Une enfance kabyle pendant la guerre d�Alg�rie de 1955 � 1958 est un r�cit hybride o� l�auteur se raconte et raconte une �poque, un espace temps, celui d�une partie de l�Alg�rie, la Kabylie pendant la guerre d�Alg�rie, livr�e � la guerre et � la mis�re. M. A. Kheffache, natif en 1946 d�un village des hauteurs de Tizi-Ouzou, nous invite � effeuiller les pages jaunies de sa m�moire pour restituer des bribes de souvenirs d�enfance � qui la patine du temps et les stigmates, les blessures toujours vivaces d�une �poque de feu, de larmes et de mis�re conf�rent une �paisseur historique et de t�moignage.
D�s l�incipit, l�auteur nous et (se re) met aux prises avec un univers racont� avec beaucoup d��motion. Le �je� de l�auteur-narrateur nous balade dans un espace temps si proche et familier pour une cat�gorie de lecteurs alg�riens, avec comme guide et fil conducteur le regard et l�innocence de l�enfance livr�e �� la souffrance inflig�e par la guerre�. Le r�cit, qui est un m�lange de souvenirs personnels de t�moignages d��poque et qui prend souvent les contours de style narratif du journal intime et de la chronique familiale, commence avec le premier jour de rentr�e scolaire �(...) fin septembre 1953 avec les yeux ferm�s par la maladie fr�quente chez les enfants de l��poque. J�ai fait une trentaine de minutes de trajet � dos d��ne avant de voir la lumi�re du jour. C��tait une trag�die � l��chelle de l�innocence d�un enfant de sept ans�. Compos� de vingt-cinq s�quences r�parties sur pr�s de deux cents pages, le livre de M. A. Kheffache est une auto-fiction qui d�roule la chronique mi-amus�, mi-tragique d�un enfant qui d�couvre, alors, qu�aller � l��cole rel�ve de la t�m�rit�, une �preuve qui n�a d��gale que celle qu�affrontent les h�ros des contes du coin du feu qui peuple son imaginaire d�enfant. Ce qui, peut-�tre, lui permet de sublimer, voire de se venger de la brutalit� maladive de M. Kessad, un instituteur irascible, col�reux et taciturne que le petit Kheffache compare avec un plaisir malicieux � un des nombreux abominables personnages des contes que lui racontent, le soir venu, sa m�re ou sa tante pour le soulager des angoisses de l��cole. Un lieu o� il couvre un jour o� il voulait se m�ler au jeu et � l�espace du fils du directeur de l��cole, un Fran�ais, les clivages dessin�s par cette �fronti�re tacite entre le monde de ceux qui ont et de ceux qui n�en ont pas�. Il y a, bien s�r, la guerre qui �a soudain fait son apparition avec fureur. Elle s�est abattue comme la foudre sur notre paisible village � l�aube d�un jour du mois de f�vrier de 1956�. Et puis il y a les premi�res victimes, les ratissages, la brutalit� des soldats... tout le folklore lugubre et morbide qui entoure toute guerre. Et celle v�cue et racont�e par le narrateur �est arriv�e plus vite que je ne l�attendais pour d�truire ma paisible enfance et celle de milliers, voire de millions d�autres enfants montagnards...� Voil� r�sum� et condens�, � travers cette phrase la substance du message de l�auteur sur la cruaut� et l�insoutenable trag�die qu�entra�nent les guerres. �Les faits racont�s, nous dira-t-il, il auraient pu se produire sur n�importe point du monde.� L�auteur qui est directeur du Centre linguistique de Dublin, Irlande et o� il enseigne le fran�ais, insiste sur la dimension universelle et humaniste de son t�moignage qu�il veut surtout transmettre �aux enfants alg�riens � qui la vie actuelle offre la chance d�aller � l��cole et permet un confort, m�me relatif. Ils doivent prendre conscience de la chance qui leur est offerte pour r�ussir�, sugg�re M. A. Kheffache, qui annonce la sortie du 2e tome de son autobiographie chez le m�me �diteur parisien, l�Harmattan, en septembre prochain. Des d�marches, nous pr�cise-t-il, sont en cours aupr�s du minist�re de la Culture l��dition en Alg�rie de son roman.
S. A. M.

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