Actualit�s : D�BAT A RSF SUR L'AFFAIRE DES CARICATURES
Choc des ignorances plut�t que des civilisations
De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed


Choc des ignorances, c�est le concept qui est souvent revenu dans les propos tenus par de nombreux orateurs lors du d�bat qu�organisait, jeudi, Reporters sans fronti�res � Paris et qui a r�uni de nombreuses associations, ONG, repr�sentants religieux, journalistes, hommes de loi et penseurs de diff�rentes tendances.

Il a beaucoup �t� question au cours de cette rencontre de battre en br�che un autre concept v�hicul� ici � tout bout de champ, celui du choc des civilisations. C�est d�une ignorance de l�autre, de sa culture, de sa croyance, a-t-il �t� affirm�, que naissent les incompr�hensions et qu�en l�occurrence s�est d�velopp�e la pol�mique qui a suivi la publication des caricatures danoises, les relais par certains titres de ces caricatures et l�escalade de la violence qui s�en est suivie. Renouons le dialogue et allons vers l�autre pour sortir de la spirale de la violence, c�est la voie choisie par les participants �pour prot�ger la libert� d�expression tout en assurant le respect des diverses sensibilit�s religieuses, pour �viter toute instrumentalisation�. Le consensus sur cette d�marche semblait parfait jusqu�� ce que Mohamed Bechari, pr�sident de la F�d�ration nationale des musulmans de France et vice-pr�sident du Conseil fran�ais du culte musulman (CFCM) n�a pas trouv� mieux que de quitter discr�tement une salle appelant au dialogue, et ce, d�s que la parole a �t� donn�e au directeur de France Soir, premier journal � relayer les caricatures danoises. Malgr� ce retrait, relev� et d�plor� par le directeur de France Soir, globalement un v�ritable �change a domin� tout au long des trois heures de d�bat qui ont permis � de nombreuses personnalit�s d�intervenir : le philosophe R�gis Debray ; Mohamed Bechari du CFCM ; l�historien et docteur en sciences des religions, Odon Vallet, le repr�sentant de l�ambassade du Kowe�t en France ; Soheib Benchikh, chercheur en sciences islamiques et ancien muphti de Marseille ; Ren� P�tillon, dessinateur au Canard encha�n� ; Lakhdar Bela�d, journaliste � France Soir ; Axel Krause, journaliste am�ricain, secr�taire g�n�ral de l�association de la presse angloam�ricaine � Paris ; Denis Garreau, avocat aupr�s du Conseil d�Etat et de la cour de cassation ; Rachid Benzine, islamologue et �crivain marocain (auteur des Nouveaux penseurs de l�Islam, Albin Michel) ; Moncef Merzouki, �crivain et universitaire tunisien ; Abbas Aroua, �crivain et universitaire alg�rien ; l��crivain Marek Halter et enfin No�l Copin, ancien directeur du journal La Croix. Si certains se sont exprim�s sur le sens � donner � la publication des caricatures, d�autres ont longuement insist� sur le fait que �la parole est responsable parce qu�elle peut tuer� et qu�en l�occurrence �le respect de la libert� d�expression doit aller de pair avec le respect des religions�. Pour R�gis Debr�, qui a longuement �voqu�, sous un angle historique, le conflit de devoir entre la libert� d�expression et le respect des croyances, ces deux expressions ne sont pas compatibles. D�veloppant sur le parcours historique en France de la place du sacr� et des luttes et du long processus historique qui a amen� � un compromis, il conclura qu�il faut laisser le temps au temps. �Le facteur religieux dans les pays musulmans, pour R�gis Debray, joue un r�le structurant, identifiant comme il y a deux ou trois si�cles en France. Mais, devait-il moduler, �nous avons aussi notre sacr�, notre intouchable, et d�illustrer par le toll� qu�ont cr�� les propos de Dieudonn� relatifs aux juifs. Mais devait-il conclure : �Une chose est de blesser les convictions, une autre est de blesser les corps et c�est pourquoi nous devons r�sister � l�intol�rance, mais sans arrogance, dans le clair respect de chacun.� A l�int�grisme religieux, Mohamed Bechari ajoute l�int�grisme politique, deux maux qui, selon lui, expliqueraient la mont�e en France du racisme et de la x�nophobie et qui expliquent pr�sentement pourquoi les musulmans de France ont manifest� leur r�probation suite � la publication des caricatures. L��cole, qui selon lui d�forme l�islam et les musulmans, �devrait �tre nettoy�e au karcher�. Face � cette situation, il appelle au �renforcement du dialogue�. Et comme pour prouver ses bonnes intentions, il informe d�un projet en cours de cr�ation d�un institut de sciences humaines � Lille, d�nomm� Avicenne pour �d�battre entre les cultures�, ce qu�il n�a pas fait, soit dit en passant, en quittant la salle d�s qu�un intervenant, n�ayant pas les m�mes points de vue, devait prendre la parole. Le dessinateur P�tillon, pour qui 2 caricatures parmi les 12 posent probl�me parce que l�une a un caract�re franchement raciste et l�autre cr�e l�amalgame, consid�re que la campagne qui s�en est suivie est une manipulation politique aggrav�e par un faux dessin outrancier qui a circul� comme �tant du dessinateur danois. Les caricatures danoises c�est une erreur de cible, une bavure professionnelle et il y a des tribunaux pour �a, devait-il dire avant de noter son ahurissement �parce que �a sert les int�gristes de tous bords�. Avec un ton r�solument grave, l�universitaire Moncef Merzougui a d�abord fait trois mises en garde qu�appelle la situation actuelle. D�abord, le foss� s��largit et le terrain est min�, note-t-il. Ensuite, cela n�a aucune raison de s�arr�ter, la cha�ne des confrontations �tant longue et les manipulations des gouvernements arabes constantes : �Je suis fascin� de voir les ministre arabes de l�Int�rieur d�noncer l�offense faite au Proph�te par ces caricatures alors que des milliers de Mohamed sont r�guli�rement tu�s en leur nom. La troisi�me mise en garde de l�opposant et universitaire tunisien tient dans cet appel : �Face � cette situation, ce qui nous attend est ardu et difficile. Nous avons obligation d�intervention parce que nous appartenons tous au m�me syst�me de valeurs (celui des libert�s et de la d�mocratie) et le terrain restera min� tant que les probl�mes politiques ne seront pas r�gl�s dans nos pays.� Parmi les nombreuses autres interventions, celle de Soheib Benchikh, a particuli�rement marqu�. Comme � son habitude, il se distingua par son langage franc, diff�rent de tous les discours religieux des mosqu�es, temples ou chapelles. Reprenant les grandes lignes d�une contribution de lui que le quotidien Le Mondea publi�e le m�me jour, il a soulign� que cette pol�mique �st�rile� a pour origine une double ignorance. Celle de l�islam et celle de la libert� d�expression. Et de s��tonner : �Certains r�gimes musulmans et autres organisations vont d�une fa�on path�tique, jusqu�� exiger des excuses solennelles des pouvoirs des pays dont certains journaux ont relay� les caricatures� et cette demande �insolite� interroge Benchikh qui, s�appuyant sur des citations coraniques, rappelle que le Proph�te, lorsque les polyth�istes le qualifiaient de fabulateur et d�imposteur, a eu pour r�ponse : �Dieu sera juge entre nous le jour de la r�tribution.� C�est cet enseignement- l� du Proph�te �qui risque malheureusement d��tre perdu�. C�est l� pour l�ancien muphti de Marseille une totale ignorance de l�Islam par ceux-l� m�mes qui disent parler en son nom. �Quant � l�ignorance de la libert� d�expression, Benchikh la consid�re comme tr�s grave car c�est gr�ce � cette libert� que Mohamed Bechari, par exemple, peut pr�cher ici l�islam et exposer ses valeurs. Quant bien m�me la publication des caricatures aurait pour intention de provoquer, une religion s�re d�elle-m�me, convaincue de sa solidit� et de ses bases, ne craint pas de futiles provocations�. Le d�bat est ailleurs. Il s�agit en r�alit� de �la juxtaposition du droit d�expression sans limites et du droit de croire sans stigmatiser�. Robert M�nard, secr�taire g�n�ral de RSF, mod�rateur du d�bat, a rappel� qu�en relation avec l�affaire des caricatures, des atteintes � la libert� de la presse se multipliaient : deux journalistes sont d�tenus en Jordanie, un troisi�me risque l�incarc�ration au Y�men, trois autres ont �t� licenci�s en Alg�rie et une enqu�te est en cours contre un journal au Maroc. K. B.-A.

