Panorama : PARLONS-EN
Tel est pris qui croyait prendre !
Par Malika BOUSSOUF
malikaboussouf@yahoo.fr


Ils n�avaient pas quitt� l�a�roport et n�avaient donc � leur port�e que les magasins en sous douane. Qu�en aurait-il �t� s�ils avaient �t� autoris�s � faire un tour en ville ? J�aurais aim� assister � la sc�ne juste pour voir la t�te et la r�action des policiers arr�t�s non pas pour avoir braqu� une banque mais pour s��tre all�grement servis en parfum, confondant l�espace d�un instant le freeshop allemand avec un magasin sous franchise dans un a�roport alg�rien.
Il est des informations qui passeraient volontiers inaper�ues si elles n��taient � ce point choquantes. C�est l�histoire de deux policiers en mission qui ont profit� de leur d�placement vers un a�roport �tranger pour faire ce qu�il ne fallait pas. On m�aurait dit, avant que je ne d�couvre l�information dans un journal, que des agents de s�curit� partis en vacances auraient profit� de l�occasion pour d�lester un magasin de quelques-uns de ses produits que je ne l�aurais pas cru. Que dire alors de policiers qui se d�placent � l��tranger pour convoyer un prisonnier, des policiers qui sont donc en mission, et qui ne r�sistent pas � l�envie de faire un d�tour par un free-shop pour se servir gratuitement ! C�est carr�ment inimaginable. Cela parait m�me surr�aliste. G�n�ralement, ce genre d�informations ne sont pas livr�es au public tellement elles ne font pas honneur � l�institution qui g�n�re ce genre de comportement. Quelle honte ! Et que l�on ne tente surtout pas de nous faire croire que c��tait bien la premi�re fois qu�un fonctionnaire s�essayait � un exploit aussi pitoyable ! Franchement, il ne nous manquait plus que cela ! Il ne manquerait plus que d�sormais l�on nous suspecte tous d��tre des voleurs potentiels ou que l�on nous regarde � nouveau comme des voyageurs pas tr�s fiables et donc � talonner de pr�s. A l��tranger, les cam�ras de surveillance charg�es de traquer la petite et grande d�linquance ont depuis longtemps fait la preuve de leur efficacit� y compris et surtout dans les a�roports, terrorisme oblige. Notre DGSN gagnerait � acc�l�rer la cadence sur ce point pr�cis s�il ne veut pas subir sur son territoire la m�me humiliation que viennent d�infliger � son institution deux de ses hommes � Frankfurt. Mais au fait, � combien peut bien s��lever le salaire d�un policier ? Pas d�un simple agent mais d�un inspecteur de police, parce que l�on suppose � juste titre que ceux que l�on envoie � l��tranger pour s�occuper d�expuls�s ne sont pas de simples gratte-papier. Quelles sont par ailleurs les raisons qui poussent un repr�sentant de l�Etat � perdre son sens des valeurs, � oublier son sens du devoir et � troquer l�honneur du pays qu�il repr�sente contre 5 flacons de parfum ? A quoi pourrait-on en outre imputer un comportement aussi lamentable ? Les questions affluent et restent sans r�ponse. Sur quels crit�res par exemple choisit-on les policiers que l�on envoie � l��tranger pour le convoi de quelqu�un que l�on expulse vers son pays d�origine ? Ainsi, la cupidit�, m�re de tous les vices, s�empare de fonctionnaires d�ment mandat�s pour accomplir une mission. Ils oublient d�s qu�ils ont franchi les fronti�res alg�riennes qu�ils sont � l��tranger et se donnent aussi honteusement en spectacle. Imaginons un banal touriste alg�rien se faisant expulser pour avoir �t� pris la main dans le sac et des agents repr�sentant une institution, respectable au demeurant, qui ne r�sistent pas une fois sur place � l�envie de faire pareil ? Les policiers concern�s, s�ils n�avaient pas �t� coinc�s, auraient accompli leur mission les poches bourr�es de parfum, fiers de n��tre pas rentr�s les mains vides et d�avoir donc fait d�une pierre deux coups. Tout serait pass� comme une lettre � la poste puisque personne ne s�en serait aper�u. Comment faire la part des choses entre un policier sain et un ripou ? Qu�est ce qui pousse un policier � voler et de surcro�t dans une ville �trang�re ? Cela n�aurait m�me pas pu se comprendre pour un citoyen lambda � une �poque o� rien n�entrait en Alg�rie, o� tout �tait rationn� et o� on pouvait donc se laisser tenter par la profusion de produits. Aujourd�hui, rien, absolument rien ne justifie que l�on se serve avec autant d�aplomb. Parce qu�il faut une sacr�e dose de culot pour se conduire aussi effront�ment. Il n�est certes pas question d�assimiler cet acte tout de m�me d�lictueux � de la corruption mais juste de s�arr�ter sur l�attitude en elle-m�me et