Culture : CHEIKH EL YADJOURI
"Vivre digne et mourir digne"


Telles sont les derni�res paroles prononc�es par El Cheikh Abder El Kader El Yadjouri pour ceux qui l�on connu. Une figure embl�matique n�e en novembre � Guemmar wilaya d�El-Oued, le mois de la r�volution, un r�volutionnaire inn� qui a connu toutes les prisons d�Alg�rie et les centres de concentration durant la guerre de R�volution de 1938 � 1962.
1938 : Le 18 avril 1938, prison d�El-Koudia � Constantine, jug� par le tribunal militaire le 16/01/1940.
1939 : Lib�r� pendant 4 jours, assignation � la r�sidence forc�e � Constantine durant 3 mois.
1940 : Envoy� � Miliana en r�sidence forc�e
1941 � 1942 : Envoy� � B�ni- Abb�s pour 33 mois de r�sidence surveill�e, lib�r� en octobre 1944 et envoy� � Biskra. A la veille des �v�nements du 8 mai 1945, il a �t� arr�t� pour incitation au d�sordre, envoy� � Constantine, Khenchela et Azzaba en surveillance forc�e. L�amnistie � la fin 1946, il rejoint Guemmar, sa ville natale apr�s 8 ann�es d�absence.
De 1946 � 1947 : Il a enseign� � Guemmar sous l�ordre de la soci�t� des Oul�mas musulmans. De 1947 � 1948 : Envoy� par les Oul�mas pour enseigner � Sidi Bel-Abb�s et Relizane.
1948 � 1954 : Envoy� � l�institut de Cheikh Benbadis
1954 : Envoy� par la m�me soci�t� des Oul�mas � Oran � l��cole d�El Fellah en lui confiant la responsabilit� de tous les �tablissements de l�Ouest.
En 1955 : Envoy� � Mascara pendant 8 mois le 29 mars 1956 puis transmis au centre de concentration d�Aflou, ensuite envoy� au centre de concentration (Bir-El-Djir).
1957 : Envoy� au centre de concentration de Bossuet en 1960, envoy� au centre de concentration Sid-Echehmi, lib�r� en 1961 avec r�sidence forc�e � Oran o� il devait se pr�senter comme � chaque interdiction de s�jour aux services de police pour signer un P.V..
Apr�s l�ind�pendance : Il int�gra le parti FLN pendant 4 mois
De 1962 � 1964 : Il fut inspecteur des habous
De 1964 � 1977 : Il enseigna au lyc�e �Ardaillon� Ibn Badis � Oran jusqu�� la retraite. D�s son jeune �ge, son p�re fellah lui a appris le coran � l�instar des jeunes soufis de son �poque.
En 1925, son p�re l�a envoy� � Tozeur au sud de la Tunisie pour apprendre les principes des sciences linguistiques et religieuses. Il est rest� � la Zaouia El cheikh Sidi El Mouldi el Kadiria durant une ann�e. Il a �t� transf�r� � Tunis � l��ge de 14 ans � l�universit� d�Ezaytouna. Etant l�a�n� de la famille, son papa n�h�sita pas � mobiliser le peu de ressources dont il disposait pour voir son fils former � la grande universit� de l��poque. Durant son s�jour � Tunis, il a connu des moments difficiles de pauvret� et de famine qui ont marqu� � jamais sa vie, il �crit dans un de ses r�cits : �Durant ma scolarit� � Tunis, j�ai v�cu des moments tr�s difficiles, des moments de grande pauvret�, � tel point que je ne pouvais acheter ni livre ni revue, ni avoir un toit pour m�abriter ni quelques sous pour calmer ma faim, j��tais un fardeau pour ma propre personne jusqu�� ce que ma personne me ha�sse et un fardeau sur la patience jusqu�� ce qu�elle me l�che. J�ai appris que pauvret� ne cohabite pas avec moralit�, la pauvret� est l�ennemi du progr�s, la pauvret� est synonyme de paralysie et de mort lente, la pauvret� condamne la loyaut�. Aujourd�hui, � 73 ans, je m��tonne encore d�avoir pu supporter la douleur de la faim durant neuf ann�es cons�cutives...