Corruptions : LA SANT�, TH�ME CENTRAL DU RAPPORT MONDIAL 2006 SUR LA CORRUPTION
L'Alg�rie est gangren�e par ce fl�au


A l�occasion de la sortie du Rapport mondial 2006 sur la corruption, l�AACC � Association alg�rienne de lutte contre la corruption (section alg�rienne de Transparency International), � a rendu public le 1er f�vrier 2006 un communiqu� sur la corruption dans le secteur de la sant�, th�me central de l��dition 2006 du Rapport mondial. Nous publions ci-dessous ce communiqu�.
�La sant� en particulier � et la protection sociale en g�n�ral (dont l�assurance maladie et les mutuelles sociales) � sont des secteurs o� la corruption en Alg�rie, petite et grande, est des plus d�vastatrices, tant dans la gestion des �tablissements publics de soins � que dans le march� du m�dicament (production, importation et distribution) que celui des �quipements m�dicaux (importation et commercialisation) ou dans les investissements lourds, tels la r�alisation d�h�pitaux d�Etat. Le secteur de la sant� a connu deux �tapes depuis l�ind�pendance de l�Alg�rie en 1962. Jusqu�� la fin des ann�es 1980, la sant� et l�exercice de la m�decine �taient exclusivement sous monop�le de l�Etat dans un syst�me � �conomie administr�e. Depuis une quinzaine d�ann�es et l�introduction de l��conomie de march�, le secteur de la sant� conna�t une lib�ralisation tous azimuts, un important secteur priv� s��tant consid�rablement d�velopp� que l�Etat ne contr�le pratiquement pas et o� souvent les pratiques les plus condamnables sont multiples. Le commerce et l�industrie dans la sant� � m�dicament et �quipements m�dicaux par exemple � sont prises en main presque en totalit� par des dignitaires du r�gime et/ou leur prog�niture, ou � travers des pr�te-noms, ou par techniciens interpos�s : un monopole en ayant chass� un autre, cette mainmise sur ce march� extr�mement juteux se donne un soup�on de l�galit� et b�n�ficie de passe-droits et de privil�ges qui la prot�ge de toute concurrence. En 2005, l�Alg�rie a import� pour plus d�un milliard de dollars en m�dicaments (400 millions de dollars en 2000) � et plus de 600 millions de dollars en �quipements m�dicaux � sans pour autant qu�il y ait une am�lioration des indicateurs de sant� de base. Bien au contraire, ces indicateurs sont de plus en plus mauvais selon un rapport sur la sant� au Maghreb, qu�a rendu public l�Organisation mondiale de la sant� (OMS) au d�but de l�ann�e 2005, rapport qui montre aussi qu�avec beaucoup moins de ressources, les performances sanitaires de la Tunisie et du Maroc sont bien meilleures que celles de l�Alg�rie. Les montants que consacrent l�Etat � ces importations sont fonctions des chocs p�troliers qui ont marqu� les 30 derni�res ann�es �1973, 1982 et 2000-2005 � p�riodes marqu�es en Alg�rie par des explosions du march� de l�importation des produits de sant� et des h�pitaux publics livr�s �cl�s en main�.
Le Nipa, mus�e de la corruption � ciel ouvert

Le secteur public de la sant� a eu ses ��l�phants blancs� � l�image de ce que l�on a appel� le Nouvel Institut Pasteur d�Alg�rie, le Nipa, un des plus gros scandales de gabegie et de corruption qu�ait connu l�Alg�rie ind�pendante. Le Nipa n�a jamais �t� achev� et est abandonn� aujourd�hui depuis plus de 20 ans, les �quipements aussi dans des dizaines de conteneurs ! Les tentatives aujourd�hui du minist�re de la Sant� d�essayer de r�animer ce �mus�e de la corruption � ciel ouvert� ne serviront de nouveau qu�� d�tourner l�argent des contribuables. Concernant le march� des vaccins, malgr� la lib�ralisation de l��conomie, le monopole de l�importation et de la commercialisation a �t� maintenu au profit de l�Institut Pasteur d�Alg�rie, au statut d�entreprise publique � caract�re commercial, avec tous les dysfonctionnements et les d�rives dus � ce type de monopole. Autre anomalie de taille qui favorise les violations des r�gles de la concurrence et les risques de corruption : le minist�re de la Sant� � et ses d�membrements dans les wilaya � est toujours op�rateur commercial direct en mati�re d�importation des �quipements m�dicaux pour le compte des h�pitaux publics et se substituant � eux, l� aussi, avec comme cons�quences la violation de l�autonomie r�glementaire de ces h�pitaux et le d�tournement tr�s fr�quent des proc�dures li�es aux march�s publics. De nombreux exemples f�cheux ont marqu� le secteur de la sant� ces 10 derni�res ann�es, notamment l�affaire des scanners dans les ann�es 1990 et le nouvel h�pital d�Oran (EHUO), un autre �l�phant blanc en perspective. Pour l�EHUO, il est urgent que les pouvoirs publics ouvrent une enqu�te ind�pendante. Si pour le march� des m�dicaments, la facture � l�importation est de plus en plus lourde, c�est tout simplement parce que l�Alg�rie ne s�est pas dot�e � ce jour d�une politique pharmaceutique nationale telle que pr�conis�e par l�OMS, et ce, malgr� les efforts de cette derni�re pendant des ann�es d�essayer de financer et d�encadrer la mise en place de cette politique. L�inexistence � ce jour en Alg�rie d�une agence sanitaire ind�pendante ou d�une agence du m�dicament � malgr� l�annonce par le gouvernement du projet depuis des ann�es, et l�indigence de la l�gislation � illustrent on ne peut mieux le peu de volont� politique des pouvoirs publics � encadrer, r�guler, contr�ler et moraliser un secteur livr� aux puissants lobbys. L�Alg�rie est un des seuls pays au monde � ne pas n�gocier les prix � l�importation des m�dicaments : pour le m�me m�dicament, des importateurs diff�rents peuvent les commercialiser avec des �carts de prix de 1 � 10, et c�est souvent le plus cher qui est seul sur le march� ! L�acc�s aux m�dicaments est de plus en plus difficile pour de nombreux Alg�riens et les caisses de S�curit� sociale, charg�es du remboursement, sont au bord de la faillite ; et enfin, au plan de la qualit�, la loi n�est pas toujours respect�e. C�est un march� livr� � lui-m�me, o� l�impunit� est totale et les complicit�s multiples � tous les niveaux, faisant le lit de toutes sortes de corruptions. Pour peu que se manifeste une r�elle volont� politique de lutter contre la corruption, le secteur de la sant� devra �tre la priorit� des priorit�s de toute strat�gie et de plan d�action visant � nettoyer �les �curies d�Augias�, car � ce niveau la corruption tue � grande �chelle.�

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