sur les effets induits en attendant que la cupidit� ne prenne des proportions alarmantes et ne pousse � s�attaquer � plus cons�quent. Car cela commence toujours de la m�me mani�re. On se fait d�abord la main sur par exemple des flacons de parfum avant de passer � plus important. Et il suffit qu�on le fasse une seule fois pour que le pli soit aussit�t pris. Comment d�s lors distinguer le bon policier de la brebis galeuse puisque � aucun moment on ne vous dira que les cam�ras de surveillance charg�es de traquer les d�linquants qui r�gnent sur les rues d�Alger sont aussi l� pour faire la chasse aux ripoux de la maison ? Comment imaginer qu�ils soient � chaque d�lit aussit�t �pingl�s par la police des polices charg�e, elle, de veiller � pr�server la r�putation de l�institution ? La s�ret� nationale devrait s�rieusement r�fl�chir � revoir le niveau de ceux qu�elle recrute mais aussi veiller � ce que le degr� d�int�grit� de ses effectifs ne soit jamais mis en doute. Et puisqu�ils ne sont pas au-dessus de tout soup�on et encore moins de la loi, il est logique que l�on se demande ce qui peut bien faire courir ces policiers qui bombent le torse derri�re leur bureau ou en public tout comme ceux qui prennent les rues en sens interdit sous pr�texte d�urgence. Des policiers, des repr�sentants d�un Etat qui se proclame juste et souverain ! Un Etat tellement pr�occup� � r�primer ses opposants qu�il n�a pas le temps de s�appesantir sur la moralit� de ses repr�sentants � l��tranger. Un policier comme n�importe quel autre agent de l�administration qui se d�place en mission ne doit-il pas se comporter comme un ambassadeur de cet Etat ? Les �bonnes habitudes� s�exportant aussi lamentablement qu�elles se pratiquent intra muros ; nos ��v�n�rables�� policiers se retrouvent interrog�s par leurs homologues allemands pour � comble du d�shonneur � 5 flacons de parfum subtilis�s le temps d�une courte pause en terrain hautement surveill�. C�est ce qui s�appelle jeter l�opprobre sur tout le pays au nom duquel ils se sont d�plac�s. Il fallait le faire ! Et il eut vraiment fallu qu�ils soient anenc�phales pour ne pas r�fl�chir aux cons�quences avant de commettre l�innommable. Le vol en question relevait de la petite d�linquance et dans ce cas pr�cis il s�agit de circonstances aggravantes puisque l�acte inqualifiable a �t� commis par des policiers en charge pr�cis�ment de traquer des d�lits similaires r�prim�s, faut-il le rappeler, par la morale et par la loi. Du coup, qui ne se sentirait pas humili� par un aussi triste comportement ? Ces policiers auraient-ils � ce point perdu et le sens du devoir et le sens de l�honneur ? Qu�ont pu penser de nous au moment de leur arrestation les autorit�s allemandes ? Avant de quitter l�a�roport d�Alger, ne savaient-ils pas, ne leur avait-on pas rappel� qu�ils repr�sentaient aussi le peuple alg�rien et sa fiert� l�gendaire qu�ils n�ont pas h�sit� � bafouer ? Des policiers petits d�linquants, c�est ubuesque, non ? Et �a pr�tend vous faire la morale et vous apprendre � vivre alors que pour quelques flacons de parfum ils ont contribu� � accr�diter la th�se selon laquelle tous les Alg�riens seraient des individus peu recommandables. Les coll�gues allemands qui les ont arr�t�s ont d� se demander ce qui devait en �tre de simples Alg�riens. Quoi d��tonnant qu�apr�s pareil scandale tout alg�rien exhibant son passeport � l��tranger soit ipso facto suspect� du pire ? Cela ne nous suffisait pas de constater qu�ici, au quotidien, ils se comportaient en toute impunit� comme les ma�tres de la rue. Il fallait que leurs exploits d�bordent le territoire. Heureusement que la hi�rarchie s�vit de temps � autre m�me si tout le monde ne le sait pas et que les gens continuent de penser, � tort peut-�tre, que tout est acquis � ces repr�sentants de la loi qui n�ont trop souvent de repr�sentant que l�uniforme, � la d�charge de beaucoup de leurs coll�gues qui pourraient �tre cit�s en exemple pour notre satisfaction � tous. Ali Tounsi, le patron de la police, affirme que son institution travaille � plus de �professionnalisme� et � �une police � l��coute des pr�occupations des citoyens�. Il parle de �formation et de red�ploiement sur l�ensemble du territoire national�. Notre DGSN annonce que 45 000 policiers seront recrut�s d�ici 5 ans � cet effet. Il nous aurait davantage rassur�s s�il avait ajout� que quelques centaines d�entre les anciens seraient, eux, r�voqu�s pour mauvaise conduite.
M. B.

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