Actualit�s : BOUZEGUENE
Le grand rush des �migr�s


Bouzegu�ne, c�est connu, compte le plus grand nombre d��migr�s avec des taux avoisinant 50 % dans certains villages. Cet �t� ils se sont donn�s le mot pour venir nombreux se ressourcer au pays. On le constate dans les villages qui ont pris de nouvelles couleurs et au niveau du cheflieu dont les rues et les innombrables magasins sont litt�ralement pris d�assaut chaque matin.
Bouzegu�ne-centre a son quartier femmes en amont de la ville avec ses rutilants magasins de v�tements, bijouteries et salons de coiffure qui ne d�semplissent jamais. Un afflux caract�ris� par un certain bouleversement dans les m�urs et habitudes locales. Fait nouveau cette ann�e, la plupart des �migr�s se sont d�plac�s avec toute la famille et m�me avec des amis �trangers des deux sexes. L�argument s�curitaire plaide beaucoup pour cette option m�me si Bouzegu�ne est tranquille de ce c�t�-l�. Certains jeunes inaugurent une nouvelle tendance consistant � ramener leur petite amie en vacances. �a ne choque plus les m�urs.
�Bougainville� ou �Bouzegu�neville � ?

Les Bouzegu�nois sont si nombreux en France qu�ils y ont reproduit les sch�mas institutionnels villageois qui veillent � la conservation des traditions culturelles. Certains villages y ont une repr�sentation parall�le qui se r�unit, cotise et r�fl�chit � l�avenir commun, au m�me titre qu�au pays avec qui le lien n�est jamais coup�. Des associations de la r�gion organisent des rencontres annuelles de toute la communaut� sur fond festif o� l�occasion est donn�e aux jeunes de se conna�tre dans la perspective, pourquoi pas, d�unions maritales pour perp�tuer les racines. La participation active � l�effort de d�veloppement (AEP, routes, infrastructures sportives, etc.) � travers des r�seaux de solidarit�, a syst�matiquement chang� le visage de nombreux villages qui n�attendent pas les PCD de l�Etat pour agir. Deux f�d�rations des comit� de villages de la da�ra de Bouzegu�ne, n�es il y a pr�s d�un si�cle ont, entre autres innovations, pr�c�d� de plusieurs d�cennies la r�cente d�cision de l�Etat de prendre en charge les frais de rapatriement des d�pouilles mortelles. A Marseille, le quartier populaire �Bougainville� a tout naturellement subi une mutation toponymique pour s�appeler �Bouzegu�ne-ville� tant les Bouzegu�nois s�y croient chez eux.
�Bouzegu�ne ouela El-Maricane�

La r�putation de Bouzegu�ne en mati�re de libert� et d�ouverture sur l�autre ne date pas d�aujourd�hui. N�en revenant pas de cet �tat d�esprit, les jeunes Alg�rois qui ont eu l�occasion de visiter la r�gion en sont arriv�s � la poser comme alternative � l�Am�rique, ce qui a valu au slogan �Bouzegu�ne ouela El Maricane� (Bouzegu�ne ou � d�faut l�Am�rique) de voir le jour � un moment o� les jeunes de certaines r�gions du pays faisaient les frais de l�int�grisme et de l�intol�rance. Sur ce plan, nos jeunes beurs et beurettes font parfois figure d�amateurs. La diff�rence n�est ni dans le comportement, ni dans la fa�on de se v�tir. Les jeunes gar�ons et filles de la localit� ont fait tomber les tabous les uns derri�re les autres, non sans susciter quelque angoisse. Ils s�attablent tout naturellement sur les terrasses de caf� et dans les pizzerias, vont ensemble � la plage, et ne nourrissent aucun complexe vis-�-vis de leurs jeunes compatriotes, avec en prime la coquetterie pour les filles du bled qui savent se montrer autrement plus coquines que leurs cons�urs consid�rant la coiffure et les outrances vestimentaires qu�on ne trouve pas dans les grandes villes. Idem pour les gar�ons. Branch�s depuis longtemps sur les t�l�visions satellitaires comme Rachid, Touabi et Samir, ils ne s�en laissent plus conter. C�est juste � l�accent qu�on discerne la diff�rence. Ils revendiquent leur �bouzegu�nit� comme une identit�. Les �migr�s des deuxi�me et troisi�me g�n�rations ont d�autres pr�occupations. Vivant au diapason des Europ�ens, ils ne s�extasient pas comme leurs a�n�s devant les quartiers de viande rouge expos�s dans les nombreuses boucheries de la ville. Convoit�s par les commer�ants et autres �tablissements, ils viennent en vacances en y mettant le prix et les parents s�effacent volontiers devant �leurs caprices�.
Les f�tes la nuit, la plage le jour

