Panorama : PARLONS-EN
Gouvernance : �a bricole encore et toujours
Par Malika BOUSSOUF
malikaboussouf@yahoo.fr


S� S�il est tout � fait envisageable que l�on puisse se tromper dans le choix des hommes, on peut tout aussi bien remettre de l�ordre dans ces m�mes choix sans craindre de passer pour un amateur. Il suffirait pour cela de garder en vue que rien ne peut �tre r�alis� sans plan d�action � inscrire dans la dur�e. Encore, faudrait-il s�entendre sur la m�me acception des termes et des objectifs pour pouvoir avancer et tirer ensemble la couverture du m�me c�t�.
On bricole encore et toujours au plus haut sommet de l�Etat. Et si le climat politique est d�l�t�re, ce n�est pas sans raison. Les �meutes de l�eau, de l��lectricit�, de la faim ou du logement, des chercheurs qui protestent contre la d�saffection de leur environnement professionnel, cela concourt beaucoup � ternir l�image d�un pays qui voudrait s��lever au rang de chef de file de la stabilit� et de la s�r�nit� dans une r�gion o� il est le seul � appliquer un �tat d�urgence qui ne se justifie plus. La logique � laquelle r�pondait, il y quelques jours, le mouvement des walis manquant totalement de transparence, le remaniement n�a pas donn�, bien au contraire, l�impression que les choses bougeaient vraiment dans le pays. Quand des hauts fonctionnaires sont mut�s d�une wilaya � une autre sans avoir eu d�explications sur les raisons qui ont pr�values � leur d�placement, cela renforce indubitablement l�id�e d�un Etat peu fiable qui ne sait pas o� il va. Faut-il rappeler que la performance d�une administration n�est pas d�amonceler les requ�tes et les dossiers comme on accumule les reproches mais de les traiter ? Les walis qui ont permut� avec leurs coll�gues ou que l�on a dit destin�s � d�autres fonctions n�ont pas eu le temps, pour la plupart d�entre eux, de faire leurs preuves � leur poste d�j� ant�rieur. Un Etat incapable par ailleurs de prendre de la dimension, et aux yeux duquel 798 �lus de petite et grande Kabylie ne p�sent rien face � des repr�sentants de archs dont on ignore tout de l�ancrage r�el, est-il un Etat que l�on peut soutenir aveugl�ment ? Il est compr�hensible que l�on ait focalis� l�attention de l�opinion sur la Kabylie si le but vis� �tait de travailler ais�ment � satisfaire des alli�s temporaires. On passe sa vie � jouer au chat et � la souris avec les Alg�riens. Peu importe si l�incoh�rence se r�v�le aussi impressionnante. Peu importe si on ne peut presque plus compter les observateurs qui butent sur le comportement original d�un pr�sident dont ils pensent de plus en plus s�rieusement que ses administr�s ne l�int�ressent que tr�s ponctuellement, lors de campagnes �lectorales, par exemple. Un chef d�Etat qui, les obligations d�usage enfin termin�es, s�en retourne � ses amours premi�res : regarder les autres exercer l�art de g�rer leur pays sans en tirer de le�on pour autant. L�Alg�rie reste un pays o�, � l�exception d�une alliance pr�sidentielle conjoncturelle, � laquelle tout sourit, les partis d�mocrates occupent la sc�ne comme ils le peuvent, c�est-�-dire presque pas. Un pays o� un unanimisme f�roce combat la diversit�, la bonne gouvernance ne peut �tre qu�antinomique avec la concentration de l�autorit�. On n�y con�oit pas sainement l�alternance au pouvoir puisque ce sont toujours les m�mes que l�on retrouve aux commandes. Comme un voyageur dont les bagages regorgeraient de souvenirs destin�s � son entourage, le chef de l�Etat aime, lui, se faire le porte-voix, le propagateur de concepts que chacun ici interpr�tera � sa fa�on, appr�hendera de la mani�re qui lui conviendra le mieux. Du coup, jeter les bases d�un d�veloppement