Panorama : KIOSQUE ARABE
Ils ne perdent rien pour attendre !
Par Ahmed HALLI
halliahmed@hotmail.com


La sant� de Sharon ne m'int�resse pas beaucoup. Je ne le hais pas mais je ne suis pas pr�t � m'en faire un ami m�me si cette denr�e est rare en ce moment. Plus prosa�quement, je dirai qu'il est trop loin, humainement et g�ographiquement parlant, pour pouvoir me captiver. Sharon a �t� �lu d�mocratiquement et c'est en toute d�mocratie qu'il lutte contre la mort.

Il �tait d�j� un d�mocrate lorsqu'il a massacr� les habitants de Sabra et Chatila, il y a bient�t quatorze ans. Je n'oublie pas le responsable des tueries mais je ne perds pas de vue que Sharon, le soudard, a �t� r�guli�rement �lu par son peuple. Contrairement � nos propres bourreaux. Et puis, je serais bien coupable de n�gliger la loi de proximit� qui s'impose dans ma profession. Aussi, je ne m'�talerai pas sur le coma de Sharon mais sur celui, bien naturel et tr�s impr�visible, dans lequel est plong�e l'actrice �gyptienne Souad Nasr. Je n'ai qu'� jeter un coup d'�il sur la carte pour que la r�alit� m'apparaisse : l'h�pital du Caire est plus proche d'Alger que celui de J�rusalem. De plus, Souad Nasr est autrement plus attachante que Sharon m�me si ce dernier a plus de chances de survie, en apparence, que Souad. Ne comptez pas sur moi pour vanter les m�rites des h�pitaux isra�liens au d�triment des m�mes �tablissements �gyptiens. Encore que la tentation est tr�s forte et je vous prends � t�moin : Souad Nasr est dans un coma profond depuis quinze jours � cause d'une erreur d'anesth�sie. Bien avant �a, l'erreur a �t� de choisir une clinique priv�e sp�cialis�e dans la liposuccion. C'est la proc�dure qui consiste � pr�lever par aspiration les surplus de graisse sous la peau. Chez Souad Nasr, parler de surplus de graisse aurait �t� bien en de�� de la r�alit�. Elle s'�tait laiss�e envelopper au fil des ans et elle a cru qu'un s�jour dans cette clinique sp�cialis�e du Caire allait lui rendre son �l�gante silhouette d'antan. Il y a quelques ann�es Souad Nasr avait sacrifi� � la mode en renon�ant � son m�tier et en adoptant le �hidjab�. Elle �tait d�j� grassouillette mais sa nouvelle vie de �repentie� lui a fait oublier certaines r�gles di�t�tiques essentielles. Elle �tait devenue �norme, nous pr�cise notre confr�re du magazine Elaph, Khaled Mountassar. Son mari, un homme d'affaires (1) l'avait r�pudi�e il y a un an en lui reprochant de trop se n�gliger. On peut croire que si le vilain mari avait �t� afflig� de la m�me surcharge pond�rale, il n'aurait pas eu autant de malheurs. D'ailleurs, la bedaine, ils n'en ont cure tant qu'ils ont des ch�quiers � exhiber en guise de sex-appeal (2). C�t� cin�ma encore, le mouvement �gyptien des Fr�res musulmans a rat� son entr�e. En p�riode �lectorale, les responsables du mouvement ont multipli� les d�clarations rassurantes sur l'art en g�n�ral. Leur aum�nier, Mehdi Akef, avait m�me affirm� qu'il aimait le cin�ma et qu'il ne s'empresserait pas de fermer les salles et les sites de production s'il arrivait au pouvoir. Mehdi Akef n'a pas encore les destin�es de l'Egypte entre les mains mais il a exerc� son pouvoir : celui de refuser d'assister � la premi�re d'un film. C'est le r�alisateur Khaled Youssef qui vient de le confirmer. Il avait invit� Mehdi Akef, en m�me temps que d'autres personnalit�s, � la projection de son nouveau film Widja. Le responsable supr�me des Fr�res musulmans a brill� par son absence. Selon la tradition islamiste, on peut promettre n'importe quoi � n'importe qui. Seul le r�sultat compte et les hommes ne sont jug�s que sur leurs actions et non sur leurs intentions. C'est dans le b. a. -ba des enseignements de l'Islam politique. L'autre branche du mouvement, la syrienne en l'occurrence, nous fait la d�monstration cette semaine. Son leader s'est dit pr�t � conclure une alliance avec le