TRANSPORT AERIEN
Prochaine signature d�un accord alg�ro-fran�ais

Missoum Sbih, l�ambassadeur d�Alg�rie en France, continue d��tre re�u par de nombreux responsables politiques fran�ais. Jeudi dernier, c��tait au tour de Dominique Perben, ministre fran�ais des Transports, de l�Equipement, du Tourisme et de la Mer, de recevoir le premier diplomate alg�rien avec lequel il a pass� en revue les relations bilat�rales, et ce, en pr�paration de la visite que doit effectuer les 15 et 16 f�vrier, en France, le ministre alg�rien des Transports, Mohamed Meghlaoui. Un accord alg�ro-fran�ais en mati�re de transport a�rien devra �tre sign� � l�occasion de cette visite. Nous apprenons que l�ambassadeur alg�rien a �t� re�u, par ailleurs, cette semaine par Jacques Dermagne, pr�sident du Conseil �conomique et social (CES fran�ais) avec lequel ont �t� �voqu�es les relations entre cet organisme et son homologue le CNES alg�rien, comme il a �t� �galement re�u par Bernard Accoyer, pr�sident du groupe UMP de l�Assembl�e nationale. M. Missoum Sbih, en poste depuis le d�but de l�ann�e en cours, a rendu visite � de tr�s nombreux responsables du gouvernement ou de partis politiques ou responsables d�institutions ou de grandes entreprises. L�ambassadeur d�Alg�rie en France a entam�, en outre, une tourn�e dans tous les postes consulaires alg�riens en France, et ce, � raison de deux jours par mois afin de s�enqu�rir des conditions de travail et d�organisation. L�am�lioration de l�accueil dans nos consulats constitue une priorit� selon l�ambassadeur, qui, lors de chaque d�placement, rencontre des membres de la communaut�.
K. B.-A.

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