Actualit�s : Dossier :
17 octobre1961
MILITANTS DE L'EX-FEDERATION DE FRANCE
Du m�pris � l�abandon
Dossier r�alis� par M. Benameur


�I �Ils n�ont encore rien compris � l�Alg�rie. Tant le gouvernement alg�rien les abandonne et les m�prise tant ils continuent � se mettre � son service. Toujours � quatre pattes. Pourtant ils sont couverts de gloire. Pourquoi acceptent-ils ce m�pris ? Pourquoi viennent-ils voter ? Pourquoi se mettent-ils au service du consulat qui ne les invite m�me pas � la r�ception du 1er Novembre ?� A voix haute, la vingtaine environ, ce jeune beur qui accompagne sa m�re venue voter au Palais des Sports de Marseille ne manque pas d�arguments.

Lui ne vote pas, il n�est m�me pas inscrit sur la liste �lectorale. �Oui je suis alg�rien mais je ne vote pas. Le devoir consiste � ne pas voter pour prouver qu�on n�est plus dupe et qu�on existe. Mon d�funt p�re a fait la guerre d�Alg�rie ici � Marseille. L�affaire Mourepiane, il y a particip�. Forc�ment il n�a pas travaill� de 1956 � 1962. Apr�s l�ind�pendance, il n�a pas travaill� parce que les Fran�ais ne voulaient pas d�un fellaga. Alors il a vadrouill� un peu partout. Sans aucune aide de son pays. M�me pas la retraite. Ma m�re a travaill� pour nous nourrir. Ensuite mon fr�re a�n� a pris la rel�ve. Malgr� cela, elle vient voter.� Sa m�re marmonne quelques mots derri�re ses doigts qui caressent ses l�vres. Mais lui redouble de calombours � l��gard des �lecteurs dont la majorit� d�passe la cinquantaine d��ge. Il est visible que les jeunes ressortissants alg�riens ne vouent pas d�int�r�t � ce r�f�rendum. Pourquoi ? Les causes sont plurielles mais la plus r�currente aupr�s des interlocuteurs tient � l�absence d�int�r�t qu�accorde l�Alg�rie aux jeunes r�sidant en France. �Nous sommes exclus. Les jeunes Alg�riens install�s en Alg�rie ont des avantages : l�emploi des jeunes, la s�curit� sociale, etc. Nous, en France, nous n�avons rien. L�Alg�rie ne fait rien pour nous. Par exemple au conseil g�n�ral des Bouches-du-Rh�ne, il y a plus d�employ�s tunisiens et marocains que d�Alg�riens. C�est normal, leurs consuls sont plus actifs...�, souligne le jeune beur que sa m�re approuve par des hochements de t�te. Soudain, elle ne s�emp�che pas d�indiquer : �Tous ces vieux qui orientent et encadrent les �lecteurs sont des compagnons de mon d�funt �poux. Ils ont milit� dans la m�me cellule FLN. Tous sont sans ressources. Ni pension, ni retraite. Rien. En Alg�rie, ils n�ont rien. En France, ils n�ont que leurs enfants. Allez les voir � la Porte d�Aix. Ils passent leurs journ�es � revendre n�importe quoi. Ils ont �crit les plus belles pages de l�histoire de l�Alg�rie, aujourd�hui ils en sont l�image la plus d�plorable�. Elle est interrompue par son fils qui s�exclame en direction d�un septuag�naire qu�il semble bien conna�tre : - Alors tu as chang� de boulot ? Il ne lui laisse pas le temps de r�pondre qu�il dit � sa m�re : �C�est un vendeur d�herbes au march� des Capucins�. - Je travaille ici cette semaine. Je fais partie de l��quipe d�encadrement. Le peu d�argent que je vais percevoir me permettra de relever la t�te, r�torque cet ex-militant de l�ex-F�d�ration de France. Le beur ne manque pas l�occasion pour dire � sa m�re : - Il est comme mon p�re. Us�, utilis�, essor� comme une serpilli�re, sans rien en contrepartie. Quand vas-tu te r�veiller ? - Tout ce que j�ai fait, c�est par conviction. Ce n�est pas aujourd�hui que je vais changer. Je n�attends rien d�eux. Que veux-tu ? Je suis na�f. l�Alg�rie habite mon sang, semble r�pondre le vieil homme d�sabus�. - Moi aussi j�aime l�Alg�rie. Mais je n�accepte pas que mon sacrifice b�n�ficie � d�autres. Mon p�re lui a donn� sa jeunesse sans rien recevoir d�elle. Ma m�re a d� faire la serpilli�re. Est-ce que tu trouves cela normal ? Tous les consuls qui se sont succ�d� viennent nous faire