s�ditieux Abdelhalim Khaddam � une seule condition : que le sieur Khaddam ne se revendique pas de la qualit� d'opposant. En mati�re d'�tiquettes � accoler � l'ancien vice-pr�sident de la Syrie, les opposants syriens ont pourtant l'embarras du choix. Chaque jour qui passe apporte son lot de patronymes peu charitables pour l'h�te encombrant de la France. Les termes les plus en vogue sont ceux approuv�s par le comit� central du Baath. Abdelhalim Khaddam, qui est en passe de battre le record des 99 noms, y est trait� successivement de : l�che, menteur, moins que rien, avilissant, opportuniste, tra�tre, pr�somptueux, dragon insatiable, le dernier trait empoisonn� contre la patrie, le chameau galeux, le chamelier galeux, le d�gueulasse, le minable, l'ennemi. Ouf ! Il y a mieux, fort heureusement. Abdelhalim Khaddam n'a jamais fait de d�claration de patrimoine mais ses anciens compagnons compatissants s'en sont charg�s. Ainsi, selon les informations de bonne source publi�es sur le site Internet �Cham Press�, la fortune des Khaddam s'�l�verait � plus d'un milliard de dollars, dont 700 millions de dollars en liquides. Khaddam, son �pouse et ses enfants qui poss�dent aussi la nationalit� saoudienne seraient propri�taires de nombreux biens immobiliers et des commerces tant en Syrie qu'au Liban et en France. �Cham Press� affirme que, durant les vingt derni�res ann�es, Khaddam aurait re�u de Rafik Hariri pr�s de 500 millions de dollars. Une partie de ces dons aurait consist� en palais et demeures cossus ainsi que deux luxueux yachts. Le fleuron des palais offerts par Hariri serait situ� sur l'avenue Foch � Paris et aurait appartenu � la fille du c�l�bre armateur grec Onassis. De l'argent liquide aurait �t� aussi d�pos� dans des comptes en France, en Suisse et au Liban. Le site livre encore une liste des biens que poss�de la famille � Damas. On y trouve de grands restaurants � la mode dans la capitale syrienne et des centres commerciaux au nom des enfants Khaddam. Sa fille exploitait ainsi une boutique de pr�t-�-porter de luxe, v�tements import�s directement et r�guli�rement de Paris, sans acquitter les droits de douane. Toutes ces informations sont fournies gracieusement par le r�gime syrien. Comme quoi, rien ne sert de vitup�rer contre les d�put�s qui ne veulent pas s'astreindre � la d�claration de patrimoine. Ils ne perdent rien pour attendre ! A propos de corruption, que penseriez-vous d'un journal qui publie opportun�ment une interview de B�char Al- Assad, moins de quatre ans apr�s celle de Saddam. C'est, en effet, l'hebdomadaire �gyptien Al-Ousbou� qu'a choisi le dictateur alaouite pour r�pliquer � son ancien acolyte Khaddam. Si certains y voient le pr�sage de la prochaine chute de B�char, d'autres peuvent sentir l'odeur de l'argent qui s'exhale du papier journal. Pourquoi B�char a-t-il choisi donc Al-Ousbou' ? Parce que, selon son directeur, Mustapha Bakri, Al-assad aurait appr�ci� les positions nationalistes du journal. On en croit pas un mot, bien s�r. En fait, Al- Ousbou� qui chante les louanges d�Al Zarqaoui et fait l'apologie de Saddam est un journal opportuniste comme il en existe chez nous. Il se fournit � la veine islamiste apr�s avoir �puis� le filon nationaliste. Dans les milieux professionnels, Mustapha Bakri est plus per�u comme un agent stipendi� que comme un journaliste professionnel. Chez nous, il aurait m�rit�, il y a quelques ann�es, le titre de �sid al commissar�.
A. H.

(1) C'est le cas de la plupart des artistes �gyptiennes. Elles suivent le m�me itin�raire comme sur un circuit organis� : elles �pousent des hommes d'affaires, retrouvent la foi et renoncent � leur vie professionnelle. Un vrai conte de f�es qui finit souvent en cauchemar comme dans le cas de Souad Nasr.
(2) L'image est de mon d�funt confr�re et ami Djamal Bensa�d.

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