Actualit�s : CE MONDE QUI BOUGE
L�argent des Arabes
Par Hassane Zerrouky


Abdelaziz Belkhadem a d�plor� la faiblesse de l�aide financi�re arabe � l�Autorit� palestinienne. Cette faiblesse n�est pas �tonnante en soi quand on sait qu�en 1991, ces m�mes pays arabes avaient coup� les fonds � Yasser Arafat, coupable � leurs yeux d�avoir pris fait et cause pour l�Irak de Saddam contre les pays du Golfe qui avaient appel� les USA � l�aide.
Un geste dont avait b�n�fici� un certain Cheikh Yassine qui, lui, ne s��tait pas fait prier pour d�noncer �l�agression irakienne� contre le �Kowe�t fr�re�. Tout juste lib�r� de prison, sur ordre du Premier ministre isra�lien, Benyamin Netanyahu, qui savait ce qu�il faisait, Cheikh Yassine s��tait empress� de se rendre dans les pays du Golfe, �vitant prudemment l�Irak, pour les remercier de leur soutien au Hamas. Or, c�est s�r, les pays arabes du Golfe ne manquent pas d�argent. Gr�ce � la hausse du prix du p�trole, l�Arabie saoudite, premier pays producteur de la plan�te, a encaiss� autour de 200 milliards de dollars fin 2005. Le p�trole a �galement permis de renflouer comme jamais les caisses des autres p�tro-monarchies du Golfe. Mais de nombreux observateurs rel�vent que malgr� cette richesse, ces pays sont rest�s structurellement en marge de la mondialisation. La vigueur de la conjoncture p�troli�re est le seul fondement de leurs bons taux de croissance. L�absence d�une industrie de transformation fait que ces pays importent tous les produits manufactur�s. Une partie de l�argent du p�trole sert ainsi � enrichir en retour les multinationales de l�automobile, de l��lectronique, de l�agro-alimentaire, des v�tements et autres produits de large consommation. Une autre partie, bien plus importante, est investie dans les pays d�velopp�s, notamment aux Etats-Unis. Dans ce dernier pays, des experts estiment le montant des investissements saoudiens � 860 milliards de dollars ! Mieux, gr�ce � l�achat des bons du Tr�sor am�ricain �mis chaque ann�e par la Federal Reserve Bank, moyen par lequel les Etats-Unis financent leur d�ficit budg�taire et la parit� du dollar vis-�-vis des autres monnaies, les pays du Golfe participent � la prosp�rit� de la grande Am�rique. De plus, tous ces pays sont li�s aux USA par des accords de d�fense. Le Qatar, qui poss�de les troisi�mes r�serves mondiales de gaz, abrite la base de commandement des op�rations am�ricaines en Irak dont le commandement de l�US Air Force pour la r�gion du Golfe, tandis que le Bahre�n est devenu le quartier g�n�ral de la Ve flotte US. Ajoutons que ces �normes revenus, investis aux Etats-Unis ainsi qu�en Europe, contrastent avec la faiblesse criante de leurs investissements dans les pays arabes. Un exemple : le Fades (Fonds arabe pour le d�veloppement �conomique et social), la plus importante institution de d�veloppement arabe, cr��e en 1968, a accord� entre 1974 et 2000, � peine 13 milliards d�euros r�partis entre pr�ts et investissements, soit moins d�un milliard par an pour l�ensemble des pays arabes. Ce chiffre, � lui seul, montre combien la �fraternit� arabe, clam�e � longueur d�ann�e par les hommes politiques et des m�dias complaisants, n�est qu�une coquille vide. Car pour les d�tenteurs de capitaux arabes, seule compte la rentabilit� financi�re capitaliste de l�argent investi. De leur point de vue, les march�s financiers sont autrement plus juteux que les �conomies d�structur�es des pays arabes. Et s�ils sont pr�ts, pour se donner bonne conscience mais aussi � des fins politiques, � financer la construction de mosqu�es g�antes, ils ne sont pas pr�ts � investir dans le secteur de la recherche-d�veloppement. Pourtant, le monde arabe rec�le un incroyable potentiel scientifique. Faute d�infrastructures et de moyens parce que faute d�argent, des centaines de chercheurs arabes font le choix de s�installer en Europe et en Am�rique. L� �galement, les pays arabes contribuent � l�essor scientifique du monde occidental. Le monde arabe est ainsi !
H. Z.

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