r�forme des retraites et la r�ussir sont des d�fis difficiles. En mati�re de l'�conomie politique de la r�forme, nous avons r�alis� des progr�s au cours de la derni�re d�cennie, m�me sans �tre des experts en la mati�re ; en fait personne ne l'est. Ce qui se d�gage de cette exp�rience est qu'il faut comprendre les raisons pour lesquelles un pays pense mettre en place une r�forme de ses r�gimes de pension. La principale raison qui semble �merger est qu'il faut qu'il y ait un calcul que personne ne conteste, et qui montre que le r�gime actuel n'est pas soutenable. Sans cela, il est difficile de convaincre l'ensemble du public. La deuxi�me raison qui �merge est qu'il est capital d'expliquer � la nation et � sa population qu'il existe des alternatives, et que certaines de celles-ci ont r�ussi � r�former le syst�me. Il faut donc leur passer le message qu'une r�forme des retraites est possible. La troisi�me id�e qui �merge est que la conduite d'une r�forme des retraites va demander un champion, c'est-�-dire quelqu'un qui soit capable de faire sienne la cause des retraites, et de la d�fendre jusqu'au bout. S'il n'existe pas un champion de la r�forme, la r�forme des retraites ne se fera pas. Il faut que le champion trouve des groupes d'int�r�ts qui pourront identifier des propositions, lesquelles, � leur tour, pourront recueillir l'appui d'une assembl�e nationale et des syndicats, pour que cette r�forme se fasse. En d'autres termes, pour faire face au vieillissement, il faudra repousser l'�ge de leur retraite, par exemple d'environ cinq ans. Pour pouvoir faire face au d�clin de la population active, il faudra le repousser � nouveau de cinq ans, pour permettre au syst�me de retrouver son �quilibre.

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