Actualit�s : En quelques mots
Par Le�la Aslaoui


Durant les deux semaines �coul�es, la presse �crite ind�pendante a tent�, sans succ�s, de percer le black-out organis� autour de la sant� du premier magistrat du pays. L�occasion pour elle de mettre l�accent une �ni�me fois, sur la �culture du secret�, (Malika Boussouf Le Soir d�Alg�rie 7 d�cembre 2005), d�cid�ment bien incrust�e dans les m�urs politiques de notre pays et seul mode de gouvernance depuis 1962. Evoquer � nouveau la non-information serait redondant et donc sans int�r�t.
La question n�est plus en effet d�actualit�, car l�impatience citoyenne de savoir a c�d� le pas, aujourd�hui, � l�exasp�ration et � la lassitude. L�attente a des limites surtout lorsqu�il s�agit d�un �v�nement aussi grave que celui que nous vivons en ce moment. C�est dans cette totale opacit� qu�un ministre de la R�publique � minist�re de souverainet� s�il vous pla�t ! � m� par un coup de c�ur, doubl� d�un coup de sang, a cru judicieux et responsable de se lancer dans un violent r�quisitoire contre ceux �qui r�pandent des rumeurs cruelles contraires � nos valeurs nationales� (propos du ministre). Signe de d�liquescence de l�Etat, sa r�action �pidermique aux �rumeurs� ayant pu circuler � propos de la sant� du ministre de l�Int�rieur est profond�ment choquante. Comment admettre, en effet, que ce haut repr�sentant de l�Etat, cens� faire preuve de calme et de sagesse en pareille conjoncture, ait s�rieusement compliqu� les choses ? Comment expliquer qu�il ait totalement perdu son sang-froid et la ma�trise de ses nerfs, au point d�accorder de l�importance � ce que dit la rue ? �Rumeurs cruelles�, a-t-il invoqu� ! Ce ministre cens� faire de la politique son job, ignore-t-il qu�il s�agit l� d�un regrettable pl�onasme ? La rumeur � manipulation de l�opinion � est rarement � voire jamais � motiv�e par de bonnes intentions et toujours annonciatrice de mauvaises nouvelles. Elle n�est pas cruelle, laide ou m�chante. Elle est. Mais en v�rit� en adjoignant l�adjectif �cruelles� � �rumeurs�, quelle le�on at- il entendu ass�ner � la �pi�taille� que nous sommes laissant exhaler sans retenue sa col�re ? Nous reproche-t-il d'�couter et de croire ceux qui s�emparent de la �communication� pour r�pandre des rumeurs cruelles ? Si la r�ponse � cette question est affirmative, il y a lieu alors de rechercher le vrai coupable. Ce n�est certainement pas le citoyen contraint de subir la rumeur, sa seule source �d�information�, d�hier et d�aujourd�hui. L�auteur des �rumeurs cruelles� me fait penser � une victime de vol s�v�rement r�primand�e par un policier en ces termes : �Pourquoi avez-vous utilis� votre portable dans la rue ? Les voleurs n�attendent que cela !� Celle-ci, provocatrice du d�lit, celui-ci cruel et inhumain, parce que glanant des nouvelles l� o� il peut. Quand donc le politique cessera-t-il d�inverser les r�les en se soustrayant � ses responsabilit�s ? En ayant d�cid� de rompre le silence, ce ministre au style verbeux, a surtout parl� pour ne rien dire. De deux choses l�une : a) Ou bien la rumeur n��tait qu�un galimatias de potins, de racontars, de scoops et ne m�ritait dans ce cas aucun commentaire de sa part. b) Ou bien il lui accorde du cr�dit � c�est ce qu�il a fait m�me s�il l�a d�menti � et il assimile parfaitement bien dans ses m�canismes internes de commis de l�Etat, que la rumeur est source d�information. En cons�quence, de quoi il y a lieu de conclure qu�il n�existe aucune diff�rence entre lui et les �cruels�. A quoi et � qui faisait-il allusion lorsqu�il s�est dit �choqu� par de tels comportements ?