La Calabre ne supporte plus sa r�putation de terre mafieuse. Cette r�gion pauvre du sud de l'Italie a d�cid� de faire rendre gorge � la 'Ndrangheta, la puissante mafia locale qui, depuis des d�cennies, a mis le territoire en coupe r�gl�e. Elu en avril, le nouveau gouvernement r�gional, de centre gauche, a d�cid� de faire payer aux criminels traduits en justice des dommages et int�r�ts �pour atteinte � l'image de la Calabre�.
Dans un proc�s qui s'est ouvert le lundi 12 septembre � Catanzaro contre 81 membres de deux familles mafieuses, la r�gion s'est port�e partie civile et r�clame 3 millions d'euros aux pr�venus. En juillet d�j�, la cour d'assises de Cosenza avait condamn� un clan � payer 500 000 euros d'indemnit�s � l'institution r�gionale. Les �lus sont d�cid�s � r�p�ter l'op�ration syst�matiquement, estimant que c'est un moyen de r�cup�rer, f�t-ce symboliquement, une partie des richesses que la criminalit� organis�e pr�l�ve sur la collectivit�. Selon de r�centes �tudes, le chiffre d'affaires annuel r�alis� par la mafia calabraise atteindrait 35 milliards d'euros, soit davantage que le produit int�rieur brut de la Calabre tout enti�re. La 'Ndrangheta, disent les experts, pourrait figurer parmi les dix premiers groupes industriels europ�ens. Depuis l��poque des sanglants enl�vements, dans les ann�es 1980, l'entreprise Ndrangheta a diversifi� ses activit�s : trafic de drogue, d'armes, de d�chets, blanchiment d'argent, trucage des appels d'offres publics, infiltration de l'�conomie et de l'administration locale, extorsion de fonds, etc. Plus de 7 000 Calabrais seraient directement affili�s � des �cosche�, c'est-�-dire des noyaux mafieux, souvent familiaux, qui quadrillent le territoire. Leurs m�thodes sont muscl�es : �Chaque matin, o� que ce soit, la p�gre r�veille la Calabre par l'interm�diaire de ses �missaires, qui, impun�ment, menacent, terrorisent, frappent. Et l'Etat, bien qu'il assure le contraire, n'est pas en mesure de garantir l'int�grit� physique de ceux qui y habitent�, �crivait en juin le pr�sident des industriels calabrais au pr�sident de la R�publique, Carlo Azeglio Ciampi, pour lui demander son aide. Pour la seule ann�e 2004, il y a eu plus de 300 agressions et attentats contre des entreprises, des administrations publiques et des �lus locaux. Les entrepreneurs quittent le secteur, le tourisme p�riclite, la Calabre se meurt. C'est pourquoi le nouveau pr�sident de la r�gion, Agazio Loiero, a d�cid� d'envoyer ses avocats r�clamer des comptes �� ceux qui causent des dommages � l'ensemble du tissu social�. Cet �t�, il a re�u par la poste une photo de lui, barr�e par ce message : �Condamn� � mort.�

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