Panorama : LETTRES D'ESPOIR
J-118�
Par Ma�mar FARAH
farahmaamar@yahoo.fr


C�est avec un sentiment mitig�, une sorte de malaise auquel s�ajoute l��tonnement, voire l��moi, que nous avons accueilli la nouvelle stup�fiante de la publication, par des journaux alg�riens, des caricatures du Proph�te ! Pour �tre franc, nous ne pensions pas qu�un acte qui a �branl� les assises de la plan�te, soulevant la col�re l�gitime des musulmans aux quatre coins de la plan�te, qui a �t� unanimement condamn� par les hommes politiques et les penseurs du monde arabo-musulman ; nous ne pensions pas qu�un tel acte allait se reproduire dans les colonnes nationales !

Il faut en effet �tre totalement inconscient pour manquer � ce point de vigilance ! Nous ne pouvons pas dire et �crire que la publication de ces caricatures, � l��tranger, est un acte insultant et diffamant pour les musulmans et fermer les yeux quand ces caricatures se faufilent jusqu�� chez nous, dans notre propre presse et sur nos �crans de t�l�vision ! Ceci �tant, nous ne pensons pas que l�emprisonnement des deux directeurs de publication soit la meilleure mani�re de r�pondre � cette provocation, bien inconsciente il est vrai ! Le recours � la prison, quand il s�agit de fautes journalistiques, c�est-�-dire de manquements aux r�gles �thiques ou de d�passements, est symptomatique d�un terrible recul des libert�s publiques dans notre pays. Il est le reflet d�une volont� politique, bien affich�e ces derniers temps, d��touffer toute vell�it� de libert� d�expression, toute tentative de contrer le discours officiel. En l�absence d�une activit� politique libre, la presse avait occup� des espaces laiss�s vacants par les leaders d�une opposition qui ne s�excite qu�occasionnellement, quand elle ne trahit pas ses id�aux en s�acoquinant �pisodiquement avec le pouvoir. Loin de ces tumultueuses relations entre les uns et les autres, sur fond de luttes du s�rail et d��ternelle recomposition des clans et des familles politiques, la presse a essay� de jouer un r�le militant, activant notamment dans le domaine des droits de l�homme et des libert�s publiques. Avec l�av�nement du r�gne Bouteflika, nous avons assist� � la terrible r�gression d�une libert� de la presse dont notre pays s��tait fait le champion au niveau du monde arabe. Le cas le plus connu est celui de Mohamed Benchicou, directeur du quotidien Le Matin, qui purge une peine de deux ann�es de prison � El- Harrach. Actuellement, 18 journalistes et responsables de journaux sont sous l�effet de diverses condamnations et si leurs appels n�aboutissent pas � l�effacement des peines, ils pourraient se retrouver du jour au lendemain priv�s de leur libert� ! La machine judiciaire, qui a normalement d�autres chats � fouetter notamment dans le domaine de la r�pression des crimes �conomiques qui ont atteint un degr� insupportable, exerce un v�ritable harc�lement sur les journalistes alg�riens. Les organisations non gouvernementales, ainsi que les syndicats internationaux des journalistes en appellent r�guli�rement � la sagesse du gouvernement et exigent la lib�ration des journalistes emprisonn�s ainsi que l�abrogation des articles du code p�nal qui sanctionnent les �crits de presse. L�Alg�rie est l�un des tr�s � tr�s � rares pays au monde o� un journaliste peut aller en prison pour ses �crits. Au moment o� le pouvoir politique multiplie les contacts avec le monde occidental et ambitionne de faire partie des organisations mondiales ouvertes aux pays d�mocratiques, l�Alg�rie n�est plus ce pays qui faisait l�admiration des lecteurs arabes ; il s�est align� sur les pires dictatures et les choses ne semblent pas pr�s de s�am�liorer, au vu des derniers d�veloppements dans l�affaire des caricatures et des r�centes condamnations prononc�es contre des journalistes et des dessinateurs. Quant � l��tat de l�audiovisuel, aucun mot, aucun qualificatif ne peuvent traduire l��tat de d�composition morale dans lequel il se trouve, au moment o� il n�existe aucune perspective, ni strat�gie d�avenir pour int�grer les formidables d�veloppements technologiques et lib�rer les �nergies cr�atrices des professionnels. Le pouvoir actuel, allant � contresens des courants de l�histoire, persiste et signe � propos de la fermeture du champ audiovisuel. Les r�cents exemples d�ouverture au Maroc, en Tunisie, et tr�s bient�t en Libye, ne changeront rien � la vision �triqu�e de nos responsables qui croient toujours vivre dans les ann�es de plomb ! La t�l�vision est aujourd�hui le monopole d�un petit groupe d�hommes qui en font ce qu�ils veulent. Au jour d�aujourd�hui, on ignore tout du budget r�serv� � ce monstre qui bouffe un argent fou. On ignore tout des contrats de production avec les bo�tes �trang�res dont la charge de travail semble parfois excessive par rapport � la demande r�elle. Alors que des milliers d�Alg�riens sp�cialis�s dans l�audiovisuel, ici et en France, sont au ch�mage, la t�l�vision emploie des techniciens �trangers pay�s en euros lourds (regardez les g�n�riques de �Sans Visa� et de certaines �missions de vari�t�s). Une bo�te tunisienne produit une �mission de jeu que nos r�alisateurs et nos hommes de m�tier peuvent r�aliser en Alg�rie, pour peu qu�on leur fasse confiance ! Et cette m�me bo�te, sp�cialis�e dans la vente �deuxi�me main�, pourrait nous refiler �A prendre ou � laisser� d�Endemol� Pourquoi ne pas s�adresser directement au producteur europ�en ? Il est scandaleux que l�on engraisse les �trangers au moment o� des professionnels de la t�l�vision, qui ont fait leurs preuves dans le secteur public et peuvent donner encore � l�audiovisuel alg�rien, sont �cart�s ; non pas parce qu�ils sont incomp�tents ou que leurs projets ne tiennent pas la route, mais simplement parce qu�ils ne savent pas faire les courbettes, ni pratiquer le baisemain ! Existe-t-il des appels d�offres publics, comme dans tous les secteurs, ouverts � tous ceux qui ont les capacit�s artistiques et les moyens mat�riels de r�aliser documentaires et feuilletons ? Existe-t-il une commission ind�pendante charg�e des choix ? Existe-t-il un appareil autonome de contr�le des finances de la t�l�vision ? Et puis, si justice il y avait, on sanctionnerait tout le monde de la m�me mani�re : la diffusion des caricatures du Proph�te sur le petit �cran national est aussi grave, sinon plus, que leur publication par des hebdomadaires dont nous ne soup�onnions m�me pas l�existence avant cette affaire. Alors, messieurs, vous qui �tes de la justice, soyez justes : lib�rez nos confr�res ou traitez tout le monde de la m�me mani�re ! N�ayez pas peur des �puissants�, parce que le seul, l�unique Puissant vous regarde et vous juge ! Mais, quel que soit votre verdict, nous continuerons de croire que le temps de la d�livrance est proche : je n�ai qu�� me pencher sur la mouise dans laquelle se d�battent tous les courtisans ; je n�ai qu�� parler aux profs gr�vistes, aux v�t�rinaires qui refusent le fait accompli, aux syndicalistes qui veulent une UGTA authentique, aux femmes et aux hommes qui continuent d�y croire, malgr� tout ! Oui, l�espoir rena�t, comme ce printemps qui pousse aux portes des lyc�es, au nez et � la barbe des censeurs et de ceux qui traficotent les pourcentages de gr�vistes�
M. F.