la le�on d�amour et de patriotisme. Est-ce que l�un d�eux a fait autant que toi pour l�Alg�rie ? Non ? r�ponds-moi. Que des promesses, chaque fois vous vous faites avoir par les ministres. Aucun de ceux qu�on dit charg�s de la communaut� alg�rienne n�a tenu ses engagements. Quelques heures de d�bats, des applaudissements puis plus rien. Non ammi Ly�s, il faut changer vous devez d�fendre vos droits... Ly�s pr�f�re se diriger vers le bureau de vote. G�n� au fond de lui-m�me, il sait que le jeune beur n�a pas tort. Le constat est amer et d�solant. Ces militants de l�ind�pendance nationale sont dans une situation tr�s pr�caire. Dans la mis�re. Le mot n�est pas trop fort pour faire part de leur pauvret�. Que ce soit � Paris, Lille, Lyon ou Toulouse, tous dans la m�me gal�re. A Marseille, on les trouve au march� quotidien des Capucins. Dans la �ruelle arabe�, ils revendent n�importe quoi. On dit d�eux qu�ils �habitent� des maisons squatt�es. La police fran�aise ne peut rien contre eux car ils ne sont pas des clandestins. Et puis ils ont leurs familles. Plut�t leurs femmes qui subsistent par des petits boulots. Au noir. Bein connues par l�Arm�e du salut. �Quoi dire ? Il existe en Alg�rie un minist�re des Anciens moudjahidine qui n�est pas repr�sent� dans les consulats. C�est une honte pour nous de s�adresser � l�assistante sociale du consulat dont la mission est tout autre. Nous ne sommes ni des d�tenus, ni des grabataires�, souligne un de ces militants que nous pr�sente Mohamed Izza, un ancien moudjahid de l�ex-f�d�ration de France devenu, par la force des choses, leur porte-parole attitr�. �Demandez-lui de vous montrer sa jambe gauche. Elle est en bois. Un fourgon de police l�a �cras� le 17 octobre 1961�, nous confie-t-il avant que nous ne soyons ainsi interpell�s par un autre ex-militant : �M�me la presse alg�rienne ne s�int�resse pas � nous. A Marseille, la t�l�vision alg�rienne nous court derri�re au moment des grands �v�nements car elle sait que nous tenons un discours de patriotes. Puis, plus rien. Samir Cha�bna fait dans la d�magogie. Jamais il n�a �voqu� notre situation pour sensibiliser les d�cideurs. Lui-m�me, les d�put�s, les consuls, tous nous �vitent car nous sommes leur mauvaise conscience. Honte � eux. Leur comportement dessert l�Alg�rie. Il n�y a qu�� entendre les jeunes qui les conspuent�. M�me si la majorit� des familles sont branch�es sur l�Alg�rie gr�ce aux paraboles qui pullulent dans les quartiers nord, il faut chercher dans une botte de foin pour trouver un seul interlocuteur qui estime en bons termes le contenu des programmes de Canal Alg�rie. Samir Cha�bna est particuli�rement fustig� parce qu��il donne une fausse image de la communaut�, �migr�e et �ne permet pas aux ressortissants de s�exprimer en temps opportun�. Tous lancent un appel au secours. Leurs r�criminations, on ne peut plus justifi�e par l��tat d�abandon, par le m�pris caract�ris� par l�indiff�rence d�Alger, composent un SOS � l�adresse de l�Etat. Digne, peut-il abandonner ainsi les actions de sa re-naissance ? Alors, pourquoi ces militants de l�ext�rieur ne sont-ils pas consid�r�s sur un pied d��galit� que leurs fr�res de combat des wilayas 3, 2 ou 4 ? Quelle diff�rence existe-t-il entre un moussebel, un fida� de A�n-Defla ou de La Casbah et un patriote qui a particip� au combat lib�rateur � Grenoble, Marseille ou Lyon ? Qu�attend le minist�re des Moudjahidine pour r�pondre aux dol�ances de ces authentiques combattants devenus tant�t des pestif�r�s parce qu�ils d�fendent leurs droits, tant�t des mis�rables aux yeux qui posent sur eux des regards obliques. En ce temps des faux-moudjahidine, il y a comme une volont� de laisser mourir de faim les authentiques artisans de l�ind�pendance. Il parait qu�ils d�tiennent tellement de r�v�lations qu�il serait suicidaire de les aider � survivre.
M. B.

