Actualit�s : M. DJILALI HENNI (INDUSTRIEL)
�Un honneur, un devoir et une obligation aussi�


Issu d�une famille de militants de l�ind�pendance nationale, M. Djillali Henni, industriel install� en France depuis plusieurs ann�es, �n�a pas h�sit� un instant� pour soutenir mat�riellement Louiza Ighilahriz dans son devoir de m�moire. Il a �t� d�un concours �appr�ciable� pour permettre � Louiza de se d�placer en France, d�y s�journer dignement et d��tre � l�abri du besoin tout au long du d�roulement du proc�s qu�elle a intent� au g�n�ral Maurice Schmitt.

(Bienfaiteur ?) L�homme pr�f�re parler de militantisme car �il s�agit d�une nouvelle guerre d�Alg�rie qui oppose les extr�mistes de l�arm�e coloniale fran�aise et l�immense majorit� des Fran�ais qui aspirent � de nouveaux rapports avec les Alg�riens bas�s sur l�amiti� et la construction de l�avenir�. Il a bien voulu se livrer au Soir d�Alg�rie : �Mon pays est la France, ma patrie est l�Alg�rie. L�Alg�rie est toujours dans mon c�ur, je suis toujours Alg�rien. Comme toutes les familles alg�riennes, ma famille a particip� � la lib�ration du pays dont Louiza Ighilahriz est l�un des symboles. J�ai voulu la soutenir pour deux raisons. D�abord, Louiza repr�sente tous les non-dits, c�est l�une des rares femmes qui a eu le courage de t�moigner de ce qui lui est arriv�, de casser un tabou dans un pays musulman. Lorsqu�une femme se fait torturer et violer, elle n�ose pas en parler et devient m�me pestif�r�e. Louiza a longtemps souffert en se soumettant au silence. D�s qu�elle a t�moign�, elle s�est lib�r�e, et en m�me temps, elle a lev� le voile sur des faits inconnus par les nouvelles g�n�rations. Le proc�s qu�elle a entam� n�est pas un proc�s contre l�arm�e fran�aise, n�est pas un proc�s contre les Fran�ais. Je pense qu�il s�agit d�un proc�s contre l�oubli, contre des personnes qui ont utilis� des m�thodes abjectes, inadmissibles et r�pr�hensibles � l��chelle de la plan�te. Des m�thodes consid�r�es comme des crimes de guerre d�nonc�s par les soci�t�s. Je suis un profond humaniste et � ce titre, je me sens fier d�aider Louiza dans son combat. Depuis l��ge de 20 ans, Louiza souffre d�une plaie qui ne s�est pas cicatris�e. A mon avis, ce proc�s n�est pas un affrontement entre une femme et une institution, c�est un combat d�une femme qui veut qu�on lui reconnaisse ce qui lui est arriv�, qui d�sire que les auteurs de ces m�thodes inadmissibles reconnaissent leurs agissements. Ensuite, la d�marche de Louiza ne laisse pas indiff�rent, c�est une femme de grandes qualit�s qui me paraissait tr�s g�n�e d��tre sous les feux de l�actualit�. D�une grande dignit�, d�une grande r�serve, j�ai constat� qu�il n��tait pas ais� pour elle de casser un tabou. Je n�ai rien de plus par rapport � un autre Alg�rien, j�ai juste une foi in�branlable en l�avenir de l�homme. Je pense que l�homme doit �voluer pour que la soci�t� �volue. Depuis quelque temps, le th�me des tortures pratiqu�es durant la guerre d�Alg�rie n�est plus un sujet tabou. Pr�s de 50 ans plus tard, ce sujet est abord� sans aucune r�ticence. A mon avis, cela peut permettre � la France et � l�Alg�rie de red�marrer sur un autre pied. Les non-dits ont trop dur�. Si on arrive � faire notre deuil en enterrant virtuellement et dignement nos morts, cela aidera les deux pays, les deux peuples � se faire mutuellement de meilleures opinions. L�immense majorit� du peuple fran�ais et la majeure partie de la population alg�rienne sont profond�ment attach�es aux valeurs respectives qu�elles ont nourries. La preuve est qu�en Alg�rie, malgr� tout ce qui s�est pass�, malgr� les �v�nements, malgr� des hauts et des bas, on parle toujours fran�ais, on a toujours de la famille en France, on accueille toujours des Fran�ais d�origine alg�rienne