Panorama : PARLONS-EN
En attendant la suite�
Par Malika BOUSSOUF
malikaboussouf@yahoo.fr


Il est venu et il est reparti aussi vite qu�il �tait arriv� en ne r�v�lant quasiment rien de ses br�ves rencontres. Il lui aura, pourtant, suffi de fouler le sol alg�rien et de consentir six heures de son pr�cieux temps � nos dirigeants pour que l�on en tire aussit�t les conclusions les plus optimistes � l��gard de notre pays. L�isolement de l�Alg�rie ne serait plus qu�un mauvais souvenir.
Miracle que les tr�s nombreux d�placements de Bouteflika � l��tranger n�auraient donc pas accompli. Miracle qui se serait enfin produit � la suite d�une br�ve escale d�un mage am�ricain pr�nomm� Donald. L�Alg�rie en mal d�amour et de reconnaissance � on avait oubli� � quel point � amplifie l�impact de visites de courtoisie et transforme ces derni�res, qui m�nagent si bien la susceptibilit� de ses hauts responsables, en grands rendez-vous entre poids lourds de la politique internationale. Tout le monde a le droit de r�ver, comme, il y a quelques jours, ces personnalit�s que l�on dit s��tre r�unies � l�ouest du pays d�o� elles seraient originaires. La rencontre entre ces grosses cylindr�es, qui se voulait discr�te parce qu�elle n�avait officiellement aucune raison de se tenir, aurait eu essentiellement pour objet que l�on s�y accorde sur le fait qu�il �tait hors de question que le pouvoir, pass� enfin � cette r�gion, lui soit d�rob� si Bouteflika venait � renoncer � la conduite des affaires publiques pour des raisons que certains supposent importantes. Les personnalit�s en question auraient conclu que, si un retrait pr�matur� venait � se produire, le mieux plac� pour assurer la p�rennit� du pouvoir ne pouvait �tre autre que Abdelaziz Belkhadem. Serions-nous r�ellement en pleine dynamique de succession ? Dans cet apr�s- Bouteflika �voqu�, il y a quelques semaines, par le docteur Sadi ? Cette ambiance pr�matur�ment tendue, au point o� l�on en soit � vouloir se pr�server la magistrature supr�me, accr�diterait- elle la th�se selon laquelle le pr�sident serait plus fatigu� que l�on voudrait l�avouer ? �Energique� comme il est, Bouteflika, s�il se portait bien, n�aurait pas support� que se prolonge autant son retrait de la vie politique. Le chef de l�Etat n��tant pas du genre ermite, ne recevrait pourtant pas grand monde, � l�exception de rares intimes. Beaucoup d�autres auraient en vain tent� de lui rendre visite. La question relative � son �tat de sant� est l�gitime, le doute �galement. On se remettrait, effectivement, beaucoup plus vite d�une intervention, d�clar�e banale, sur un ulc�re, fut-il h�morragique. La convalescence de celui-ci, tributaire de la question temps, faudrait-il croire, en attendant sa gu�rison totale, que Bouteflika ait �t� initialement choisi, pour conduire les affaires du pays, parce qu�il �tait de l�Ouest ? Nombreux sont, pourtant, ceux qui pensent que l�ancien ministre des Affaires �trang�res de Boumediene n�avait �t� soutenu dans sa course � la pr�sidentielle que parce qu�il avait le profil id�al pour mener � bien et surtout � terme la politique de r�conciliation nationale et le trait� d�amiti� avec la France. Un trait� con�u de fa�on � garantir � l�Alg�rie le concours et la protection de l�ancien pays colonisateur au cas o�, sait-on jamais, des comptes viendraient � �tre demand�s � certains de ses hauts dignitaires. Des observateurs avertis persistent � �voquer le fameux trait� d�amiti� et la charte pour la paix dont on attend, toujours, d�ailleurs, les textes d�application, comme les raisons fondamentales qui auraient pr�values � son maintien, en 2004, � la t�te du pays, par ceux qui feraient et d�feraient inlassablement les carri�res. Il y avait, d�ailleurs, � en croire les allusions de Bouteflika � certains ��quilibres�, un prix � payer � l�immunit� garantie aux forces de s�curit�. C��tait l�amnistie accord�e aux terroristes et � leurs chefs politiques qui seraient, par voie de cons�quence, �blanchis de leurs crimes�. Une aubaine que le chef de la d�funte Arm�e islamique du salut exploite, sans vergogne, � son profit. Fond�e ou pas, cette deuxi�me hypoth�se, relative � la volont� d��chapper � une hypoth�tique comparution devant le tribunal p�nal international, revendiqu�e par les partisans du �qui tue qui�, semble en tout cas privil�gi�e par ceux qui s�int�ressent de pr�s aux questions nationales. En dehors, bien s�r, de cette autre raison qui veut que Bouteflika soit accessoirement admis comme un incontestable �beau parleur�, dou� de fait en diplomatie. En d�autres termes, le chef de l�Etat aurait pu �tre originaire de Gharda�a, de Tamanrasset ou de Boumerd�s que cela n�aurait rien chang� � l�option des d�cideurs. Ses pr�dispositions � ne pas f�cher ceux qui ne doivent jamais l��tre, ses facult�s d�adaptation � l�atmosph�re ambiante ou ses pr�tendus engagements � contenter les tenants du syst�me, en tant qu�alli�s conjoncturels, auraient, eux, aussi pes� lourd dans la balance. Diriger de fa�on soft sans d�ranger personne et sans �tre soi-m�me contrari�, pourquoi pas et que demander de plus ? Dans ces conditions-l�, le pr�sident pourrait continuer � r�gner sur le pays au-del� de 2009. Peut-�tre serait-ce m�me cela que l�on souhaiterait ? Que le deal se fasse sur cet ordre-l� ? Pas de vagues. Juste quelques apparitions pour donner le change et la pi�ce pourrait continuer � se jouer � guichets ferm�s. L�objet de la r�union � l�Ouest �tant qu�il ne fallait pas l�cher le morceau, pourquoi ceux originaires de l�Est ne penseraient-ils pas � se r�approprier le pouvoir perdu et les gens du Centre ne le r�clameraient- ils pas � leur tour ? L�alternance n��tant pas comprise et appliqu�e comme elle le devrait dans un Etat pr�tendu de droit, on en serait � vouloir que les choses ne changent surtout pas ou � se dire : �J�y suis, j�y reste. Je l�ai, donc, je le garde.� L�Alg�rie demeure encore l�otage de cette forme archa�que de gestion. R�duite � un partage du pouvoir entre responsables natifs de l�Est et autres de l�Ouest. Un pays o� le r�gionalisme aurait, h�las, encore de beaux jours devant lui � l�image de toute contr�e sous-d�velopp�e qui se respecte. Une nation o� on ne ferait rien sans en r�f�rer au clan, � la tribu, � la �famille�. Une alliance, pr�tendument regroup�e autour du programme pr�sidentiel mais qui passe, n�anmoins, son temps � jouer des coudes pour se placer aux avant-postes, illustre, d�ailleurs, � la perfection la mentalit� qui y pr�vaut pr�sentement. Et on sent bien que le pays navigue � vue au regard des d�clarations tonitruantes des partisans du pr�sident lesquels tentent d�occuper le terrain comme ils peuvent. Belkhadem, par exemple, parle beaucoup. D�j� en campagne puisque d�sign� par les siens comme le successeur attitr� de Bouteflika, il demande r�paration � la �France coloniale� � laquelle il revendique le patrimoine immobilier du FLN, met en place une commission d�enqu�te pour d�busquer les �comploteurs� qui auraient infiltr� le parti, bat le rappel des anciens, annonce qu�il veut r�cup�rer les organisations de masses et monte, enfin, des groupes de travail pour �pier le moindre mouvement suspect de l�ex�cutif. Pour lui signifier qu�il n�a pas l�intention de se laisser d�poss�der sans rien faire, le chef � la fois du gouvernement et du RND aurait � son tour cr�� une commission charg�e de contr�ler les minist�res dirig�s par les cadres du FLN. On attendait, d�ailleurs, dans la foul�e, une m�chante r�plique de Ouyahia lequel, jusqu�� sa malheureuse sortie sur l�augmentation des salaires, s��tait impos� une confortable r�serve sur les dossiers qui f�chent. La retenue a pr�valu et la riposte en question ne vint pas. Le chef du RND, qui tente de distancer des adversaires pr�ts, s�ils en avaient le pouvoir, � le d�loger de son poste, �tait aux c�t�s du pr�sident. Sa fonction de Premier ministre exigeait qu�il le soit. Son message aux jeunes du parti, r�unis r�cemment, ne contenait aucune allusion aux fr�res ennemis qu�il aura choisi de traiter par le m�pris. Son empressement, il aura pr�f�r� le r�server � Bouteflika et � ses invit�s. Il faut dire que cela fait plus s�rieux, plus responsable, mieux pr�par� pour assurer cette succession tant convoit�e.
M. B.

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