Actualit�s : 10e ANNIVERSAIRE DU PROCESSUS DE BARCELONE
Barcelone contre Barcelone
De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari


Le sommet des chefs d��tat et de gouvernement qui s�ouvre, demain, dans la capitale catalane consacrera, cela ne fait aucun doute, l��chec du processus initi� � la Costa Brava.
Cet anniversaire, le 10e, sera l�occasion pour la pr�sidence britannique de l�Union europ�enne de porter l�estocade � un �difice, d�j� affaibli et fragilis� par l�Europe des Quinze, ensuite celle des Vingt-Cinq. Il est vrai que Tony Blair, Premier ministre britannique, et J. M. Barroso, pr�sident de la Commission, ont tout fait pour d�vitaliser cette rencontre en lui �tant tout caract�re s�rieux (d�bats, bilan exhaustif, t�ches accomplies et celles encore en attente, dialogue rigoureux et de qualit� entre les partenaires) pour n�en laisser que les apparats du faste et du protocole. Toutefois, la responsabilit� de ce fascicule de la carence est endoss�e par l�ensemble des Etats membres de l�Union europ�enne. Ces derniers, alors que le processus de Barcelone �tait en cours, en p�riode de gestation, de perfectionnement, op�rent, contre toute attente, une volte-face aussi historique que l�che. Port�es par un europ�o-centrisme ind�cent, les institutions de l�UE soutenues par les Etats membres saisissent l�opportunit� de l�entr�e de 10 nouveaux Etats membres pour d�cr�ter, dans un pur esprit n�ocolonial, une nouvelle politique de voisinage (PEV) dont les contours et les desseins restent, � ce jour, connus de ses seuls promoteurs : les Europ�ens de l�Union. Cependant, des indicateurs fiables, et sans appel prouvent que la PEV est l�acte de d�c�s du processus de Barcelone et annonce aussi une r�vision unilat�rale et substantielle des accords d�association pass�s entre l�UE et les pays du sud de la M�diterran�e. Bruxelles, en effet, avec la PEV remet fondamentalement en cause � quoi qu�en disent les d�cideurs du Vieux Continent � les principes fondateurs accept�s et valid�s dans la belle ville de la Costa Brava espagnole et triture, sans vergogne, l�esprit et la lettre des engagements consign�s dans les accords d�association UE/pays du sud de la M�diterran�e, accords, pourtant, d�inspiration et de philosophie bruxelloises. En faisant un enfant dans le dos au g�n�reux et plus ou moins humaniste �processus de Barcelone�, l�Europe est rattrap�e par de vieux d�mons n�o-coloniaux et paternalistes que plusieurs Etats membres portent en leur sein (France, Angleterre, Belgique, Pays-Bas, Espagne, Italie). Cette tare cong�nitale, judicieusement exploit�es par le Royaume-Uni (Ah la Perfide Albion !) sous-traitant l�Europe et la M�diterran�e au profit des USA, a orient� toute la politique europ�enne vers une seule direction ultralib�rale o� les seules lois en vigueur et permises seront celles du march�, non pas au nom capitaliste et marchand du terme, mais dans sa version toute financi�re. D�o� la pr�paration minutieuse de ce 10e anniversaire : pas d�espace pour le dialogue et aucun r�pit entre d�ners, soir�es mondaines et galas. Aujourd�hui, les chefs d�Etat et de gouvernement auront tout de m�me le droit de discourir, mais l�essentiel aura �t� r�alis� pour les Britanniques, Barroso et les tenants d�une Europe et d�une M�diterran�e zone de libre-�change et uniquement cela. D�un mot, Tony Blair aura assassin� Barcelone, et ce, � Barcelone m�me. Nous y reviendrons.
A. M.

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