M. LAKHDER AIBOUD (ANCIEN MOUDJAHID)
1,2 euro par jour !

A 16 ans, Lakhder Aiboud �tait militant de l�ex-F�d�ration de France � Paris (14e). Collecteur de fonds, guetteur, agent de liaison, chef de cellule, d�s 1956 il participait au combat lib�rateur. Sa carte d�ouvrier man�uvre dans le b�timent lui permettait de passer inaper�u jusqu�au jour o� il a �t� arr�t� en possession de tracts. La suite est connue, apr�s l�ind�pendance il �tait montr� du doigt au m�me titre que les militants ind�pendantistes. Quelques petits emplois lui permettent de subvenir aux besoins de sa famille. Neuf enfants. Il constitue un dossier pour b�n�ficier d�une pension d�ancien moudjahid. L�Alg�rie lui accorde un montant de 4000 DA par mois vers�s en Alg�rie. �M�me pas suffisants pour acheter un billet d�avion� dit-il am�rement. Aujourd�hui, Lakhder survit avec une retraite de 108 euros par trimestre, soit 1,2 euro par jour. �J�ai consacr� ma jeunesse � l�ind�pendance. Le nombre d�ann�es de travail est insuffisant pour b�n�ficier d�une retraite. Si je n�avais pas particip� � la guerre j�aurais pu travailler et vivre dignement aujourd�hui. Toute ma jeunesse a �t� consacr�e � l�Alg�rie� ch�mage, maladie� tout pour l�Alg�rie. C��tait un devoir. J�ai accompli des missions p�rilleuses pour mon pays. Tous les anciens moudjahidine vivent la m�me situation que moi. Il y en a qui sont pires que moi. Ils vivent dans la mis�re. Qui peut vivre avec 1 euro par jour ? Heureusement que mes enfants sont dans leurs foyers.

M. MOHAMED BOUZIANE (ANCIEN MOUDJAHID)
�De la division � la manipulation�

�La situation des anciens moudjahidine ayant milit� en France est li�e � la situation de l�Amicale des Alg�riens en Europe. L�Amicale a �t� cr��e au lendemain de l�ind�pendance nationale, ses premiers dirigeants �taient les anciens responsables de l�ex-F�d�ration de France qui a anim� la lutte d�ind�pendance en France m�me. Aujourd�hui, l�Amicale est disloqu�e. Exactement d�s 1990, elle a �t� abandonn�e. Chaque ancien responsable a cr�� une association. Nous sommes divis�s. Toutes les associations cr��es par les anciens responsables de l�Amicale poursuivent le m�me objectif, c�est-�-dire d�fendre la communaut� alg�rienne et d�fendre l�Alg�rie. H�las, � ce jour nous ne sommes par arriv�s � unir nos forces pour cr�er une f�d�ration afin de d�fendre la communaut� selon une m�me d�marche et en d�veloppant un m�me programme. Sinc�rement, la division a �t� pr�par�e en Alg�rie. Il y a eu manipulation et chacun a trouv� son compte. Je dirais m�me que c�est un complot, il se trouve actuellement des associations cr��es par des jeunes Alg�riens qui travaillent pour des partis politiques fran�ais. M�me des responsables alg�riens croyaient que ces associations travaillaient dans l�int�r�t de l�Alg�rie. Chaque jour, la division se fait sentir davantage parce qu�aujourd�hui m�me les partis politiques alg�riens sont impliqu�s dans cette division. A mon avis, l�avenir ne peut pas se concevoir sans la cr�ation davantage d�une f�d�ration o� se retrouvent toutes les associations, toutes les sensibilit�s.

