Actualit�s : L'APPEL A MANIFESTER CONTRE LA LOI DU 23 FEVRIER
Abroger toute la loi ou son seul article 4 ?
De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed


La semaine derni�re, plusieurs dizaines d�organisations ont appel� � manifester � Paris, le samedi 25 f�vrier prochain, contre la loi vot�e par le Parlement fran�ais le 23 f�vrier 2005 qui glorifie l�action du colonialisme fran�ais en Afrique du Nord et dans les territoires d�Outre-Mer.
Initi� par le Mouvement contre le racisme et pour l�amiti� des peuples (MRAP) et le Parti communiste fran�ais (PCF), l�appel au rassemblement du 25 f�vrier prochain, pr�sent� en conf�rence de presse et qui a vu plusieurs associations y adh�rer, d�nonce la colonisation qui �n�a pas jou� un r�le positif, car elle s��tait toujours fond�e sur la violence, l�humiliation, la d�possession, la sup�riorit� d�un peuple sur un autre, le racisme �tant son fondement exclusif� et qui, en soi, est �inacceptable�. De ce fait, les signataires de l�appel �rejettent la r��criture du texte et exigent l�abrogation pure et simple de cette loi de la honte�. C�est pr�cis�ment sur ce rejet pur et simple de toute la loi que s�insurge un communiqu� �mis hier par l�association Harkis et Droits de l�Homme. Dans son communiqu�, cette association d�clare qu�elle sera absente de la manifestation du 25 f�vrier prochain comme de toute manifestation qui demanderait l�abrogation totale de la loi. Elle rappelle qu�elle s�est exprim�e tr�s t�t (le 8 janvier dernier), par un communiqu�, contre l�article 4 et l�article 13 (r�habilitant l�OAS) de cette loi. Si cette loi, d�clare l�association Harki et Droits de l�Homme, comporte de graves lacunes et notamment celles relatives � �la responsabilit� de l�Etat dans le drame des harkis� ; si avec les articles 4 et 13, cette loi amalgame la probl�matique de la reconnaissance du drame des harkis avec celle de la reconnaissance des bienfaits de la colonisation�, elle estime qu�il est �inappropri�, fonci�rement inhumain et scandaleux que les autres articles de la loi, concernant sp�cifiquement les harkis, puissent faire l�objet d�une demande d�abrogation�. Dans son premier communiqu�, qu�elle continue � assumer et revendiquer, l�association Harkis et Droits de l�Homme qui se bat pour demander � la France r�paration des injustices subies par les harkis et leurs familles, et qui a toujours eu des positions tr�s avanc�es sur les m�faits de la colonisation, d�clarait en substance : �La colonisation est une entreprise ind�fendable et vouloir dominer une population, m�me au nom d�un projet civilisateur, est contraire � toute id�e de droits de l�homme�. Elle y exprime de nombreux refus et notamment celui de �rester otage des d�fenseurs de l�Alg�rie fran�aise� ; celui de �porter la responsabilit� incombant aux parlementaires ayant vot� la loi� comme aussi �le refus d��tre pris en otage entre une droite hypocrite et une gauche arrogante�. Pour toutes ces raisons et pour d�noncer aussi �l�abandon, par l�Etat fran�ais, des harkis lors de l�ind�pendance de l�Alg�rie et leur enfermement dans les camps� et qui sont aussi, dit encore l�association, �les preuves vivantes de l��uvre n�gative de la colonisation�, ses membres demandent non pas l�abrogation de toute la loi, mais celle de ses articles 4 et 13. Cette association n�est pas la seule � ne pas demander l�abrogation de toute la loi. SOS Racisme, soutenu par le Parti socialiste (PS) demande, dans un communiqu� sign� avec une cinquantaine d�organisations, dont la Ligue communiste r�volutionnaire (LCR) et la Ligue des droits de l�homme (LDH ) �l�abrogation pure et simple de l�article 4�. Ces signataires demandent � �tre re�us le 23 f�vrier prochain par Jean-Louis Debr�, pr�sident de l�Assembl�e nationale. C�est � ce dernier, rappelons- le, que le chef de l�Etat a confi� la mission d�apaiser la pol�mique engendr�e par l�article 4 en pr�sentant une nouvelle mouture de cet article. Dans cette optique, le pr�sident de l�Assembl�e a demand� aux pr�sidents des quatre groupes parlementaires de l�Assembl�e de d�signer chacun un d�put� pour l�aider � �laborer ces propositions. Pour l�heure, celles-ci ne sont pas pr�tes encore. Mais si l�on s�en tenait � certaines derni�res d�clarations, nous sommes loin d�une abrogation pure et simple de l�article 4 ou d�une profonde refonte. Debr� a en effet indiqu� mardi dernier que la nouvelle r�daction de l�article 4 �ne sera l�expression ni d�une repentance, ni d�un renoncement, ni d�un reniement� et au m�me moment Bernard Accoyer, pr�sident du groupe UMP � l�Assembl�e, estimait que cet article pouvait faire l�objet d�un �d�classement� ; autrement dit, ��tre consid�r� comme une disposition r�glementaire et non l�gislative� et ceci permettrait, a-t-il soulign�, �d�ouvrir la porte � une r��criture dans le consensus et par d�cret�. Il est, comme on le voit, des plus illusoires de croire qu�en cette veille bouillonnante d��lections � combien capitales en France (la campagne pour les pr�sidentielles battant son plein, m�me si officiellement elle n�a pas d�marr�) l�on puisse sacrifier le potentiel �lectoral d�anciens d�Alg�rie, de nostalgiques coloniaux de tous bords et de l�extr�me droite en g�n�ral au b�n�fice d�un hypoth�tique trait� d�amiti� avec l�Alg�rie, qui ne sera s�rement pas sign� avant les prochaines �lections. Les coud�es sont d�autant plus franches pour ceux en charge de la r��criture de l�article incrimin�, qu�outre des progressistes fran�ais et d�outremer, les dirigeants d�anciens territoires colonis�s d�Afrique du Nord (pourtant nomm�ment cit�e) n�ont manifest� aucune r�action � cet article de loi. Le feront-ils avant le rassemblement du 25 f�vrier prochain ? Rien n�est moins s�r.
K.B.-A.

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