Corruptions : UN INCORRUPTIBLE CHINOIS EMBASTILLE A VIE
Les francs-tireurs sont r�prim�s


Un cadre du parti communiste chinois qui avait os� publiquement s'�lever contre les ambigu�t�s de la lutte contre la corruption vient de payer cher le prix de son audace : Huang Jingao, secr�taire du parti dans un district de la province m�ridionale du Fujian, a �t� condamn� � la prison � perp�tuit�... pour corruption : un tribunal de la ville de Nanping l'a accus� d'avoir touch� pr�s de 500 000 euros de pots-de-vin.
Ses partisans et les d�fenseurs des droits de l'homme voient dans cette sentence la r�solution du pouvoir � sanctionner un homme qui avait outrepass� les limites en d�non�ant la corruption des officiels. En ao�t 2004, M. Huang avait publi� une lettre ouverte sur le site du Quotidien du peuple dans laquelle il se plaignait de �ne pas pouvoir obtenir de soutien de la part des responsables locaux� et d�crivait les �r�gles non �crites� gr�ce auxquelles les caciques du parti se prot�gent mutuellement pour camoufler leurs enrichissements ill�gaux. Il d�non�ait en particulier les pactes de corruption nou�s entre bureaucrates et promoteurs immobiliers dans son district du Liangjiang, se traduisant par des expropriations fonci�res dont �taient victimes les paysans. L'affaire avait fait grand bruit : les internautes s'�taient d�cha�n�s sur la Toile, f�licitant Huang Jingao pour son courage et sa d�termination. Non moins remarquable avait �t� le fait que le Quotidien du peuple se hasarde � publier un tel texte. �En diffusant ce texte, Huang d�montre sa confiance dans le pouvoir de l'opinion publique�, avait m�me soulign� le China Daily, quotidien anglophone, qui se f�licitait que �les m�dias jouent un r�le croissant dans la d�nonciation de la corruption�. Dans une interview qu'il avait donn�e au South China Morning Post de Hongkong, M. Huang avait d�clar� vouloir que �la voix d'un secr�taire du parti plong� dans une situation d�sesp�r�e soit entendue�. �Au plus haut niveau, on ne sait pas ce qui se passe. Les responsables doivent savoir la v�rit� !� avait-il ajout�, pr�cisant que sa vie �tait en danger, qu'il vivait sous la menace des cadres qu'il soup�onnait de pratiques frauduleuses dans son district. �Je porte d�sormais un gilet pare-balles�, avait-il pr�cis�. M. Huang avait d�j� �t� menac� quand il �tait un officiel de Fuzhou, capitale provinciale du Fujian, o� il avait d�voil� un scandale dans la fili�re porcine. �Cette condamnation montre que la lutte contre la corruption n'est l�gitime que si elle est men�e par le parti lui-m�me, � l'exclusion de tout franc-tireur au sein du syst�me. C'est un message tr�s clair envoy� aux cadres�, affirme Nicolas Becquelin, responsable de l'organisation Human Rights in China, bas�e � Hongkong. �En fait, selon lui, si les lois �taient appliqu�es, une grande partie des entrepreneurs et la plupart des membres du parti iraient en prison...� Selon un rapport r�cent de l'OCDE, la corruption en Chine repr�sente entre 3% et 5% du PNB, c'est-�-dire entre 40 et 60 milliards d'euros.

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