M. MOHAMED IZZA (DELEGUE)
�Une honte pour l�Alg�rie�

Exc�d� par le quotidien de ses compagnons de guerre, irrit� par la pile de lettres qui s�amoncellent sur son bureau sans pouvoir y r�pondre car il n�a rien � offrir, d�sabus� par le comportement des diff�rents responsables � Alger, Mohamed Izza ne choisit pas ses mots pour dire la mis�re, les souffrances, l�exclusion dont sont victimes les anciens militants de la �7e Wilaya� historique, c�est-�-dire de l�ex-F�d�ration de France. C�est avec g�ne qu�il nous a amen�s � leur rencontre. Les uns dans des maisons de retraite car sans famille, les autres dans des dortoirs qu�on appelle pompeusement des �foyers�. Tous ont la malvie, tous ont le c�ur gros. Pudeur ? Honte ? Ils n�osent pas dire un mot sur leur d�sespoir. Mohamed Izza leur �fr�re de combat� parle pour eux. �Le constat est amer : les militants de la 7e Wilaya, c�est-�-dire ceux qui ont particip� � la lutte pour l�ind�pendance nationale, sur le territoire fran�ais, sont totalement abandonn�s, apr�s avoir laiss� une partie de leur corps, de leur �me, de leurs ressources dans le combat lib�rateur, ils se retrouvent abandonn�s, d�laiss�s et m�pris�s depuis 1962. L�ex-F�d�ration de France du FLN �tait compos�e de 400.000 membres structur�s en trois composantes, � savoir les sympathisants, les adh�rents et les militants. Ces derniers �taient rassembl�s dans ce qu�on appelait � l��poque le district militant qui se composait d�environ 60 000 militants. Ces 60 000 militants �taient consid�r�s comme des militaires et donc devaient jouir de droits. Or, depuis 1962 � ce jour, pr�s de 10 000 de ces militants ne b�n�ficient d�aucun droit � l�instar de leurs compagnons de l�ex-ALN. D�s que les membres de l�ex-ALN ont acquis leur reconnaissance de membres de l�ex-ALN, ils ont automatiquement b�n�fici� de leurs droits. Les militants de la F�d�ration de France ont re�u en 1962 des attestations avec lesquelles les militants croyaient acqu�rir leurs droits. Or ce n��tait pas le cas puisqu�il �tait exig� une mention sp�ciale sur chaque attestation pour pouvoir b�n�ficier des droits du moudjahid, c�est-�-dire les pensions et autres avantages qu�accorde l�Etat aux militants de l�int�rieur et qui doivent �tre accord�s aux combattants de l�ext�rieur. Ces droits ne sont pas reconnus aux militants de la F�d�ration de France. Depuis 1962, ces militants luttent pour recouvrer leurs droits. Il fallait attendre le congr�s de 1993 pour que la mention permanent soit reconnue aux responsables de cellules, de groupes, de sections. Auparavant les droits n��taient reconnus qu�aux permanents r�mun�r�s. Finalement, ce droit a �t� �largi � tous mais uniquement de 1993 � 1995. Depuis 1997, les dossiers sont bloqu�s. Des milliers de dossiers sont mis sous le coude. Aucune r�union de la commission. A plusieurs titres, je suis intervenu. Au sein du RND dont je suis membre du Conseil national, j�ai exprim� mon inqui�tude en disant �assez�. Des militants sont en train de mourir sans jouir de leurs droits. J�ai interpell� le ministre des Moudjahidine et le secr�taire g�n�ral de l�ONM, tous deux militants du RND, sur l�urgence du traitement de ce probl�me. Il m�a �t� r�pondu que le budget �tait insuffisant pour faire face au r�glement de ce dossier. Je n�ai pas manqu� de dire que l�argent est disponible lorsqu�il faut le donner aux terroristes mais il n�y en avait pas pour le donner aux anciens moudjahidine. C�est une honte. Je l�ai dit � qui de droit. Que veut-on faire de nous ? Nous sommes tous des pauvres, des d�munis. Mais nous avons notre dignit�. Nous sommes respectueux de l�Etat mais celui-ci nous ignore, nous m�prise. En 1999, en 2004, nous avons soutenu la candidature de Bouteflika, tous