Actualit�s : ASSOCIATION ASCIA
Ce sont les combats difficiles qui se gagnent
De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed


Les associations de femmes alg�riennes, franco-alg�riennes, maghr�bines ou de femmes de tous horizons, foisonnent ici en France, et le choix de faire parler l�une ou l�autre est des plus difficiles. C�est ASCIA, ou Association de la solidarit� citoyenne ici (Ile-de-France) et en Alg�rie, que nous avons d�cid� de rencontrer, pour la simple raison qu�elle a deux voies de lutte tr�s claires, l�abrogation du code de la famille et la la�cit�.

En plus de la responsable de l�association, Fatiha Belkhodja, femme de terrain qui travaille depuis de longues ann�es dans la banlieue parisienne, Aouicha Bekhti, militante associative et membre du MDS, venue sp�cialement d�Alger pour prendre part au programme du 8 mars de l�association, a longuement �voqu� pour nous son combat de militante politique et de femme et ses espoirs. En ces temps de renoncement et de capitulation, il nous paraissait int�ressant de les �couter nous �voquer justement les d�rives prises ces derniers temps par nos gouvernants, les dangers que cela repr�sente pour la cause des femmes et le sens qu�elles donnent au combat �f�ministe�.
L. S. : Pourquoi cette association alors qu�il y en a tant d�autres et quel but poursuivez- vous ?
Fatiha Belkhodja :
Nous ne sommes pas isol�es. Nous travaillons en �troite relation avec d�autres associations en Alg�rie et ici, en France. Nous visons � cr�er des espaces d�analyse, de rencontres, d��changes, notamment pour l�abrogation du code de la famille dont nous cherchons � inventer de nouveaux modes d�action. ASCIA, travaille, par exemple, avec les animatrices de 20 ans Barakat et prolonge cette lutte commune. Ce combat s�inscrit dans une action plus globale pour un monde o� l�espace public, respectueux des croyances priv�es, est la�que.
Mais le combat que vous menez est-il sp�cifiquement f�minin ? Le combat pour le code de la famille, comme d�ailleurs pour la pr�servation d�un espace la�que, n�est-il pas plut�t un combat de soci�t�, de tous ses membres, hommes et femmes confondus ?
Fatiha Belkhodja :
Naturellement. Et nous ne consid�rons absolument pas ce combat comme exclusif des femmes. Il est celui de tous les d�mocrates et l�association ASCIA est ouverte � tous. Nous voulons simplement, au moment o� la revendication de l�abrogation du code de la famille s�est un peu amoindrie, appeler le maximum de femmes et d�hommes � rejoindre ce combat�
Aouicha Bekhti :
Je comprends fort bien votre question, et au MDS, la cr�ation d�un collectif femmes n�a pas �t� facile � r�gler. Mais, finalement, convaincus, nous y sommes parvenus, et notre collectif, malgr� son appellation, comporte beaucoup de camarades hommes. Le code de la famille fait de l�homme un bourreau et c�est pourquoi nous sommes rejointes par des hommes pour exiger son abrogation. La constitution d�un collectif femmes n�est l� que pour des raisons d�efficacit� du combat. Ainsi, nous sommes plus fr�quemment invit�es dans des forums en Alg�rie ou ailleurs, pour porter le combat des femmes, qui reste, faut-il le rappeler, la cible premi�re des obscurantistes. Comment, en effet, expliquer que les seules dispositions de la Charia appliqu�es aujourd�hui dans notre pays ne concernent que la femme et son statut alors que d�autres dispositions de cette Charia et notamment �couper les mains aux voleurs� ou encore �l�interdiction des int�r�ts bancaires� et d�autres encore ne le soient pas ? Je suis, selon les dispositions du code, une femme � part enti�re lorsque je donne la vie, mais une moiti� de femme lorsque j�h�rite ou je t�moigne. Les islamistes, en visant la femme et en imposant ce code et ses soi-disant am�nagements savaient tr�s bien ce qu�ils faisaient et notamment qu�ils pouvaient, � travers le code de la famille, �craser toute vell�it� de libert� et introduire petit � petit leur projet de soci�t�.
Pr�cis�ment, est-ce qu�aujourd�hui, dans notre pays, il peut y avoir espoir que le code soit abrog� et que la cause des femmes soit entendue ?
Aouicha Bekhti :
Au vu de la conjoncture actuelle et de ses derniers d�veloppements, la dawla islamia arrive � grands pas, sans le FIS d�ailleurs. Comment expliquer, en effet, que, coup sur coup, ceux qui ont �gorg� au nom de l�islam reviennent triomphants ? Comment expliquer l�introduction des cinq adhan � la TV nationale ? Quelle explication donner � la disparition de la Star Academy (qui n�est pas d�ailleurs notre tasse de th�) apr�s qu�un membre islamiste du gouvernement eut cri� au scandale ? Comment expliquer aussi qu�une proposition de loi sur la flagellation ait �t� envisag�e ? Et beaucoup, beaucoup d�autres faits qui nous am�nent non pas � renoncer mais justement � faire que la soci�t� r�agisse et que partis politiques et associations, le maximum d�associations, s��l�vent et barrent la route au fascisme vert qui est sournoisement en train de gagner du terrain.
Fatiha Belkhodja :
Nous devons plus que jamais reconqu�rir les espaces de libert� grignot�s et commencer d�ailleurs par exiger que l�article 2 de la Constitution, objet de tous nos maux et que l�on brandit � toute occasion, soit abrog�. Nous devons plus que jamais placer notre combat dans le cadre d�une citoyennet� ouverte sur la la�cit�. Travailler dans cet axe-l� est naturellement aujourd�hui tr�s difficile, nous le savons mais ce sont g�n�ralement les combats difficiles qui se gagnent.
K. B.-A.