qui viennent au pays. Finalement, le combat de Louiza est un combat symbolique. Louiza ne r�clame pas d�argent, elle revendique seulement qu�on lui reconnaisse ce qui lui est arriv�. Louiza ne voulait pas de proc�s, elle y a �t� oblig�e pour une question de dignit�. C�est ce que j�ai appr�ci� chez elle. Depuis plus de 40 ans qu�elle est tiraill�e, elle d�sirait simplement remercier un homme qui lui avait sauv� la vie. Cet homme n��tait pas un Alg�rien, c��tait un Fran�ais, c��tait le m�decin-chef Richard, un militaire aussi. Ceci prouve que le combat de Louisa n�est pas un combat contre une institution. Je suis franco-maghr�bin, je ne suis pas un beur, je suis contre l�int�gration, je suis pour l�adaptation. J�estime que ce proc�s est avant tout symbolique. Il permet de traiter la plaie, c�est une opportunit� pour se regarder en face. Que l�on soit, Fran�ais de souche ; que l�on soit combattant fran�ais ; que l�on soit militant FLN et non pas tel que je l�ai entendu au cours du proc�s, fellaga, terroriste ou criminel, cela n�a surpris que de hauts dignitaires ne reconnaissant pas la l�gitimit� d�un combat, ne reconnaissent pas qu�ils �taient face � une arm�e de lib�ration avec ses officiers, ses soldats qu�ils traitent encore de criminels, donc, quel que l�on soit ce n�est plus le temps des confrontations. La guerre est bel et bien termin�e. Tous, nous devons regarder l�avenir. Ce proc�s est avant tout symbolique, c�est une d�marche vers la lumi�re, vers la v�rit� pour nous permettre une fois pour toutes de nous r�concilier. Nous devons voir loin. Nous, peuples m�diterran�ens, devons nous r�concilier pour construire l�Euro- M�diterran�e. Ce n�est pas le proc�s d�une arm�e, d�une politique, mais le proc�s de m�thodes indignes qui j�en suis certain n�ont pas �t� pratiqu�es par tous. La preuve est que d�ex-militaires fran�ais ont eux-m�mes d�nonc� ces exactions. Louisa a entam� ce proc�s malgr� elle puisque cela lui fait raviver de douloureux souvenirs� C�est un honneur, un devoir et m�me une obligation pour moi qui jouit d�une r�ussite morale, qui suis reconnu dans le domaine professionnel, que de soutenir cette grande dame. Je me suis occup� de Louisa sur les plans moral et mat�riel. J�en ai eu la responsabilit� jusqu�� son retour. Je consid�re que c�est une d�marche qui s�inscrit dans cette volont� de rapprochement. Je suis membre de la fondation Paneurope-France et pr�sident de l�association Fraternit� France M�diterran�e qui �uvre pour d�finir une cartographie des comp�tences dans les pays m�diterran�ens. Dans cette perspective, l�Alg�rie a un grand r�le � jouer pour favoriser l��mergence de ses comp�tences. Aussi, ce proc�s n�est pas un proc�s de l�Alg�rie contre la France, le proc�s de Louisa contre une institution, c�est un acte symbolique qui permet � tout un chacun de se retrouver et de se dire que les exactions ont exist�, ont �t� reconnues et qu�il est temps de se r�concilier. Pourquoi ne devrions-nous pas agir comme l�ont fait la France et l�Allemagne et essayer de b�tir des relations �conomiques et sociales bas�es sur la transparence, la loyaut� et la confiance.�
Propos recueillis par M. Benameur

NDLR : M. Djilali Henni se d�place souvent en Alg�rie en vue de concr�tiser des projets li�s � la souverainet� dans le domaine de la t�l�vision et la radio. Avec son groupe TBC, il a introduit les pr�mices de la future t�l�vision num�rique terrestre en mettant � la disposition de l�Alg�rie les moyens mat�riels technologiques depuis plus d�une ann�e. Il souhaite rapidement concr�tiser ses projets que nous esp�rons tous voir mis en �uvre dans l�int�r�t du paysage m�diatique national.

Nombre de lectures :

Format imprimable  Format imprimable

  Options

Format imprimable  Format imprimable