Vingt ans nous s�parent de la disparition de l�artiste peintre M�hamed Issiakhem. Un artiste qui, sans conteste, a exerc� une influence majeure sur la peinture moderne maghr�bine. Parmi ceux qui pouvaient d�crire M�hamed Issiakhem figure en premi�re place Kateb Yacine. Pour l��crivain, son ami le peintre �tait un narrateur in�puisable.
�Il me racontait son enfance, sa vie de tous les jours, jusqu'� notre rencontre. Il se livrait enti�rement, ce qui ne l'emp�chait pas d'affabuler et de brouiller les pistes, lorsqu'il se laissait prendre au charme du r�cit. Il devenait alors un grand �crivain, sauf qu'il parlait au lieu d'�crire. La plus vive sensibilit�, une intelligence toujours en �veil, le don du verbe et du geste, tout lui appartenait, et il usait de tous ces dons, en tyrannique virtuose, mais aussi en martyr, car il vivait toujours sous le choc de cette maudite grenade am�ricaine, qui lui explosa dans la main, et qui ne finissait pas d'exploser dans sa vie. Que faisait-elle en Alg�rie, cette grenade am�ricaine ? Elle aurait d� servir � combattre les nazis. Au contraire, elle mutilait et tuait des enfants... Pour vivre la vie d'Issiakhem, il fallait exploser avec lui, pendant des heures, des nuits, et des semaines... Notre amiti� ne fut jamais limit�e aux artistes. Nous fr�quentions aussi des ouvriers, des �tudiants, des gens de tous les milieux. Nos amis �taient innombrables. Parfois, dans Paris ou � Mantes-la-Jolie, nous �tions une horde : acteurs, musiciens, man�uvres, ch�meurs...�. Un t�moignage de vie, d�une histoire, celle des personnages qui ont construit l�Alg�rie libre. Une Alg�rie riche de son pass� historique, litt�raire et artistique.
Sam H.
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