Actualit�s : AL ZARQAOUI, LA RESISTANCE, ALI BENHADJ ET LE JEU AM�RICAIN
Le d�sordre constructif


Les d�veloppements survenus sur la sc�ne nationale apr�s l�odieuse ex�cution des deux diplomates alg�riens laissent penser que cet acte n�est pas isol� de ce qui s�est pass� � Londres et � Charm-el-Cheikh et qu�il fait partie d�un plan qui ob�it � une implacable logique : pr�parer la nouvelle offensive de la droite am�ricaine au Moyen-Orient.
Le plan US � quelque peu contrari� par la r�action des peuples arabes qui n�ont pas suivi leurs r�gimes sur la question irakienne et qui continuent de manifester une vive hostilit� � la normalisation avec Isra�l �doit maintenant passer � la vitesse sup�rieure. On le voit dans les tentatives infructueuses de mener � son terme le processus politique en Irak ; on le voit dans la pr�cipitation � faire face � une r�sistance de plus en plus efficace ; on le voit dans les appels lanc�s aux Isra�liens et aux Palestiniens pour qu�ils calment le jeu avant le �retrait de Gaza�, op�ration douteuse qui ne r�gle en rien le probl�me de fond; on le voit dans la mani�re de traiter le Liban (visite de Rice) comme s�il venait d��tre lib�r� ; on le voit dans les pressions exerc�es sur la Syrie ; on le voit dans l��talage des muscles au Sahara. Dans ce contexte, les explosions de Londres, celles de Charm-el- Cheikh ainsi que l�enl�vement, puis l�ex�cution de nos deux diplomates semblent avoir �t� instrument�s par un m�me et seul chef d�orchestre. L�objectif �tant de d�tourner l�attention sur ce qui se passe en Irak et qui n�est autre que le visage habituel des r�volutions populaires dirig�es contre l�occupation militaire. Dans le pass�, on avait connu de tels brouillages de pistes comme cette fameuse d�couverte de cas de tortures dans la prison d�Abou Ghraib, visant � d�tourner l�attention sur les d�b�cles de l�arm�e US.
Quand �a va mal, les �amis� sont l� !

En cet �t� infernal pour les Marines qui perdent quotidiennement des soldats, il �tait urgent d�agir afin de faire retomber la pression sur une opinion publique am�ricaine qui commen�ait s�rieusement � douter de la victoire militaire. En face, la r�sistance s�organise et frappe les cibles militaires avec une pr�cision et une efficacit� telles que certains y voient la r�p�tition du sc�nario vietnamien. Et c�est toujours au moment o� cela va tr�s mal pour les Am�ricains et leurs amis que cette n�buleuse islamiste se signale par des actes qui portent le sceau de l�infamie et dont l�horreur est exploit�e aussit�t pour discr�diter la v�ritable r�sistance et frapper en plein c�ur l�islam. La question que l�on est en droit de reposer encore une fois reste sans r�ponse pour le moment : pour qui roulent Al Zarqaoui et ses copains ? Se peut-il qu�une branche qui se r�clame de la r�sistance irakienne et qui vise � chasser l�occupant s�en prenne d�une mani�re si maladroite aux int�r�ts des peuples arabes ? Pourquoi ? Dans quel int�r�t ? Si l�on se r�f�re � certains commentaires de la presse et � la r�action de la rue alg�rienne, l�objectif de cet odieux crime semble partiellement atteint : des plumes s�en prennent maintenant, et sans distinction, � toute la r�sistance ; ils font la part belle au r�le am�ricain. Quand tout cela intervient au moment o� les GI�s s�entra�nent aux portes du Sahara et qu�une campagne sans pr�c�dent contre l�islam grossit dans le ventre de l�Europe, il y a de quoi se poser des questions.
�Moudjahidine� : un mot � bannir ?

Les Am�ricains qui ont r�ussi � tromper d�autres peuples, feront-ils avaler la couleuvre aux enfants de Ali la Pointe et Hassiba Ben Bouali ? L�amalgame sciemment entretenu � m�me dans certains grands titres de la presse nationale � entre la r�sistance l�gitime � l�occupation et le terrorisme le plus vil r�ussira-t-il � berner ces Alg�riens qui connaissent mieux que quiconque ce qu�est une guerre de lib�ration et le vrai visage du terrorisme. Alors que l�on n�a pas encore retrouv� les corps de nos deux diplomates, on assiste � une v�ritable mise � mort de la r�sistance irakienne et � la d�nonciation de tout ce qui touche de pr�s ou de loin aux moudjahidine irakiens. Il n�y a pas mille mani�res d�appr�hender la question irakienne : o� l�on est avec la lib�ration du peuple irakien et donc avec son �lite combattante pour l�ind�pendance r�elle du pays ou l�on se range du c�t� de l�occupation. Nous pensions que l�Alg�rie ne pouvait �tre que du c�t� de la justice et de la l�galit� internationales, elle qui a pay� le prix fort pour recouvrer sa souverainet� et dont les derni�res quarante ann�es ont �t� un exemple vivant de sacrifices et de luttes au profit des peuples opprim�s. Le tour que prend la diplomatie alg�rienne ne nous pla�t pas. Il y avait comme un double discours : l�un pour l�opinion int�rieure, envelopp� d�engagements pour la souverainet� et l�unit� territoriale de l�Irak ; l�autre � destination de l�Am�rique, plus cool et moins contraignant. Maintenant, il n�y a qu�un seul discours : feu sur le �terrorisme� et les �terroristes �. On ne peut consid�rer comme terroriste celui qui se bat pour lib�rer son pays. Sinon, il faudrait revoir toute notre histoire et commencer � d�baptiser nos rues. Quant � la question de l�islam, il faut l� �galement �viter les amalgames. L�islamisme radical est un ph�nom�ne r�cent qui est venu d�naturer le sens d�une pratique religieuse bas�e sur le respect de la vie humaine et la tol�rance. N� de la vague khomeyniste des ann�es 70 et 80, cet extr�misme n�a rien � voir avec la lutte l�gitime des patriotes irakiens qui continuent d�infliger de lourdes pertes aux troupes ennemies. Quand ils r�ussissent � abattre cinq GI�s, ils soul�vent la joie dans les pays arabes o� les peuples sont � l��coute de cette nouvelle r�volution qu�ils soutiennent de tout leur c�ur et de toute leur foi. Personne de sens� ne parlerait de terrorisme dans ce cas-l� ! Mais comme l�information de l�attentat contre les soldats am�ricains est souvent noy�e au milieu de tristes nouvelles d�explosions causant d��normes pertes au niveau des civils, l�amalgame est vite fait.
 Apr�s la �saoudisation�, la �d�sislamisation�

Ne nous trompons pas d�amis et, surtout pas d�ennemis ! C�est au nom d�Allah Ou Akbar que les moudjahidine alg�riens ont men� leur combat contre l�arm�e coloniale. Mais c��tait un engagement religieux sans arri�re-pens�e politique, une mani�re d�ancrer son combat dans une cause beaucoup plus vaste : il s�agissait de d�fendre la terre et les valeurs. Aujourd�hui, les kamikazes ob�issent � une autre logique et l�acte de tuer devient une fin en soi. Entre cet extr�misme-l� �dont nous avons du reste assez souffert � et les tentatives actuelles de �d�sislamiser� nos soci�t�s au nom de la lutte contre le terrorisme et la d�mocratie, il y a des solutions adapt�es � notre r�alit� maghr�bine et en conformit� avec notre histoire s�culaire. Nous ne sommes pas venus du n�ant pour �tre ballott�s entre les d�lires de quelques illumin�s barbus et les plans strat�giques de Bush. D�ailleurs, cette Am�rique ne sait pas quoi faire. Du temps de Clinton, on nous conseillait de suivre le mod�le saoudien pr�sent� comme l�id�al pour nos soci�t�s religieuses et mal pr�par�es pour la d�mocratie et le progr�s. Avec Bush, finies les tentatives de �saoudisation� de l�Alg�rie, devenue du jour au lendemain apte � r�colter les fruits de la libert� et du modernisme. Nous aurions pu nous arranger avec cette nouvelle Am�rique si elle ne s��tait pas attaqu�e � l�Irak et si elle ne menait pas � notre encontre une politique de domination n�ocoloniale envelopp�e par un plan s�lectif de r�formes. Nous avons la capacit� de r�agir par nous-m�mes en gardant nos pieds sur terre. Si nous sommes ouverts au progr�s et contre toute forme d�extr�misme, nous ne devons pas oublier que l�islam fait partie des valeurs fondatrices de notre �tre collectif et toute attaque frontale contre cet �l�ment constitutif est vou�e � l��chec ; voire elle peut provoquer de nouvelles vagues d�extr�mismes qu�il serait difficile de juguler. Et puis, cette Am�rique qui se d�couvre une �me g�n�reuse pour nous prot�ger du terrorisme au Sahara et qui vient fouler notre sol pour des op�rations militaires aux objectifs douteux, ne r�pondait-elle pas curieusement �absente� au moment o� nous menions seuls la sale guerre contre ce fl�au d�vastateur. C��tait l��poque o� Washington souhaitait m�me la victoire des islamistes !
Benhadj en prison : �vitons d�en faire un nouveau martyr
Il y a un choix douloureux � faire et remettre Ali Benhadj en prison ne nous semble pas �tre une mesure appropri�e � l��tape actuelle. Cela fait des mois que cet imam pyromane, interdit de parole en public, essaye sans r�sultat de recomposer ses troupes. L�Alg�rie de 2005 n�est plus celle de 1990. Une v�ritable r�volution s�est produite ici et ce sont les id�es de d�mocratie, de libert� et de progr�s qui ont gagn�, port�es par le combat h�ro�que des forces vives de la Nation. On ne refait pas l�histoire. Remettre Ali Benhadj en prison, c�est lui donner ce qui lui manquait jusqu�� pr�sent : un r�le nouveau de martyr. En conclusion, nous rappellerons �galement qu�une rencontre entre pays maghr�bins et ceux du Golfe avec Isra�l est pr�vue apr�s le retrait de Gaza. Faisons attention � ce genre d�invitations ! Alger, qui a refus� d��tre la capitale de la normalisation avec Isra�l lors du dernier sommet arabe, ne peut pas marcher dans ces combines. Une �troite concertation avec les autres pays arabes s�av�re une n�cessit� urgente pour contrer ces plans diaboliques. Du reste, il suffit simplement de ne pas sortir des axes traditionnels de la diplomatie alg�rienne. Et s�il est n�cessaire de savoir s�adapter aux nouvelles r�alit�s, il faut faire attention � tout ce qui peut nous mener aux reniements et aux trahisons. Et si demain, on nous obligera � tirer sur tous les moudjahidine irakiens, commen�ons d�abord par renier notre propre histoire. Ce sera plus logique. Comment appeler alors nos anciens combattants ?
M. .F.

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