Corruptions : COLLOQUE SUR LA CITOYENNET�, LES DROITS DE L�HOMME ET LA LUTTE CONTRE LA CORRUPTION A L��COLE
Militants associatifs, enseignants, parents d'�l�ves et universitaires tirent la sonnette d'alarme


Les droits de l�homme, la citoyennet� et la lutte contre la corruption dans le syst�me �ducatif �taient au menu du colloque organis� par l�Association alg�rienne de lutte contre la corruption (AACC, section alg�rienne de l�ONG Transparency International), qui a eu lieu les 23 et 24 novembre 2005 au si�ge de la Fondation Friedrich-Ebert � Alger. Il faut d�embl�e noter que la participation � cette rencontre a �t� importante, de qualit� et tr�s diversifi�e : plus de 100 personnes venues d�une vingtaine de wilayas ont fait preuve d�une assiduit� sans faille, deux jours durant.
Ce colloque a vu aussi la participation de d�l�gations �trang�res, du Maroc, de France et d�Italie. Les d�bats ont �t� tr�s riches, d�un bon niveau et tr�s constructifs, m�me si le programme extr�mement charg� n�a pas toujours permis de consacrer le temps n�cessaire � des discussions tr�s intenses qui se sont poursuivies entre participants lors des pauses caf� et d�jeuner. Cette rencontre avait �t� plac�e sous le slogan �L��cole de la transparence et transparence � l��cole�, afin de marquer cette volont� des organisateurs, des conf�renciers et des participants de ne pas en rester au simple constat de la situation d�sastreuse qui caract�rise le syst�me �ducatif ou de se limiter un banal �tat des lieux, mais d�aller au-del� : faire conna�tre les exp�riences positives au Maroc, en Italie et en France, et les conditions � r�unir pour faire progresser ces valeurs en Alg�rie. Les organisateurs de ce colloque l�avaient annonc� : le terme ��cole� ne devait pas �tre compris dans un sens restrictif et limit� � l��tablissement d�enseignement primaire. En fait, la �cible� de ce colloque concernait tout le syst�me �ducatif, tous secteurs et statuts confondus : l��cole, le coll�ge, le lyc�e, les �tablissements d�enseignement professionnel et les instituts de formation, qu�ils soient de statut public ou priv�. L�universit� fera l�objet d�un autre colloque en 2006, plusieurs participants � la rencontre qui vient de se tenir l�ont souhait� et ont fait part de leur disposition � le pr�parer activement avec l�Association alg�rienne de lutte contre la corruption et d�autres partenaires, au niveau maghr�bin notamment. Pour rappel, Transparency Maroc en avait fait un de ses axes prioritaires et avait m�me publi� les r�sultats d�une enqu�te men�e sur l��tendue de la corruption dans plusieurs universit�s marocaines. O� en est-on dans l�enseignement des droits de l�homme dans les �tablissements scolaires ? Me Hocine Zehouane, pr�sident de la Ligue de d�fense des droits de l�homme (LADDH), dans sa conf�rence inaugurale au colloque, a tenu d�abord � pr�senter un historique des droits de l�homme, en remontant tr�s loin dans le temps, pour s�attarder sur la situation dramatique en Alg�rie et pr�senter quelques pistes pour sortir du non-droit pr�valant et des atteintes r�p�t�es aux droits de l�homme dans leur d�finition la plus large. Le relais �tait pris par M. Redouane Osmane, secr�taire g�n�ral du Conseil des lyc�es d�Alger (CLA), syndicat autonome-, qui a remarquablement autopsi� les r�seaux d�int�r�ts � tous les niveaux qui ont fait main basse sur le syst�me �ducatif, les �tablissements secondaires notamment, en illustrant son expos� par de multiples exemples montrant les effets d�vastateurs dues aux pratiques nuisibles et criminelles, dont la dilapidation du patrimoine immobilier du syst�me �ducatif n�est pas des moindres.
