Actualit�s : CE MONDE QUI BOUGE
Irak, destins de femmes
Par Hassane Zerrouky


En Afghanistan, para�t-il, la situation des femmes n�est pas comparable � celle de leurs s�urs irakiennes. �Elles sont dehors et elles sourient�, affirme sans se d�monter une jeune Afghane vivant en France, interview�e par l�hebdomadaire Marianne. Il est vrai que la condition des femmes irakiennes est mise � rude �preuve depuis l�adoption par le Parlement irakien du projet de Constitution qui sera soumis au r�f�rendum du 15 octobre.
Ce texte constitutionnel met fin au statut personnel de 1959 qui faisait des Irakiennes des citoyennes � part enti�re et que Saddam Hussein a tent� de remettre en cause � compter de 1982 pour s�attirer les soutiens des islamistes. Mais � la diff�rence des Afghanes, les Irakiennes sont organis�es en plusieurs associations d�cid�es � faire valoir leurs droits dans un contexte o� elles sont prises pour cibles par les diff�rents groupes arm�s. Yannar Mohamed, pr�sidente de �l�Organisation pour la libert� des femmes en Irak�, est l�une de ces Irakiennes qui se battent contre un texte qui veut, dit-elle �institutionnaliser la d�pendance de la femme par rapport � l�homme pour l�exploiter et l�avilir par le moyen de la religion et du tribalisme�. Ag�e de 43 ans, architecte, ceinture noire de karat�, Yannar Mohamed n�est pas du genre � se laisser impressionner par les menaces du groupe islamiste de �l�Arm�e des compagnons de Mohamed�. Houzan Mahmoud est elle aussi une militante de l�Organisation pour la libert� des femmes en Irak. Pour elle, c�est simple : elle refuse de participer � des �lections qu�elle qualifient de �plaisanterie cruelle� : �Les femmes qui votent, voteront pour un futur asservi� d�clare-t-elle. La �soi-disant r�sistance utilise, dit-elle, le pr�texte de l�occupation pour terroriser les femmes, les d�capiter, les voiler de force� et �ni la police, ni l�arm�e n�agissent. Ce n�est pas leur probl�me�. Et puis cette �tudiante en administration de l�universit� de Bassorah, Thikra Fa��al, 24 ans, qui a cr�� le premier syndicat �tudiant dans cette ville en riposte aux islamistes de l�imam chiite Moqtada Sadr qui avaient tu� un �tudiant. Tenace, cette jeune Irakienne de confession chiite est parvenue, avec ses camarades et l�appui de la majorit� des �tudiants, � imposer son organisation �le Comit� d�organisation �tudiant de Bassorah� � l�universit� de la ville. Pour ces femmes, l�occupation am�ricaine de l�Irak est responsable de cette situation qui a permis un retour en force du religieux dans la sph�re politique. D�ailleurs, selon Amnesty International, plusieurs femmes ont fait l�objet de s�vices dans la prison d�Abou Ghraib. Au m�pris de leur vie, elles n�h�sitent pas � organiser des manifestations publiques pour le droit � la citoyennet� � Baghdad, Bassorah, Erbil et Souleymanieh dans le Kurdistan. Dans cette r�gion, pr�sent�e par la presse occidentale comme un mod�le de d�mocratie, Surma Hamid, membre �galement de �l�Organisation pour la libert� des femmes en Irak�, a �t� contrainte de fuir en Turquie, apr�s s��tre cach�e durant six mois dans une cave suite � la publication de son portrait sur les murs d�Erbil accompagn� de menaces de mort. Ces militantes font montre d�autant plus de courage qu�elles luttent dans un contexte d�extr�me violence o� l�on assiste r�guli�rement � des enl�vements de femmes, certaines donn�es en p�ture � des groupes islamistes, sorte d�avant-go�t du paradis, avant d��tre impitoyablement ex�cut�es � l�arme blanche. A Mossoul, par exemple, des femmes de confession chr�tienne ont �t� tout simplement vendues comme �esclaves sexuelles� aux groupes islamistes. Ces derniers utilisent les m�mes pratiques que le GIA, dont le chef, Abdelkader Layada, risque de b�n�ficier de la loi sur la r�conciliation nationale, apr�s avoir appel� � voter �oui� � partir de sa cellule de la prison de Serkadji.
H. Z.

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