Monde : Bush, messager de Dieu, adul� des femmes
Par Ammar Belhimer


La BBC commencera � diffuser demain, lundi, une s�rie documentaire de trois parties (on verra la suite les 17 et 24 octobre courant) dans laquelle interviennent chefs d'Etat et de gouvernement, ministres et g�n�raux, sur les coulisses des n�gociations de paix et l'apr�s-intifadha. Intitul�e �Une paix introuvable : Isra�l et les Arabes� (Elusive Peace : Israel and the Arabs), la s�rie revient sur les �v�nements majeurs qui ont marqu� le Proche-Orient, des n�gociations de paix initi�es par la pr�sidence Clinton en 1999-2000 jusqu'au retrait sioniste de la bande de Gaza.
Les t�moins des d�clarations, pour le moins mystiques, du pr�sident am�ricain � ses interlocuteurs ne sont autres que son homologue palestinien actuel, Mahmoud Abbas, et le ministre des Affaires �trang�res de l'�poque Nabil Saath qui confirment des propos entendus en juin 2003. George Walter Bush leur confia qu'il �tait instruit par Dieu, voire m�me qu'il lui avait �t� �ordonn� par Dieu� (had been ordered by God) de cr�er un Etat palestinien. Nabil Shaath, qui est aujourd'hui ministre de l'Information, t�moigne : �Le pr�sident Bush nous a dit : �Dieu m'a confi� une mission.� �Dieu m'a dit : �Allez combattre ces terroristes en Afghanistan.� �Ce que je fis. Puis Dieu m'a dit : �George, allez mettre fin � la tyrannie en Irak (�)� Et je le fis.� �Et aujourd'hui encore : je sens les propos de Dieu venir � moi : �Allez donner aux Palestiniens leur Etat et aux Isra�liens leur s�curit� et instaurez la paix au Moyen-Orient. Et par Dieu je vais le faire.� Abbas, qui �tait �galement pr�sent � la rencontre de la station baln�aire de Sharm-al-Sheikh, se rappelle avoir entendu de la bouche du pr�sident am�ricain : �J'ai une obligation morale et religieuse.� �Aussi, je vous donnerai un Etat palestinien.� On en arrive � regretter que Bush n'ait pas acc�d� plus t�t aux destin�es de son pays et du monde auquel il aurait fait l'�conomie de tant de sacrifices humains pour la cause de lib�ration nationale et le droit � l'autod�termination. Voil� en effet un leader acquis aux causes du Cr�ateur : il est enti�rement d�vou� � ses ordres. Mieux, l'osmose est telle qu'il se permet d'anticiper sur Ses intentions. Que Bush soit un int�griste n'est un secret pour personne. D'autres �uvres documentaires et t�moignages film�s ont montr� comment il associait intimement religion et politique dans le fonctionnement quotidien de la Maison-Blanche pour organiser ses croisades contres les �forces du mal�. Un autre trait de caract�re moins connu vient d'�tre r�v�l� cette fin de semaine universelle par des sociologues am�ricains. Ils nous apprennent que si George W. Bush est enti�rement d�vou� � Dieu, il aime par la m�me occasion �tre adul� des femmes qui l'entourent dans une acception particuli�re de la mixit�. Il y a d'abord la l�gitime, Laura, substitut de la m�re, qui a le m�rite de l'avoir sauv� de l'alcool et de l'�chec professionnel. En dehors du cercle familial, il y a les �work wifes� du pr�sident. Elles ne sont pas des collaboratrices ordinaires puisque la meilleure traduction qui leur sied est celle d'��pouses du travail�. C'�tait le cas de Condoleezza Rice, c�libataire, ancienne conseill�re � la s�curit� nationale du pr�sident, aujourd'hui secr�taire d'Etat qui a orient� ses premi�res actions diplomatiques les premiers mois de l'ann�e 2001, avant de se confondre, en avril dernier d'un lapsus qui n'a �chapp� � personne : �comme je le disais � mon mar... au pr�sident Bush...� Elle s'ajoute � Karen Hughes qui, en qualit� de conseill�re en communication et ombre du pr�sident, lui �crivait ses discours. Elle lui a �galement �crit son livre, A Charge to Keep. Karen Hughes est, aujourd'hui, secr�taire d'Etat adjointe charg�e de la diplomatie publique. Une troisi�me femme confirme ce penchant pour les ��pouses du travail� : Harriet Miers, son ancienne avocate personnel au Texas, une c�libataire de 60 ans, mais sans exp�rience constitutionnelle, qui vient de le suivre � Washington suite � sa nomination � la Cour supr�me. Bush lui doit beaucoup : elle lui a �vit� d'avouer publiquement avoir �t� condamn� pour conduite en �tat d'ivresse dans le Maine lorsqu'il �tait gouverneur du Texas. Le trait commun � toutes ces femmes est qu'elles ne font pas dans la dentelle. Loin de l�. Femmes d'acier, on peut ais�ment les apparenter au �tacherisme�. Rice et Hugues, qui sont les deux seules personnes � avoir �t� consult�es, l'ont fermement soutenu dans sa d�cision finale d'occuper l'Irak Des observateurs avertis y voient l� non pas un signe de militance en faveur de l'�galit� des sexes, mais plut�t un signe de faiblesse. C'est en tout cas l'avis de Maureen Dowd, chroniqueuse au New York Times : �W. adore �tre entour� de femmes solides qui consacrent leur vie enti�re � le dorloter, comme les vestales virginales veillant sur le feu sacr�, gardiennes de ses valeurs et cerb�res de sa r�putation.� Justin Frank, psychiatre de Washington et auteur d'un br�lot intitul� Bush on the Couch (�d. ReaganBooks, 2004) qui, sous d'autres cieux, dont le n�tre, lui aurait valu la peine capitale, voit le signe d'un profond manque d'affection qu'il impute � sa m�re Barbara, surnomm�e par des enfants qu'elle n'a �jamais matern�s�, �The Enforcer�, �la Porte-Flingue�, en raison de sa personnalit� autoritaire et froide. Cons�quence : �Bush est toujours un petit gar�on effray�, poursuivi par des peurs, continue Frank. La plupart des gens ne voient pas ce trait de caract�re, parce que Bush se d�brouille pour donner cette image de macho. Mais c'est �vident. Ces femmes, qui l'adorent, l'aident � surmonter ces peurs, � se sentir mieux�. C'est la raison pour laquelle �Bush a toujours eu besoin d'�tre entour� de femmes, qui sont pour lui plus des m�res que des �pouses, qui l'aiment sans �quivoque, qui viennent � son secours, qui le sauvent�. Lorsque, malgr� tous les ordinateurs de la CIA, la premi�re et in�galable hyperpuissance mondiale s'autorise le p�ch� de confier son sort, et celui du monde, � un tel profil id�ologique, c'est la preuve que la politique est dans de sales draps.
A. B.

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