nous avons approuv� la d�marche de concorde civile dans la perspective d�une paix afin que l�Etat se consacre � la r�sorption des probl�mes mais h�las rien n�est fait en notre direction. Ces anciens moudjahidine ont souffert pour l�Alg�rie, ils lui ont donn� leur jeunesse. A chaque enjeu politique, ils sont les premiers sur le terrain. Des dizaines de meetings ont �t� anim�s par les moudjahidine de l�ex- F�d�ration de France � l�occasion du r�f�rendum sur la charte pour la paix et la r�conciliation nationale. Aujourd�hui, le couteau a atteint l�os et il n�est plus possible d�accepter la situation de mis�re � laquelle sont confront�s les anciens moudjahidine. Durant la guerre de Lib�ration nationale, les militants d�laissaient leur travail pour se consacrer au militantisme. Aujourd�hui, ils per�oivent 170 euros par mois parce qu�ils n�ont pas travaill� durant la guerre. Ils ont peu cotis� et donc per�oivent des retraites insuffisantes pour leurs familles. Ils survivent mis�rablement. L�Etat devrait leur accorder leurs droits au m�me titre que les anciens moudjahidine qui r�sident en Alg�rie. Ces militants ne revendiquent pas des devises mais seulement les pensions auxquelles ils ont droit. Des pensions en dinars, vers�es en Alg�rie. Des milliers d�anciens moudjahidine qui ont milit� en France pour l�ind�pendance de leur pays sont aujourd�hui dans le d�nuement, dans la pauvret�. Ce sont des mis�rables, je le dis haut et fort, c�est une honte pour l�Alg�rie. Presque tous les jours, je re�ois des lettres du pays �crites par les familles d�anciens moudjahidine r�cemment d�c�d�s qui demandent � b�n�ficier des droits de leurs proches. Ces lettres proviennent de S�tif, de Khenchela, de Barika, de Souk-Ahras, de Annaba. Les ayants droit me demandent de les aider � constituer leurs dossiers, �voquent leur situation pr�caire. C�est incroyable, je r�side � Marseille et je re�ois des lettres de l�Alg�rie profonde. C�est grave, des familles qui n�ont pas de quoi subvenir � leurs besoins en Alg�rie. Si en Alg�rie ces militants et leurs familles se plaignent, que dire de ceux qui sont toujours en France. C�est une situation dramatique. Les militants de l�Ind�pendance nationale structur�s dans l�ex- F�d�dation de France sont dans la mis�re. Abandonn�s, oubli�s et m�pris�s. Je vis en France depuis 1955, cela fait, plus de 50 ans, je n�ai jamais oubli� l�Alg�rie, je milite pour l�Alg�rie. Mon cas est celui de tous les militants de l�ex- F�d�ration de France. Sans honte je le rappelle : ces militants vivent dans la mis�re. Je vous remets quelques lettres dans lesquelles les ayants droit ne cachent pas la mis�re dans laquelle ils baignent. Dans l�une d�elles, nous sommes inform�s du cas d�un ancien moudjahid, Mehenna Kateb, � Guelma, dont les enfants sont en train de mourir de faim. Leur lettre est un SOS. Il y a le cas de nombreux militants arr�t�s le 17 octobre 1961 et renvoy�s quelques jours plus tard � leur douar, � ce jour, leurs droits ont �t� pi�tin�s en ce sens qu�ils vivent en Alg�rie dans la mis�re et ici en France ils ne b�n�ficient pas de couverture sociale parce qu�ils n�ont pas suffisamment travaill�. Il existe des cas d�anciens moudjahidine abandonn�s dans des centres d�ali�n�s sans aucune aide. O� est l�Alg�rie ? Dans toute la France, il y a des milliers d�anciens moudjahidine qui survivent avec une petite pension parce qu�au moment de la guerre, ils se sont consacr�s � l�Alg�rie au lieu de travailler. Aujourd�hui, leurs ann�es de travail sont insuffisantes pour b�n�ficier d�une retraite d�cente. L�Alg�rie est interpell�e, l�ONM est interpell�e pour trouver une solution � la situation de ces anciens moudjahidine. L�Alg�rie doit secourir ses fils�.
M. B.

