Un petit logiciel tir� d�Internet et install� su votre PC familial vous permettra, m�me si vous n�avez aucune connaissance en informatique, de �voir� la carte du ciel de votre ville ou village. Il suffit simplement d�introduire la latitude et la longitude du lieu o� vous vous trouvez et d�ouvrir la bo�te de dialogue qui vous livrera la photocopie de la vo�te c�leste, telle qu�elle est r�ellement au-dessus de votre t�te.

�videmment, cela dans le cas o� vous choisissez la date du jour m�me. Mais vous pouvez aussi remonter le temps, comme par exemple, voir la carte du ciel de votre jour de naissance, ou aller loin dans le futur : comment seront les �toiles sur votre ville le premier novembre de l�an 2010 ? Tout ceci pour vous dire que la vulgarisation astronomique a fait des pas de g�ant et qu�il n�est plus n�cessaire, aujourd�hui, d��tre un grand sp�cialiste pour faire ce genre de calculs. Mais qu�est-ce une carte du ciel tout d�abord ? L�avantage de ce type de logiciel est qu�il vous permet d�identifier toutes les �toiles se trouvant dans �votre� ciel, ainsi que les plus lointaines galaxies, les n�buleuses, tout ce qui est visible et invisible � l��il nu. Certaines �toiles peuvent �tre identifi�es facilement et si l�on r�gle convenablement l�orientation de la planisph�re, en respectant le sens du champ de vision (nord, sud, est, ouest), on peut trouver les noms de tous les corps c�lestes discernables. Par une nuit claire, je me suis amus� avec les enfants en faisant le va-et-vient entre le balcon et l�ordinateur et nous avons pu reconna�tre toutes les grandes �toiles. Que dire alors de la course du Soleil et de la Lune, facilement rep�rables sur n�importe quelle carte de ce type ? Ainsi, si vous mettez les bons param�tres, il est possible de conna�tre les dates du d�but et de la fin du Ramadhan. La carte vous indiquera clairement qu�il est vain d�attendre le croissant lunaire tel jour, alors qu�il sera visible le lendemain. Et ce, quel que soit l��tat du ciel. Pour les professionnels, qui disposent d�instruments d�observation et de mesure autrement plus sophistiqu�s, les calculs seront beaucoup plus pr�cis. En fait, et bien avant l�arriv�e d�Internet, les astronomes effectuaient d�j� ces calculs dont l�histoire remonte � la nuit des temps. L�observation du ciel et la pr�vision astronomique ne sont pas une originalit�. Ce qui l�est, par contre, c�est l�obstination de nos gouvernements qui continuent d�ignorer superbement la science pour privil�gier la vision � l��il nu du croissant lunaire. Pourtant, il suffit de la pr�sence de quelques nuages pour emp�cher toute observation ! Sur ce plan-l�, il faut reconna�tre que nous enregistrons un net recul par rapport � nos positions ant�rieures, lorsque nous avions d�cid� de privil�gier l�observation scientifique. Durant les ann�es soixante-dix, nous e�mes droit � un calendrier �fixe� des dates religieuses, en accord avec d�autres pays arabes et musulmans. Au lieu de passer notre temps � attendre qu�un quidam rep�re le croissant et qu�il communique la nouvelle � cette fameuse commission des �ahila� qui joue au suspense comme dans un film de Hitchcock, pourquoi ne pas prendre le taureau par les cornes et retenir les le�ons de ce qui a �t� fait il y a trente ann�es de cela, sous le r�gne de Houari Boumediene ? Il est vrai, qu�entre-temps, l�obscurantisme a fait des ravages dans notre soci�t�. Nous nous sommes �loign�s de nos valeurs authentiques, de cet islam sunnite qu�ont su prot�ger nos a�euls dans un Maghreb fraternel et tol�rant. Nous nous sommes �cart�s de l�islam pr�n� par le r�formateur cheikh Abdelhamid Ben Badis dont l�humanisme et la modernit� sont une gifle permanente aux troubadours qui veulent nous ramener vers le Moyen-Age. Tout n�a pas �t� dit sur ce grand homme qui appartient � l�Alg�rie du progr�s et de la justice et non � celle de la r�gression. Malheureusement, ce sont souvent les porte-parole de l�extr�misme islamiste qui essayent de s�accaparer l�image d�un cheikh qui n�a jamais appartenu � cette famille politique et qui en aurait eu honte aujourd�hui, lui qui a revendiqu� l�enseignement affranchi de la tutelle coloniale pour les deux sexes et les libert�s syndicales, d�association et de r�union. Mieux, en homme conscient des grandes disparit�s qui minaient les fondements de la soci�t� alg�rienne, il militait pour la distribution des terrains domaniaux et communaux aux paysans pauvres, l�augmentation des salaires avec diminution des heures de travail, en particulier pour les travailleurs agricoles et des cong�s pay�s et des allocations familiales pour tous les salari�s ! Le r�ve de Abdelhamid Ben Badis deviendra r�alit� avec les r�formes courageuses engag�es par le pr�sident Boumediene pour g�n�raliser le progr�s dans les campagnes et promouvoir la justice sociale et la solidarit�. On est bien loin des desseins obscurantistes des nouveaux cheikhs qui n�ont d�oul�mas que le nom. Aujourd�hui, et au moment o� l�Alg�rie d�cide de doter chaque famille d�un ordinateur, il faut revenir � l�esprit de Abdelhamid Ben Badis pour r�veiller la passion de nos jeunes pour la science et redonner � l�islam son visage exact, loin des d�lires de ceux qui ont mystifi� les foules avec un signal laser. L�exemple de l�observation du d�but et de la fin du Ramadhan par des m�thodes archa�ques n�est que l�une des nombreuses aberrations de nos soci�t�s, fruit des d�rives de nos institutions religieuses qui n�ont de cesse d�offrir concession sur concession aux int�gristes. Quant � l�argument de se conformer strictement aux recommandations du Coran, il faut peut-�tre indiquer � nos docteurs de la foi que l�observation des ph�nom�nes c�lestes ne se fait plus de la m�me mani�re qu�� l��poque de la r�v�lation, puisque nous disposons d�instruments sophistiqu�s, comme le t�lescope spatial Hubble, qui peuvent voir les �toiles et les galaxies invisibles � l��il nu. Faire confiance � la science, ce n�est pas une h�r�sie, mais aller dans le sens du progr�s pour �viter que des milliards de musulmans ne soient induits en erreur dans la pratique de leur religion. En rejetant depuis quelques ann�es les calculs des astrophysiciens et en s�alignant automatiquement sur l�Arabie saoudite, les autorit�s religieuses font une grave erreur, car n�importe quel scientifique pourra vous prouver que le croissant peut tr�s bien �tre observ� � Djeddah et pas du tout en Alg�rie, l�angle de vision n��tant pas simplement toujours le m�me. Mais qui nous entendra par ces temps o� l�on se r�concilie m�me avec l'absurde ?
M. F.

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