Actualit�s : Heureux qu�ils n�aient rien vu

Une d�cade. Jour pour jour. Le 11 f�vrier 1996, une voiture pi�g�e explose rue Hassiba-Ben- Bouali, � Alger. Aux abords de la Maison de la Presse. Le Soir d�Alg�rie, le doyen des journaux ind�pendants, est particuli�rement cibl�. La b�tisse l�y abritant est totalement souffl�e par la d�flagration. Trois journalistes sont morts, parmi une trentaine d�autres citoyens.
Ce jour, funeste, Allaoua A�t Mebarek, Mohamed Dorbane et Djamel Derraza ont pay� de leur vie leur choix de poursuivre l�accomplissement d�une noble mission qu�ils savaient, par ailleurs, pertinemment p�rilleuse : �tre et demeurer journaliste. Ils l�ont �t�, jusqu�aux ultimes instants de leurs vies. Des vies que la b�te immonde a d�cid� d��courter. Heureux qu�ils ne soient pas encore de ce monde pour ne pas assister � une r�publique, qu�ils ont �prement d�fendue, faire peu de cas de leurs sacrifices. Heureux qu�ils n�aient rien vu de cette r�publique qui, dix ann�es plus tard et des milliers d�autres martyrs, harc�le jusque le devoir de m�moire. Pis, qui fait place honorable aux terroristes islamistes, en m�me temps qu�elle enferme dans ses ge�les glaciales des journalistes dont le seul �crime� est d�avoir fait l�effort d�un exercice convenable du m�tier. En effet, en 2006, �crire expose au b�illon. Rien qu�un petit billet peut valoir � son auteur un billet d��crou. Alors que l�aveu public de crimes de sang les plus abjects n�expose � nulles poursuites. Ainsi en est-il de la r�publique aujourd�hui. Au nom d�une paix slogan, le pouvoir, depuis 1999, soumet la r�publique � une cascade de reniements. De �ne leur (les repentis, ndlr) rappelez pas leur pass� au chapelet de textes de loi en pr�paration devant consacrer � nouveau et davantage l�impunit� pour les terroristes islamistes, la r�publique aura c�d� sur tout. Surtout sur l�essentiel. L�offense � la m�moire des martyrs de la d�mocratie n�est pas � mettre au chapitre des inadvertances politiques qu�un pouvoir pourrait commettre. Elle est permanente, entretenue par l�ent�tement � aller crescendo dans la concession aux assassins. Un ent�tement par ailleurs si dangereux qu�il ne pr�munit aucunement le pays contre la tentation islamiste. Bien au contraire. Que Mezrag tonne � qui veut bien l�entendre qu�il n�est nullement sevr� de sa conviction th�ocratique a s�rieusement de quoi inqui�ter, � plus forte raison lorsque l�on prend acte de toute la latitude dont il jouit � d�clamer un tel la�us. Ne s�est-il pas offert tout r�cemment une large tribune m�diatique, alors que se font de plus en plus courtes les colonnes pour les hommages � rendre aux confr�res assassin�s ? Voil� o� nous en sommes arriv�s. Mais faudra- t-il, pour ne pas d�plaire au fort du moment, ravaler ses convictions et s�efforcer � l�amn�sie ? Le devoir de m�moire, c�est le minimum que nous devons aux confr�res disparus, victimes du terrorisme islamiste. Nulle concorde, gr�ce ou charte ne devra nous en d�tourner. La r�publique finira bien par revenir de son �garement.
Sofiane A�t Iflis

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