� Je d�teste les th�ories qui se fondent sur El fikr th�orique, cela m�ne � des r�sultats non scientifiques. Pendant sa retraite il a �t� sollicit� pour donner des cours � des officiers de l�ANP. �Je suis un �tre optimiste, je suis de ceux qui croient qu�apr�s la nuit il y a le jour, je vous demande de ne pas me juger � travers mes dires, l�islam nous a appris � �tre sinc�res dans tout ce que nous faisons et la R�volution nous a appris � �tre forts et nobles. Je crois � la libert� et ses alli�s et � son extr�me sans d�passer bien s�r les limites du droit positif et l��l�gance qui sont les principes de la d�fense. La d�fense de mon pays qui reste forte et digne...�. Il a �t� sollicit� plusieurs fois pour des interviews aux journaux existants de son �poque. Interview accord�e au journal Actualit�. A propos d� idjtihad, de dogmatisme, Cheikh El Yadjouri lui, est mal�kite il dit : �Abou Hanifa pensait � peu pr�s ceci �notre savoir est un avis, il n�est point un savoir sacralis�, pour ce faire, nous accepterons toute id�e juste qui nous viendrait des autres.� Ce qui est fondamental au travers de ces paroles, c�est la recherche de la v�rit�, confronter un discours � un autre, tant il est vrai que tout savoir est sujet � modification, l�essence m�me de l�Islam, il ne saurait donc y avoir de tabou, la ikraha fi eddin, c�est la raison pour laquelle El Madhabia, les �coles de pens�e, peuvent �tre un tort du fait qu�elles sont source de gel et de blocage des mentalit�s. Notre h�ritage, mirath, ce que l�on appelle aujourd�hui Torath doit �tre pass� au tamis en fonction du Coran et bien entendu des exigences impos�es par notre v�cu quotidien ; d�battre d�mocratiquement, tel est le sens que doit prendre d�ailleurs la notion d� idjtihad, interpr�tation, innovation ; l�idjtihad comme point de d�part dans la recherche de la v�rit�, laquelle est toujours relative, rechercher la v�rit� par les moyens scientifiques et ce, pour le bien-�tre de l�humanit�. Place maintenant � la r�flexion collective, car l�effort individuel est d�pass�. Il n�est pas question, au premier chef de rechercher � savoir, au nom de l� Idjtihad, si Dieu existe ou pas, il y a des fondements de la doctrine � respecter. Mais aller chaque fois pour telle ou telle affaire touchant la vie courante, consulter ce qu�a dit la jurisconsulte, El Faqih El kherchi, en fonction des interpr�tations de Sidi Khlil. Cheikh El Yadjouri parle ici de mani�re ironique comme pour dire, voyons, nous n�allons pas voir de l�interdit religieux partout, el haram � toute question ! Nous n�allons pas nous embourber alors dans une logique interminable d�explications et contre-explications.... El Yadjouri de reprendre : �Des gens disent que la retraite c�est � haram� ! la s�curit� sociale aussi ! Ce discours est surtout produit par ces pays du Golfe qui ont falsifi� l�Islam. Ailleurs, on veut comprendre le monde. Les musulmans sont beaucoup plus pr�occup�s par la dissertation sur la forme du paradis ! Nous vivons le temps des illusions, de la paresse, or, c�est � des carcans du dogmatisme, El joumoud, que l�Islam s�en est pris la premi�re fois...�. Tel est l�avant-go�t de son livre prochainement �dit� par sa ni�ce pr�f�r�e Afifa Yadjouri, directrice des �tudes � la direction g�n�rale de l�administration p�nitentiaire et de la r��ducation des d�tenus (minist�re de la Justice) nomm�e par d�cret pr�sidentiel sign� le 4 juillet 2005. Afifa Yadjouri salue son excellence M. le pr�sident Abdelaziz Bouteflika, qui a su par ce geste rendre hommage au d�funt.

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