Actualit�s : Oui mais...
Par Ma�mar Farah


Dans la chaleur torride de la mi-ao�t, l�annonce des d�tails de la charte portant r�conciliation nationale a eu pour effet de nous refroidir, comme si son contenu tol�rable faisait subitement retomber la fi�vre. Ceci �tant, j�imagine la d�ception de ceux qui, en face, attendaient de prendre leur revanche pour faire red�marrer la machine int�griste ! Nous sommes refroidis mais en m�me temps satisfaits d�avoir �vit� le pire; c�est-�-dire ce que nous redoutions le plus : une vraie amnistie g�n�rale et la r�habilitation du mouvement politique qui a �t� � l�origine de la crise.
Sur ce plan-l�, les choses ont �t� correctes, je dirai m�me qu�elles ont d�pass� nos esp�rances. Voil� moins de deux semaines, nous nous inqui�tions, dans ce journal, de ce qu�allaient nous r�server l�amnistie g�n�rale et la r�conciliation nationale que nous avions comprises comme un reniement du combat h�ro�que de notre peuple face aux forces de la r�gression et, aussi, comme une tentative de donner un second souffle � un int�grisme islamiste qui est au creux de la vague, et pas seulement chez nous ! Il n�en a �t� rien et je crois dire � cela a �t� relev� par d�autres confr�res � que le discours du pr�sident de la R�publique a �t� le plus ��radicateur� depuis 1999 ! Nous pouvons donc dire que nos appr�hensions �taient injustifi�es. A moins que les �v�nements de ces derni�res semaines (attentats de Londres et ex�cution de nos deux diplomates en Irak) aient jou� un r�le d�a�rofreins qui ont limit� la port�e d�une amnistie g�n�rale d�nonc�e par tous les patriotes r�publicains ainsi que par des organisations internationales de droits de l�homme. De ce fait, la r�conciliation et son train de mesures, contenues dans le document pr�sidentiel, apparaissent comme un prolongement de la concorde civile et ne vont pas plus loin sur le plan philosophique. Elles pr�cisent des modalit�s, tracent des orientations sur les plans judiciaire et social, mais sans toucher � ce qui est fondamental. A partir de l�, il n�y a aucune inqui�tude � avoir quant � leur application, m�me si nous savons, par exp�rience, que les terroristes qui se rendront seront tous des cuisiniers ou de simples auxiliaires ! Voil� donc pourquoi nous avons �t� refroidis, c�est-�-dire pris de court par un discours qui aurait pu �tre le n�tre et des mesures qui ne vont pas � l�encontre de la philosophie que nous d�fendons ici m�me avec acharnement. Et, comme notre r�le est d��tre � l��coute de l�information et de l�analyser objectivement � et non d��tre un opposant politique �, nous trouvons que le pr�sident a �t� courageux de barrer la route � certains r�ves des partisans de la r�conciliation nationale, vieille version ; c�est-�-dire un retour du Fis et la r�habilitation de l�int�grisme islamiste. Reste quand m�me cette phrase que le pr�sident de la R�publique a r�p�t�e deux fois et qui cache un myst�re. En affirmant que cette r�conciliation �tait la seule possible dans les conditions actuelles, voulait-il dire qu�il n�avait pas les coud�es franches pour aller plus loin ? D�autant plus qu�il a �galement dit et redit que la �solution finale� interviendrait plus tard ! L�homme est connu pour son pragmatisme et ses petits pas : attendra-t-il un troisi�me mandat pour r�aliser cette �solution finale� qui finira, peut-�tre, par nous livrer le fond de sa pens�e ? Quels que soient les d�veloppements futurs, il faut consid�rer le recul � on ne peut pas l�appeler autrement� par rapport aux choix pr�c�dents, comme une victoire des forces r�publicaines et d�mocratiques. C�est aussi la victoire de cette R�publique alg�rienne populaire et d�mocratique qui n�a pas finalement trahi ses martyrs, tous ses martyrs. Une fois termin� ce qui nous appara�t comme une simple formalit�, le pouvoir actuel doit s�attacher � r�soudre les graves probl�mes socio�conomiques qui s�accumulent et font peser de graves menaces sur l�avenir du pays. L� aussi, nous attendons des reculs par rapport aux choix impopulaires du gouvernement Ouyahia. C�est possible sur la lanc�e de cette r�conciliation que nous voudrions voir appliqu�e �galement aux plans �conomique et social.
M. F.

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