P. S. 1 : Encore un jeune d�sabus� !
�D�abord, je voudrais vous remercier et vous f�liciter de nous faire r�ver � travers vos �crits� Seulement moi si jeune (18 ans), je trouve votre sentiment patriotique trop pouss� wallah le c�t� r�veur de votre personnalit� �touffe le r�alisme, �touffe la v�rit� Pour que vos r�ves se r�alisent, il faut des hommes qui agissent, qui se battent sans s�arr�ter et sans souffler. Sans ces hommes-l�, wallah l��tat de notre pays va s�aggraver et vos r�ves s�envoler. De toute fa�on, personne n�agira et personne ne pensera � ce pays (�) C�est ce qui s�est pass� pendant la d�cennie noire, le peuple a tout accept� et s�est content� de faire ses pri�res en esp�rant que �a s�arrange. Ensuite, il a pardonn� � des assassins d�enfants et de femmes (�) Si vous savez combien j�ai honte�� L. Nekkab, un petit c� parmi d'autres

P. S. 2 : C�est l�id�e d�un ami.
Je la propose publiquement aux responsables de la r�daction du Soir d�Alg�rie. Il s�agit d�inverser le compteur r�serv� aux jours de prison de Mohamed Benchicou. Passons � l�espoir, arr�tons la machine du temps et d�clenchons le compte � rebours. Disons � ses ge�liers qu�il ne reste que 118 jours avant sa lib�ration. Et demain, ce sera J-117 !

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