Actualit�s : DESSINS DANOIS ET PHARISAISMES ARABES
Le Proph�te et les Vikings
De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari


Dans cette histoire de dessins danois, le Proph�te Mohamed se serait bien pass� de la d�fense de son message par des r�gimes dictatoriaux, corrompus, d�cadents et liberticides. De ce point de vue, les Vikings � o� les Etats sont impuissants devant la m�re des libert�s, celle de la presse � sont plus proches de l��uvre lib�ratrice du Proph�te des musulmans que les Arabes...
La Commission europ�enne estime, dans un communiqu� rendu public, que les caricatures blasph�matoires publi�es par un journal danois sont �peu opportunes� et �ne facilitent, certainement, pas le dialogue entre les religions�. Cependant, l�ex�cutif europ�en consid�re �inacceptables� les menaces de �repr�sailles�. Si M. Franco Frattini, vice-pr�sident de la Commission europ�enne et Italien de son �tat, �comprend les sentiments de frustration, d�affront et de chagrin� des musulmans, il consid�re, toutefois, �les chantages, les appels � boycotter les produits danois ou � limiter la libert� de la presse� totalement �inacceptables�. Dans leur ensemble, les Etats europ�ens sont particuli�rement �pi�g�s� par cette histoire � pas catholique ni musulmane, du tout, par ailleurs � de dessins danois. En effet, il faut croire le Danemark et la Norv�ge lorsqu�ils disent ne rien pouvoir contre la libert� de la presse et que les chancelleries n�ont pas � pr�senter des excuses pour des faits qui ne leur sont pas imputables. Un Etat d�mocratique, le Danemark l�est, cela ne doit pas faire l�ombre d�un doute, n�a pas � s�occuper de la presse, ni de ses zones d�ombre ni de lumi�re. Tout cela est du ressort de la diffamation et cette derni�re, chez les Vikings, est trait�e par le droit et la justice totalement ind�pendants. Copenhague n�est ni Damas, ni Tunis, ni Alger, ni Kaboul, ni Rabat, ni Khartoum. Les Vikings n��tant pas des Arabes. Ici, dans les pays nordiques (Su�de, Danemark, Finlande, Norv�ge), les gouvernements sont totalement impuissants devant la m�re des libert�s, celle de la presse. Le jour o� les Etats arabo-musulmans seront emmen�s � �tre aussi �impuissants� devant les libert�s de leurs peuples, le Proph�te des musulmans sera mieux prot�g�. Par ailleurs, ici, en Europe, des voix autoris�es du culte musulman n�accompagnent pas l�unanimisme r�gressif qui a surgi suite � la pol�mique. Ghaleb Bencheikh est de celles-ci. Selon lui, ce qui serait attribu� au Proph�te Mohamed est �la prohibition ou la proscription d�une sculpture, statue ou m�me un dessin�. De l�avis de Ghaleb Bencheikh, cet interdit a pour but de ne pas permettre �l�idol�trie�. Les interdictions sont donc tout simplement de cet ordre pas d�un autre. A travers l�histoire de l�Islam, il y a eu, au demeurant, de la sculpture et de l�art pictural. Par rapport � la guerre de tranch�es actuelle d�clench�e par le dessinateur danois, Ghaleb Bencheikh y va d�une explication aussi rationnelle que convaincante : �Ce qui est insoutenable (dans les caricatures publi�es par le journal danois, ndlr) est le fait d�insinuer que le message du Proph�te et le Coran poussent � la violence.� �Que signifie, pr�cisera-t-il, une caricature o� l�on dessine une bombe sur la t�te d�un personnage qui est pr�sent� comme �tant le Proph�te Mohamed ?� Pour autant, et m�me si l�art d�coratif n�y �tait pas pr�pond�rant, il y a eu des repr�sentations humaines dans la civilisation arabo-musulmane. Il existe, selon G. Bencheikh, �et nul ne le conteste�, �des sculptures d�animaux dans les palais des califes et la cour des lions de l�Alhambra en est la preuve formelle�. Le visage du Proph�te Mohamed a �t� dans l�histoire musulmane repr�sent� par des �miniatures persanes� particuli�rement �belles�. Par la suite et Ghaleb Bencheikh consid�re que c�est une �r�gression�, on a pr�f�r� remplacer des dessins repr�sentant des symboles. Toujours est-il qu�il faut aussi se poser l�interrogation suivante : des pouvoirs dictatoriaux, corrompus, liberticides comme ceux de la plupart des pays musulmans qui feignent de s�offusquer qu�on ait port� atteinte au Proph�te Mohamed, ont-ils, au plan de l��thique, une quelconque cr�dibilit� ? La d�fense du dernier des messagers, selon le Coran, serait mieux assum�e par des Etats qui n�emprisonnent pas leurs �lites (�crivains, journalistes, cin�astes et penseurs). Ou qu�ils ne les contraignent pas � l�exil. De ce point de vue, mieux vaut �tre viking qu�arabo-musulman.
A. M.

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