R�gions Centre : BOUMERDES/GROSSE COL�RE DES VILLAGEOIS DE BOUAIDEL (AMMAL)
Le pneu br�l� comme ultime recours


Les centaines de villageois de Boua�del, situ� au sud-est de la commune de Ammal, dans la wilaya de Boumerd�s, ont d�vers�, ce dimanche, leur col�re sur la RN5, pr�cis�ment � la bifurcation qui m�ne vers leur localit�. Les insurg�s ont obstru� cet axe routier strat�gique � l�aide de glissi�res, de grosses pierres, de troncs d�arbre et bien entendu de l�arme devenue redoutable entre les mains des �meutiers alg�riens qui occupent la rue pour crier leur ras-lebol, l�ind�tr�nable pneu br�l�.
A 9 h, il �tait impossible pour les automobilistes de regagner les fameuses gorges de Lakhdaria ou d�en sortir. Vers 11 h 30, en d�pit de l�ouverture de la route par les manifestants, le bouchon a atteint la ville voisine d�A�t- Amrane, � 6 km � l�ouest de Ammal. Il nous a fallu rouler plusieurs kilom�tres � contresens pour arriver devant le si�ge de l�APC d�o� sortaient, justement, un groupe de contestataires. Tout de suite, la foule nous entoure. Motif de cette col�re, en premier lieu, l��tat de la route : �Elle est dans un �tat impraticable�, crie quelqu�un. �Elle arrive juste o� se termine la vie d�cente�, ironise un jeune. Un homme d�un certain �ge prend difficilement la parole pour nous brosser le tableau peu reluisant des villages. Nous lui demandons de d�cliner son identit� et il nous cite les villages des �meutiers : Tala-Ali, A�t-L�Hadj, Boua�del... La foule approuve. Ces villageois exigent la r�paration de la route, l�installation de l��clairage public, la construction d�une salle socioculturelle pour les jeunes, la construction d�un CEM, la r�paration des classes du primaire pour les rendre, selon eux, conformes � leur vocation �ducative, l�installation d�un r�seau d�assainissement et la disponibilit� de l�eau potable. �Pour une population de 4 000 personnes, il n�y a pas de m�decin et la salle de soins ouvre uniquement deux heures par jour.� A noter que la population globale de cette commune rurale et sans revenus avoisine les 10 000 �mes. L�absence des moyens de transport a �t� �galement signal�e par les manifestants. Questionn�s sur le comportement des services de s�curit� � son �gard, la foule unanime affirme que les agents de s�curit� ont eu une conduite exemplaire. Dans son bureau, le maire, M. Khelladi, entour� du chef de la da�ra de Thenia, du capitaine de la Gendarmerie nationale territorialement comp�tent, du premier responsable de la S�ret� de da�ra de Thenia, le commissaire Rachid et Nasser, le P/APC de Souk-El-Had, est quelque peu irrit� par le comportement de ses administr�s qu�il estime �ingrats� au regard, dit-il, des efforts consentis l�ann�e �coul�e pour ex�cuter, selon lui, de nombreux projets socio�conomiques au b�n�fice de sa localit�. Il ne manque pas, par ailleurs, de nous exhiber � ce propos un bilan qu�il avait affich�. C�est le chef de la da�ra qui nous brosse calmement la situation : �L�entreprise qui a la charge des travaux de r�fection de la route a, au courant de cette semaine, enregistr� le d�c�s du contrema�tre. Le d�but des travaux a �t� report� de quelques jours.� Effectivement, l�entrepreneur en question, M. Sennani, a subi la perte, lors d�un accident de travail survenu � A�t-Amrane, de son parent et responsable de chantier. �Pour ce qui est du CEM, l�inscription se fait par le secteur selon la carte scolaire arr�t�e pour la r�gion�, pr�cise le responsable de la da�ra. �Concernant la salle pour les jeunes, la fiche technique a �t� d�pos�e chez le wali pour son inscription et son financement�, ajoute M. Khelladi. Selon les �meutiers, une promesse leur a �t� faite quant � une r�ponse sous quinzaine � leurs dol�ances. En tout �tat de cause, les villageois sont sortis pour r�clamer la part l�gitime au d�veloppement, longtemps emp�ch� par un islamisme arm�, qui continue � �cumer les villages dans une r�gion qui a pay� un lourd tribut tau colonialisme mais qui est rest�e depuis marginalis�e. En effet, les nombreux hameaux et villages �parpill�s dans cette commune ne sont pas sortis de la pr�carit� depuis l�Ind�pendance. En revanche, les manifestants sont lass�s, � l�instar de tous les Alg�riens des discours triomphants. Les bienfaits de paix suppos�e retrouv�e et les diff�rents plans dits de relance �conomique se font toujours attendre. En outre, le fait qu�ils sachent que les banques de leur pays n�arrivent plus � compter les dizaines de milliards de dollars accumul�es de la rente du p�trole, attise leur exasp�ration devant ce qu�ils consid�rent comme une exclusion �conomique. A cela s�ajoute l�omnipotence de l�administration, issue du syst�me hypercentralisateur du parti unique, m�thode de gouvernance qui m�prise les partis politiques, la soci�t� civile et m�me les �lus qu�elle a pourtant fait �lire et qui peuvent s�imposer en parfaits stabilisateurs de la demande sociale des populations. Faute de relais d��coute, il ne reste donc aux Alg�riens de Ammal ou d�ailleurs qui veulent revendiquer leur citoyennet� que le pneu br�l� et la rue pour se faire entendre.
Abachi L.

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