� Quels seraient, en effet, ces mutants au c�ur de pierre capables de se r�jouir face � la maladie ou � la mort ? Deux fl�aux � faut-il rappeler cette banalit� ? � �quitablement partag�s par les hommes : riches ou pauvres, petits ou grands, brillants ou m�diocres, jeunes ou vieux. A moins que la le�on de ce ministre �tait tout bonnement de nous dire que nous n�avions pas le droit de �parler de la maladie� de nos gouvernants ? Un chef d�Etat a parfaitement le droit d��tre malade. Notre droit � nous est de savoir. Est-ce celle-l� notre cruaut� ? Habitu�s aux hospitalisations secr�tes de nos gouvernants, les Alg�riens n�auraient peut-�tre pas cherch� � comprendre si un communiqu� officiel de la pr�sidence de la R�publique ne les avait pas inform�s de l�admission du chef de l�Etat � l�h�pital militaire de A�n- Na�dja et de son transfert, la nuit m�me, au Val-de-Gr�ce, pensant �tre trait� pour une fois comme des citoyens, ils n�ont pas compris et support� le black-out qui a suivi. Pour quelles raisons nous avoir alors inform�s si nous n�avions pas le droit d�en savoir plus ? Est-ce � cause du sommet de Barcelone ? Est-ce en raison de la rencontre des pr�sidents des Cnes national et �trangers au Palais des nations ? R�union dont l�ouverture solennelle devait �tre faite par le pr�sident Bouteflika. Qu�importe la vraie raison ! Qu�importe la v�ritable raison puisque les questions auxquelles nous aurions souhait� des r�ponses claires demeureront des interrogations ! Jusqu�au jour o� l�on d�cidera en �haut� que le moment est venu de nous dire la v�rit�. A moins que l�on ne nous dise rien et que le malade reprenne ses fonctions pr�sidentielles comme s�il ne s��tait rien pass�. J�arr�te l� mes supputations car je risque d��tre accus�e de r�pandre des �rumeurs cruelles�. Mais au fait rumeur pour rumeur, quel est le responsable (les responsables) de la th�se fielleuse de l�empoisonnement ? Qui visait-on ? Et pourquoi ? Voulait-on ajouter au �palmar�s� sciemment entretenu et enrichi par ceux qui voient en l�arm�e alg�rienne la source de tous les maux, �l�infraction d�empoisonnement� ? Cette fois-ci ils ont m�me d�pass� une journaliste �trang�re connue pour �tre atteinte de maladie chronique et obsessionnelle � l��gard de l�ANP. Elle se serait faite une joie certaine de donner cr�dit � cette th�se si elle avait pu, tant son d�sir d��pingler les officiers sup�rieurs de l�ANP est r�el et profond ! Ses �crits relatifs � l��tat de sant� du chef de l�Etat ne font pas allusion � ces balivernes mais � autre chose. V�rit� ? Mensonge ? Rumeur ? Le ministre �des rumeurs� aurait d� donc nous dire quel clan r�pandait ces nouvelles, ciblant non pas Monsieur-Toutle- monde mais d�autres personnes. Est-ce cela qui a donn� des ailes � un s�nateur ( Le Soir d�Alg�rie du 8 d�cembre) du tiers pr�sidentiel amen� � comparer des terroristes sanguinaires � d�anciens responsables de l�arm�e, aujourd�hui retrait�s. Offense � corps constitu�, la comparaison est par essence diabolique et loin d��tre innocente. Offense � corps constitu� car contrairement au s�nateur qui cesse un jour de l��tre, un g�n�ral le demeure � vie. Ce s�nateur peut aujourd�hui insulter d�authentiques r�publicains puisque gr�ce � leur protection il a pu traverser les ann�es de terrorisme sans �tre inqui�t�. Peut-�tre m�me �tait-il heureux en ce temps-l� que l�un d�entre eux lui adresse un salut. Sans doute se retournera-t-il demain contre ceux qui l�ont fait s�nateur. Cela n�est pas une rumeur. Au fond, la grande le�on que l�on peut retenir quel que soit le degr� de gravit� de l��tat de sant� du pr�sident est que la maladie nous enseigne la d�rision et la relativit� des choses. Cela m�am�ne � conclure que nos gouvernants devraient toujours avoir pr�sent � l�esprit cette r�gle banale mais trop souvent oubli�e par ceux qui ont le pouvoir : rien, absolument rien n�est �ternel. Rien, absolument rien, n�est acquis, tout le reste n�est que rumeurs !
L. A.

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