Actualit�s : SAID SADI AU "SOIR"
�Les choses s�rieuses commenceront apr�s le 29 septembre�
De notre bureau du Soir � Paris, Khedidja BABA-AHMED


En marge de la conf�rence de presse qu�il donnait mardi au CAPE, � Paris et dont Le Soir en a rendu compte dans son �dition d�hier, Sa�d Sadi, pr�sident du RCD, a bien voulu r�pondre � quelques questions.
Le Soir d�Alg�rie : Cela fait un moment que l�on ne vous a ni vu ni entendu. Qu�est-ce qui explique ce silence?
Sa�d Sadi :
Il y a un temps � tout. Vous ne m�avez pas vu parce que je suis sur le terrain. Je consid�re que le 8 avril 2004, en cautionnant le candidat Bouteflika et en acceptant la fraude, l�arm�e a op�r� un deuxi�me coup d�Etat, apr�s celui de 1965. Il fallait donc prendre la mesure de la situation. Nous l�avons fait et nous avons d�cid� d�aller sur le terrain, de privil�gier le contact direct avec la population, car l�Alg�rie profonde est en attente de vrais changements. Comment dans cette conjoncture exceptionnellement difficile et dangereuse pour le pays, reconstruire un espace de communication, d��change et de mise en place de r�seaux, c�est ce � quoi nous nous attelons. En attendant de voir la presse alg�rienne se reconstruire, tout comme la classe politique (les effets du 8 avril ayant �t� d�sastreux pour les deux) il faut occuper le terrain et faire acte de p�dagogie citoyenne.
L. S. : Qu�est-ce qui motive le rejet du RCD de la charte qui est soumise � r�f�rendum ?
S. S. :
Avant de vous r�pondre, il est peut-�tre utile de rappeler que l�essence m�me d�un r�f�rendum est un d�bat contradictoire et une question claire pos�e aux �lecteurs, or, ce que l�on constate, c�est une caricature de campagne, aucun partisan du non n�ayant pu s�exprimer dans les m�dias publics. De plus, ceux qui osent affirmer une diff�rence sont frapp�s d�indignit� nationale. Rien ne justifie aujourd�hui l�organisation de ce r�f�rendum hormis la volont� de s��manciper d�un cadre constitutionnel qui consacre d�j� l�omnipotence du pouvoir pr�sidentiel.
L. S. : Qu�est-ce qui vous fait dire cela ?

La simple analyse politique de la situation. Dans le drame qui a ensanglant� le pays, il y avait le r�gime, l�islamisme politique, le terrorisme et le reste de la soci�t�. Or, aujourd�hui, les islamistes politiques sont dans le gouvernement et constituent la base avec laquelle le chef de l�Etat partage l�id�e que la soci�t� musulmane est in�ligible � la d�mocratie. Quant aux groupes terroristes, ils le d�clarent eux-m�mes, le d�bat politique ne les int�resse pas et annoncent qu�ils poursuivront leurs actions. De plus, en diluant les responsabilit�s de la violence, le chef de l�Etat veut faire croire que la paix est menac�e par des tensions et des affrontements entre les familles victimes du terrorisme et celles des disparus et veut assurer l�arbitrage. Or, ceux qui sont sur place savent que ces affrontements n�existent pas et malgr� tout ce qu�elles ont subi les familles alg�riennes ne sont pas dans des r�glements de comptes. Le projet de charte n�est qu�un alibi id�ologique � une r�vision constitutionnelle pour une pr�sidence � vie pour Bouteflika, c�est ce qui explique d�ailleurs qu�on y trouve les anath�mes des ann�es de plomb du genre �ennemis de la nation� ; ou encore �porter atteinte aux institutions de l�Etat ou �ternir l�image de l�Alg�rie au plan international�. Pour verrouiller le tout, se donner tous les moyens et assurer le pouvoir absolu, il y est pr�vu que �le peuple alg�rien mandate le chef de l�Etat pour prendre toutes les d�cisions�. Cette charte est donc une bombe � retardement. Elle aura eu cependant le m�rite et le paradoxe d�avoir permis la d�cantation. Si jusque-l�, la question de l�islamisme a d�chir� le camp d�mocratique dont certains soutenaient les islamistes, l�essentiel pour eux �tant de d�barrasser la nation du r�gime pr�dateur alors que pour d�autres l�on ne pouvait choisir entre la peste et le chol�ra, ce r�f�rendum a fait tomber ce clivage qui a beaucoup nui aux d�mocrates.
L. S. : Le RCD prend part aux �lections partielles de novembre prochain en Kabylie. Qu�attendez-vous de cette participation ?
S. S. :
C�est en Kabylie que le pouvoir compte tester la premi�re application du r�f�rendum du 29. Depuis quatre ans, le pouvoir tente de soumettre cette r�gion et donner, par la r�pression qui y s�vit, l�exemple aux autres r�gions de l�Alg�rie, pour les emp�cher de faire la m�me chose. Tout a �t� utilis� pour soumettre cette r�gion : d�linquance, drogue, manipulations, r�pression� Rien n�a �t� �pargn� pour d�structurer ce p�le du combat pour la d�mocratie. Malgr� tout l�arsenal d�ploy�, les citoyens r�sistent et se battent, en Kabylie mais aussi ailleurs. La r�pression politique est f�roce, la r�gression sociale ne facilite pas la structuration d�une r�action � la mesure des enjeux mais l�opposition d�mocratique, d�sormais positionn�e dans le m�me camp, peut et doit se pr�parer � assumer ses responsabilit�s. Il faut esp�rer qu�� l�occasion des �lections partielles les forces d�mocratiques inaugurent de nouvelles relations et f�d�rent leurs �nergies pour prot�ger une r�gion dont les traditions de lutte conditionnent toute perspective d�mocratique dans le pays. Nous y travaillons.
K. B.-A.

Nombre de lectures :

Format imprimable  Format imprimable

  Options

Format imprimable  Format imprimable