Exp�rience marocaine novatrice
Une bonne partie de ce colloque a �t� consacr�e � l�exp�rience marocaine men�e conjointement depuis quelques ann�es par le minist�re de l�Education nationale et l�ONG Transparency Maroc, exp�rience ponctu�e notamment par de nombreuses actions concr�tes dans les �tablissements scolaires et les instituts de formation des enseignants, autour de la citoyennet�, des droits de l�homme et de la lutte contre la corruption, et par la publication et la diffusion de nombreux ouvrages sur ces questions essentielles pour l�instauration des valeurs universelles de d�mocratie, de progr�s et modernit�, m�me si malgr� ces avanc�es, et comme ont tenu � le souligner de nombreux participants lors d�un d�bat passionn� et passionnant, la situation politique, �conomique et sociale dans ce pays demeure encore tr�s difficile. Ces brillants expos�s ont �t� pr�sent�s par Mme Khadija Chakir, pr�sidente de la Commission de la citoyennet� et des droits de l�homme aupr�s du minist�re marocain de l�Education nationale, ainsi que M. Abdelali Maalmi, membre de cette commission ; Transparency Maroc �tait repr�sent� par M. Ali Sadki, membre du bureau et M�hamed Dkhis. M. Ahmed El Khaldi, inspecteur de philosophie au minist�re marocain de l�Education, a fait un expos� remarquable, lors la pr�sentation d�un guide p�dagogique de grande qualit� sur la lutte contre la corruption � l��cole, guide qui vient de sortir d�imprimerie et qui a �t� distribu� � chaque participant au colloque. Que devient l�instruction civique ? Qu�en est-il des programmes scolaires � ce niveau et comment ces th�mes sont abord�s dans les manuels scolaires ? Enseigne-t-on � l��cole les principes d�int�grit� morale, de civisme et de citoyennet� ? Des r�formes pour quoi faire ? Est-ce que les �l�ves, les coll�giens et les lyc�ens, les personnels de l��ducation et leurs syndicats, les citoyens et les associations de parents d��l�ves sont impliqu�s dans l�animation de l��cole ou sont plut�t marginalis�s ? M. Ahmed Tessa, p�dagogue praticien, fondateur et directeur de la remarquable revue L��cole et la vie (qui a cess� de para�tre faute de moyens financiers), journaliste � la radio Cha�ne III et au quotidien El Watan (o� il anime depuis quelques semaines un espace hebdomadaire et interactif, consacr� � l��cole) a essay� de r�pondre � ces questions et a fait des propositions pour d�mocratiser l��cole et y d�velopper les valeurs de citoyennet�. Quelle est l��tendue de la corruption dans le secteur de l��ducation ? Comment sont g�r�s les budgets affect�s � l��ducation nationale en g�n�ral, et aux �tablissements scolaires en particulier ? Que contiennent les programmes et les manuels scolaires ? M. Hadi Daden, enseignant pendant plus de 25 ans, observateur attentif du syst�me scolaire et membre de l�Association alg�rienne de lutte contre la corruption a pr�sent� avec brio les r�sultats d�une �tude extr�mement int�ressante qui montre les d�rives et les dysfonctionnements qui gangr�nent l��cole. De l�avis unanime des participants, l��tude de M. Daden m�rite d��tre de nouveau pr�sent�e et plus longuement, ce qui sera fait d�s l�ann�e prochaine, se sont engag�es les organisateurs.
La pr�vention de la corruption enseign�e dans les universit�s fran�aises
Enseigne-t-on la pr�vention de la corruption ? La repr�sentante de Transparency International-France, Mme Marie Nigon juriste en droit international, charg�e de cours � l�universit�, sp�cialiste en responsabilit� soci�tale (elle est secr�taire g�n�rale d�une association qui travaille � d�velopper et ancrer cette notion dans les entreprises) a pr�sent� l�exp�rience qu�elle m�ne dans une universit� fran�aise afin de former de futurs cadres dirigeants d�entreprises ou de cabinets sp�cialis�s face � la corruption et aux risques de corruption dans les transactions commerciales internationales par exemple. Parmi ces futurs cadres, un nouveau m�tier prend place dans nombre de soci�t�s : c�est celui de d�ontologue. La mise en application de diverses conventions contre la corruption, dont celle de l�OCDE de 1997 p�nalisant la corruption d�agents publics �trangers dans les transactions que nous venons d��voquer, am�nent les entreprises � les prendre en compte et � les int�grer dans la gestion de leurs activit�s. Les conf�renciers et les participants au colloque ont �labor� des recommandations � lors d�une table ronde anim�e par M. Daho Djerbal, enseignant d�histoire � l�universit� et directeur de la revue NAQD �, recommandations pour la poursuite de la r�flexion et de l�action afin de contribuer � la promotion des droits de l�homme, de la citoyennet� et la lutte contre la corruption dans le secteur de l�enseignement � tous les niveaux, avec et en direction des jeunes et des personnels de l��ducation, tout en favorisant les �changes d�exp�riences entre les organisations qui �uvrent dans ce sens. Les nombreux participants � ce colloque ne sont pas repartis les mains vides : une abondante documentation leur a �t� distribu�e lors de cette rencontre. Des perspectives ont �t� d�finies pour mener des actions concr�tes sur le terrain. Lors de son colloque de 2006, l�Association alg�rienne consacrera une s�ance enti�re au th�me de la rencontre qui vient de se tenir : � la fois pour faire le point de la mise en chantier des recommandations et pour approfondir la r�flexion. L�universit� sera aussi � l�ordre du jour de r�unions similaires l�ann�e prochaine, r�unions dont la pr�paration a d�j� commenc�. A noter que les pouvoirs publics concern�s, pourtant invit�s, ont brill� par leur absence.
Djilali Hadjadj

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