Faut-il des preuves ?
L�Unesco comm�more la Journ�e internationale de la femme d�une mani�re pour le moins singuli�re. �Les femmes font l�info 2006� est le titre que cette organisation des Nations unies pour la science et la culture donne, depuis maintenant cinq ann�es cons�cutives, � une op�ration consistant � demander aux patrons de presse du monde entier de �donner une responsabilit� �ditoriale aux femmes le temps d�une journ�e, dans le but de mettre en valeur et de c�l�brer les r�alisations professionnelles des femmes journalistes�. Mais l�op�ration ne dure qu�une journ�e et chacun reprend sa place. Est-ce pour prouver que la femme n�est pas cong�nitalement inapte � diriger une �quipe r�dactionnelle ? C�est presque �a, dans la mesure o� l�organisation � qui fait, par ailleurs, beaucoup dans le domaine de l��ducation et la culture, notamment en direction des femmes des contr�es les plus recul�es � estime que cette op�ration peut apporter �des r�ponses efficaces contre les st�r�otypes selon lesquels les femmes ne seraient pas faites pour des postes � responsabilit� au sein des m�dias�. L�Unesco d�die cependant �tout le mois de mars� � la collecte d�articles, d�histoires et de sujets faits par les femmes des m�dias sur leur m�tier, sur les femmes �journalistes et �ditorialistes qui ont fait la diff�rence�. Et pour celles qui le souhaiteraient, elles pourraient envoyer � l�Unesco, op�ration �Les femmes font l�info 2006�, la preuve de leur intelligence et de leur capacit�.
K. B.-A.

Hawa Ibrahim, citoyenne d�honneur de la Ville de Paris
Mardi soir, le maire de Paris a fait citoyenne d�honneur de la capitale fran�aise, l�avocate nig�riane Hawa Ibrahim. La cons�cration par le maire de Paris r�compense le parcours exceptionnel de cette femme qui consacre sa vie aux combats en faveur des femmes, de la d�mocratie et de la libert�. Elle s�est particuli�rement distingu�e en s�engageant fortement depuis 1999 contre l�instauration de la Charia dans le droit criminel de plusieurs Etats de la R�publique f�d�rale du Nigeria et les peines capitales qui s�en sont suivies. Son engagement contre ces nouveaux dispositifs et contre la lapidation � mort l�a amen�e � prendre avec succ�s la d�fense de nombreuses femmes, dont Safia Husseini et Amina Lawal. Hawa Ibrahim n�en est pas � sa premi�re distinction. Elle a re�u en 2005 le prix Sakharov du Parlement europ�en.
K. B.-A.

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