 

COMMEMORATION AUJOURD'HUI DES MASSACRES DU 17 OCTOBRE 1961 A PARIS
Rassemblements pour exiger l�abrogation de l�article 4 de la loi du 23 f�vrier

De notre bureau de Paris, Khadidja BABA-AHMED

Ce soir, � 17 heures 30, un grand rassemblement aura lieu � Paris, sur le pont Saint-Michel, � l�appel du collectif 17 Octobre 1961 auquel se sont joints des dizaines d�associations et de partis, dont : le Parti communiste, Lutte ouvri�re, l�Association culturelle berb�re, le MRAP, le Collectif des familles de disparus, la Ligue des droits de l�homme, Harkis et droits de l�homme, la Ligue de l�enseignement et d�autres associations, qui comptent r�pondre, en grand nombre, � cet appel. Outre la demande de reconnaissance officielle du massacre et sa prise en compte dans l�enseignement, outre la demande de lev�e des sanctions prononc�es contre les archivistes qui ont t�moign� lors du proc�s Papon contre Einaudi, la comm�moration de ce soir, qui vient dans un contexte nouveau, celui de la promulgation de la loi du 24 f�vrier, verra les participants se prononcer avec force pour l�abrogation de l�article 4 de cette loi vot�e en catimini, par le Parlement fran�ais et �qui veut imposer une histoire et un enseignement officiels et ne mentionne que le r�le positif de la pr�sence fran�aise outre-mer�. Repla�ant justement les massacres du 17 octobre 1961 dans leur contexte global de la r�pression coloniale, les signataires de l�appel rappellent que �la colonisation a �t� �maill�e, jusqu�au c�ur de la M�tropole, de crimes et de massacres qui font aussi partie de son histoire�, et ce, contrairement aux affirmations quant au r�le positif de la pr�sence coloniale fran�aise. Les signataires de l�appel r�clament � cet effet, �la reconnaissance officielle de la part des plus hautes autorit�s de la r�publique de ce crime d�Etat et demandent � son sujet la v�rit� et la justice�. Comme chaque ann�e, depuis qu�il est en charge de la Mairie de Paris, Bertrand Delano�, aux c�t�s de Khedidja Bourcart, adjointe charg�e de l�int�gration, et Odette Christienne, adjointe charg�e de la m�moire, du monde combattant et des archives, organise un rassemblement dans les lieux du massacre pour honorer, dit leur communiqu�, �la m�moire des dizaines de Parisiens et Franciliens alg�riens, massacr�s lors de la nuit funeste du 17 octobre 1961 par les forces de l�ordre r�primant une manifestation pacifique du FLN en lutte pour l�ind�pendance de l�Alg�rie�. C�est, rappelons-le, Bertrand Delano�, maire socialiste qui, en 2001, lors du 40�me anniversaire de ces massacres, a appos� une plaque comm�morative sur le parapet du pont Saint-Michel. Depuis, de tr�s nombreuses villes fran�aises honorent les victimes de ce massacre et certaines ont nomm� une rue, un pont ou �rig� une st�le � la m�moire des Alg�riens victimes de ce massacre. Enfin, il est int�ressant de souligner, que l�association Harkis et droits de l�homme a sign� l�appel du collectif du 17 Octobre et, tout comme l�ann�e derni�re, ses membres seront de la manifestation. Questionn�e par Le Soir, Fatima Besnaci-Lancou, enfant de harki et pr�sidente de cette association, s��tonne que nous lui posions la question de savoir pourquoi son association prend part � cette comm�moration.�Ce n�est pas participer � la comm�moration de ce massacre qui aurait �t� incompr�hensible. Cette histoire d�une grande violence me concerne en tant que Fran�aise, en tant que Parisienne et en tant que citoyenne d�origine alg�rienne.� D�s la promulgation de la loi de f�vrier 2005, cette association s��tait �lev�e par une d�claration contre le fait que �les parlementaires associent les harkis, � leur corps d�fendant, � la promotion du colonialisme� comme elle avertissait qu�elle �se battra aussi longtemps que n�cessaire pour que la nation fran�aise reconnaisse officiellement sa responsabilit� dans le drame des harkis, un drame qu�il serait injuste et dangereux de sortir de son contexte g�n�ral de la colonisation�. Ce soir, sur le pont Saint-Michel, des voix, � l�unisson, demanderont que l�on arr�te de travestir l�histoire. Du pont Saint -Michel, les manifestants se rendront symboliquement au Palais de Justice.
K.B.-A.

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