durable sans avoir au pr�alable �tudi� l�environnement humain et �conomique qui le permettrait, sans avoir class� les missions des institutions par ordre de priorit�, en fonction des besoins sociaux, notamment, sans avoir lib�r� le champ politique et la parole, sans avoir renonc� � la concentration des pouvoirs, est vou� � l��chec. Nous sommes consid�r�s comme un peuple immature dont on se plaint de devoir tout lui m�cher mais � qui, paradoxalement, on croit pouvoir tout faire avaler. C�est ce qui nous donne droit � tous ces reproches de la part de notre magistrat supr�me qui a, lui, la chance de c�toyer ceux qui appliquent la bonne gouvernance, qui se targue de vouloir en faire de m�me mais qui se garde bien de s�aventurer au-del� de ses propositions. Le fait-il expr�s ou non ? Les adeptes de sa d�marche affirment que les hommes nomm�s par lui pour appliquer son programme ne seraient pas ceux qu�il souhaiterait. On veut bien le croire au vu du nombre de personnes qui pensent que Bouteflika n�a pas vraiment les coud�es franches sauf que cela ne para�t pas l�embarrasser vraiment, pour peu que l�image soit pr�serv�e et que l�honneur reste sauf. Il y a quelques mois, un peuple voisin s�est exprim� contre la volont� de la classe au pouvoir de lui faire approuver la Constitution europ�enne. Les dirigeants en place se sont inclin�s devant le choix souverain du peuple avec lequel ils ne badinent jamais. Mais cela rel�ve de toute une culture que d�accepter que soient contr�es les pr�visions de hauts responsables, et nous en sommes loin. Ces derniers acceptent de se voir d�savouer, de se remettre en cause et de revoir leur copie gr�ce � une tradition d�mocratique dont la substance effraie en revanche les n�tres. Certains d�entre eux auraient m�me pens� que les gouvernants de ce pays y tenaient � un tel point, qu�ils allaient plus que probablement bidouiller les r�sultats. Ils ont juste oubli� que nous n��tions pas en Alg�rie o�, entre la d�nonciation d�une fraude, � un temps donn�, et sa caution � un autre temps et par la m�me personne, le miracle n�a op�r� que parce que la nomination a eu lieu. Avant de c�der � la compromission, on s�assure bien de ce que l�on va engranger comme profits par rapport � une situation ant�rieure. En r�sum�, si le pseudo militant d�non�ait hier, c��tait parce qu�il n��tait pas encore associ� au partage du g�teau. C�est exactement ce dont les anti-dialoguistes accusent aujourd�hui les Abrika et consorts. On nous laisse penser qu�il est de la plus grande importance que la Kabylie se dote de nouveaux �lus alors que des postes minist�riels restent sans titulaires, que le fauteuil d�un wali, aux prises avec la justice, lui serait gard� bien au chaud et que les espaces de libert� demeurent totalement verrouill�s. C�est s�rement, comme on ose l�avancer ici et l�, de la bonne gouvernance mais de la bonne gouvernance � l�alg�rienne qui fait fi de la promotion physique, juridique, s�curitaire, alimentaire, sanitaire, �conomique et �ducative. Du coup, personne n�est en mesure d�expliquer le projet de soci�t� de Bouteflika, � l�exception d�acteurs passagers qui font semblant d�avoir tout saisi et qui travaillent � se neutraliser mutuellement en attendant de passer � un autre exercice. Cela faisait tout dr�le, dimanche dernier, d��couter le chef de l�Etat discourir sur la r�conciliation nationale devant un parterre impressionnant de hauts cadres de la nation, convoqu�s en masse pour garnir l�espace, et de penser � juste titre que l�orateur n�a pas pu trouver en leur sein quelques perles rares pour combler la vacance de certains postes.
M. B.

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