Actualit�s : FIN DU SOMMET EURO-MEDITERRANEEN DE BARCELONE
La �gouvernance � distance�, ou le Maghreb sentinelle de l�Europe
De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari


A Barcelone II, l�Europe a voulu le beurre, l�argent du beurre et le consentement imm�diat de la cr�mi�re. L�Union europ�enne (UE) laisse tomber les principes fondateurs de novembre 1995 de la Costa Brava en leur substituant des m�canismes unilat�raux, �go�stes et durs � supporter pour les �Sudistes� de la mer ch�re � Ulysse. Le Maghreb, par exemple, ne pourra �tre aux yeux des Europ�ens qu�une sentinelle, gardant les c�tes sud de l�Europe et tirant � vue sur les Africains d�sireux d�aller au-del� de Gibraltar.
Et de constituer la zone de libre-�change �conomique id�ale pour l��coulement des marchandises des biens du Nord vers le Sud. De glissement en glissement et de reniement en reniement, voil�, maintenant, qu�il est propos�, sans vergogne et sans aucune valeur ajout�e, � Alger, Tunis, Rabat et Tripoli de devenir des �Ceuta� et de �Melilla� pour le confort du Nord et pour emp�cher les pauvres et les laiss�s-pour-compte africains de tenter leur �chance�, ailleurs, l�-bas, au-del� de Gibraltar o�, para�t-il, �l�herbe est plus verte�. Tritur�, bien avant l�ouverture du conclave de Barcelone, par une r�vision �vicieuse�, unilat�rale et �go�ste de la part de l�UE, le sommet c�l�brant l�an 10 du processus portant le nom de la capitale catalane s�est achev� hier. Il faut, tout de suite, se rendre � quelques �vidences. L�une d�elles est que les th�ses du Royaume- Uni m�me si elles n�ont pas emport� l�adh�sion impr�gnent, dor�navant, la suite de ce que deviendra � ou ne deviendra pas � le processus de Barcelone. C�est, pratiquement, un plan quinquennal, sans aucun engagement �conomique, politique ou financier pr�cis ou s�rieux, que se proposent d�imposer les Europ�ens du Nord � leurs voisins, d�munis, du Sud. Cette �gouvernance � distance�, synth�se hybride entre les principes fondateurs �dict�s � Barcelone en 1995 et la strat�gie am�ricaine dite �GME�, est une v�ritable cons�cration de l�ultralib�ralisme outrancier, et � terme, dangereux, cher aux USA et port� avec d�termination et vaillance par Tony Blair, qui pr�side, pr�sentement, aux destin�es de l�Europe. La �gouvernance � distance� pr�sente cet immense avantage pour les �Nordistes� de la M�diterran�e qui sont les mieux nantis, de limiter les �souverainet�s� des Sudistes en se lavant les mains des �volutions qui peuvent �tre dramatiques pour la plupart des pays arabes du pourtour m�diterran�en. Au lieu de s�inscrire dans l�esprit et la lettre de la d�claration de Barcelone en 1995 visant � cr�er les �conditions d�une paix, d�une s�curit� et d�une prosp�rit� partag�es�, les Vingt-cinq sous la houlette du duo le plus ultralib�ral et le plus pro-am�ricain qui puisse exister en Europe, Tony Blair - J. M. Barroso, pr�sident de la Commission europ�enne, ont privil�gi� une autre d�marche et une philosophie oppos�e � l�acte fondateur de novembre 1995. La nouvelle vision fait l�impasse sur les besoins de d�veloppement, de stabilit� �conomique et politique dont ont cruellement besoin les Sudistes du pourtour m�diterran�en. Cette �gouvernance � distance� �vacue par un tour de passe-passe le conflit isra�lo-arabe, ne pipe mot sur la question sahraouie et renvoie aux calendes grecques sinon arabes (ce qui serait encore plus angoissant !) toutes les questions qui d�rangent. En ce sens, Barcelone II a plus ressembl� aux r�unions des sinistres Ligue arabe et UMA qu�aux traditionnellement s�rieux conclaves de l�Union europ�enne. Ce qui est inqui�tant, c�est que cette tendance, lourde, va marquer pour encore de longues ann�es les relations entre le nord et le sud de la M�diterran�e. L�Europe rattrap�e par ses vieux d�mons et marqu�e � la �culutto� par les USA a refus� la voie de la hardiesse pour emprunter celle de la compromission, de l��go�sme et des calculs d��picier. C�est dommage ! En attendant, la �gouvernance � distance� ne r�glera rien. Absolument rien. La lutte antiterroriste marin�e � la sauce anglo-am�ricaine et comment arr�ter les flux migratoires africains vers l�Europe, les deux seuls axes, en d�finitive, qui aient r�ellement capt� l�attention des Europ�ens, ne seront pas efficaces et n�aboutiront pas � des r�sultats s�rieux. Pour la simple et unique raison que les m�mes causes produisent les m�mes effets et qu�en l�occurrence, r�duire le Maghreb et les autres pays arabes du sud de la M�diterran�e � un marais, une zone-tampon de protection pour l�Europe, en extirpant Chypre, Malte et � un degr� moindre la Turquie de la m�l�e, est une d�marche qui n�a pas de nom. Elle est tout autant d�mentielle que dangereuse.
A. M.

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