Quand ils ne sont pas � la plage dans la journ�e, les jeunes envahissent les cybers se battant avec la connexion. Beaucoup prennent soin avant leur retour de faire le plein de logiciels et de CD vierges �non sans avoir pris soin de se renseigner sur les prix et fait la conversion en dinars�, s��tonne Sma�l, g�rant du cyber Challal qui indique que beaucoup demandent apr�s les nouveaux films. Il ne sait pas que parmi eux beaucoup sont des �tudiants partis avec le visa d��tudes. Les �migr�s qui sont venus pour la plupart avec leurs v�hicules, de superbes bolides qui en mettent plein les yeux aux locaux, font de la mer leur destination privil�gi�e. Se dorer au soleil des plages d�Azeffoun � 60 km de l�, est la raison principale de leur venue. Disposant de belles villas au pays, ils font l��conomie de co�teux s�jours � l�h�tel. En revanche, ils se d�lectent des plats de poisson dans les nombreux restaurants de la c�te, les pieds dans l�eau. Les f�tes de mariage et de circoncision avec leurs lots de longues nuits de chants et danses qui durent jusqu�� l�aube, autour de sc�nes dress�es au centre du village, constituent l��v�nement le plus pris� pour les �migr�s qui font monter les ench�res quand c�est leur f�te. Certains chanteurs connus sont r�mun�r�s � des cachets astronomiques, le pic ayant �t� atteint cette saison avec vingt cinq millions de centimes !
Des cort�ges de 100 voitures et plus
Fait nouveau cette ann�e, les cort�ges de voitures qui accompagnent la mari�e et qui d�passent tr�s souvent la centaine de v�hicules dont de nombreux sont constitu�s de pr�s de 10 % de femmes �migr�es au volant, donnant un cachet particulier � la f�te. Et quand il arrive que deux ou trois cort�ges se croisent, c�est carr�ment le d�lire. La f�te procure une ambiance qui lib�re la communaut� de certaines r�gles restrictives et bien des liens sont tiss�s � cette occasion. Ils se terminent souvent par des fian�ailles au grand bonheur des parents de beurs et beurettes qui nourrissent l�espoir de voir leurs prog�nitures prendre campagne au village ou dans la r�gion. On ne songe m�me pas aux suspicions de mariages d�int�r�t, se disant que l�union n�e dans ces conditions o� toute la communaut� est prise � t�moin transcende ce genre d�hypoth�ses. La nostalgie des f�tes poursuit � leur retour nos �migr�s sevr�s de ces moments de communion villageoise. Berb�re-TV comble ce vide en organisant de temps en temps des galas t�l�vis�s durant lesquels nos compatriotes se retrouvent pour chanter et danser sur fond de doux souvenirs.
Rentrer avec plein de souvenirs

La bonne sant� de l�euro par rapport � la monnaie locale donne des id�es aux �migr�s qui ne tiennent pas � rentrer les mains vides en France. Venus avec des fringues et autres bibelots que certains revendent pour couvrir les frais de leur s�jour, ils repartent avec les malles pleines. Les v�tements et chaussures de marque pour les gar�ons. L��lectrom�nager et la poterie pour les m�nag�res, les robes traditionnelles et les bijoux d�argent pour les jeunes filles accompagnent leur voyage avec l�incontournable bidon d�huile et le pot de miel, saveur du pays qui les fera revenir l�ann�e prochaine.
S. Hammoum

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