Actualit�s : CE MONDE QUI BOUGE
Euromed : � qui profite l��chec ?
Par Hassane Zerrouky


Au sommet de Barcelone, le contraste �tait saisissant. C�t� europ�en, personne ne manquait � l�appel : tous les chefs d�Etat et de gouvernement europ�ens �taient pr�sents, y compris ceux des pays candidats � l�adh�sion � l�Union europ�enne (UE) comme la Croatie ou la Roumanie. C�t� pays arabes m�diterran�ens, pas un seul chef d�Etat : tous repr�sent�s par leurs ministres des Affaires �trang�res ou leurs Premiers ministres.
Pour Tony Blair, dont le pays pr�side l�UE, et pour l�Union europ�enne en g�n�ral, cette absence des dirigeants arabes sonnaient comme un aveu de semi-�chec. Celui-ci �tait pr�visible. Le fait d�inverser les priorit�s du sommet (lutte antiterroriste et immigration ill�gale au d�triment d�une r�elle coop�ration �conomique devant d�boucher sur un march� m�diterran�en) n�y est pas �tranger. D�autant qu�aucun bilan n�a �t� fait sur dix ans d�un partenariat euro-m�diterran�en � sens unique, plut�t favorable � l��coulement des produits industriels de l�UE depuis sa cr�ation en novembre 1995. Or, en dix ans, le foss� s�est creus� entre les deux rives de la M�diterran�e. Alors que le PIB par habitant a augment� de 15% passant de 20 000 � plus de 30 000 dollars dans les pays de l�UE, celui des pays du sud de la M�diterran�e a stagn� pour ne pas dire qu�il est en recul. De plus, si les politiques de soutien financier � la mise � niveau et la modernisation des �conomies du Sud n�ont pas �t� � la hauteur des promesses contenues dans la d�claration de Barcelone de 1995, les pays arabes m�diterran�ens ont �galement leur part de responsabilit�. Bien qu�ils aient sign� les accords d�association, aucun des pays signataires n�a respect� la clause leur faisant obligation d��uvrer au respect des droits de l�homme et de la libert� d�expression et � la mise en place d�un cadre r�glementaire bas� sur un syst�me de gouvernance performant. Ce qui a fait dire au pr�sident du Parlement europ�en, Josep Borell, que la meilleure garantie pour �viter que les subventions europ�ennes aux pays du Sud ne partent en fum�e, r�side dans la r�alisation de �structures d�mocratiques solides garantissant l�avancement des r�formes, tout en assurant le contr�le de leur application�. Ajoutant : �Les objectifs �conomiques et politiques de Barcelone sont indivisibles et compl�mentaires. Nous ne devons pas nous �tonner qu�un blocage au niveau des objectifs politiques ait pour effet de ralentir la r�alisation des objectifs �conomiques.� Ou encore : �Les avanc�es dans les domaines de la d�mocratie et des droits de l�homme n�ont pas �t� suffisantes.� Et de d�clarer que �les clauses des droits de l�homme des accords d�association doivent se traduire par un programme d�action, assorti d�un m�canisme d��valuation r�gulier�. A l�instar, en quelque sorte, de ce qui s�est fait pour les pays candidats � l�adh�sion � l�UE. Il est �vident, en raison de liens historiques et culturels remontant au Moyen-Age et du fait d�une importante immigration maghr�bine, que les pays du Maghreb, dont plus de 80% des �changes se font avec l�UE, sont peut-�tre les seuls int�ress�s par une vraie relance du partenariat euro-m�diterran�en. De mani�re g�n�rale, les pays arabes m�diterran�ens du Proche-Orient � Egypte, Jordanie, Liban, Syrie � ont plus de rapports avec les Etats- Unis qu�avec l�Europe, et ce, en raison de la crise isra�lo-arabe et des accords politico-militaires liant certains d�entre eux � Washington. Pour ces pays, le partenariat euro-m�diterran�en ne constitue nullement une priorit�. De ce fait, l��chec de Barcelone est plus p�nalisant pour le Maghreb que pour le Machrek. Sur ce plan-l�, l�Alg�rie, le Maroc et la Tunisie devraient d�passer leurs probl�mes et se concentrer sur leurs propres int�r�ts et cesser d��tre � la tra�ne des pays du Machrek au nom d�une �solidarit� arabe� qui, telle qu�elle est con�ue et appliqu�e, ne leur a jamais rien apport� de positif.
H. Z.

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