Actualit�s : "MONOLOGUE - DIALOGUE/DES DOUTES A LA CERTITUDE", LE TEMOIGNAGE DE MOHAMED DJERABA
Un nouveau regard


Aujourd�hui, l��criture de l�histoire s�enrichit d�une nouvelle production due � Mohamed Djeraba, officier de l�ALN, responsable politique au lendemain de l�Ind�pendance, ayant assum� plusieurs hautes fonctions au sein du FLN et de l�Etat et est depuis 1990, l�une des plumes les plus prolifiques parmi le personnel politique alg�rien.
Ce t�moignage kal�idoscopique participe ainsi � une d�marche citoyenne consistant � rebaliser les r�f�rences nationales, gr�ce notamment aux t�moignages des acteurs de cette guerre. Cette d�marche est synth�tis�e par l�abstract publi� au dos du livre : �Pour l�historien, une guerre, une r�volution est un mouvement d�ensemble dont les d�tails, les faits et gestes sont analys�s dans un cadre coh�rent, syst�mique. Pour l�acteur, le t�moin, une r�volution, une guerre, c�est surtout ces d�tails, ces faits et gestes qui s�incrustent dans sa m�moire, dans sa vie, de mani�re peut-�tre incoh�rente, voire chaotique mais surtout marquante. Aux deux d�unir leurs efforts pour confondre les deux d�marches dans une synchronie intelligible�. Le premier volume � d�une s�rie de trois selon l�auteur � s�intitule �Des doutes � la certitude�. Il prend naissance un certain 8 mai 1945 o� l�auteur affirme �tre pass� subitement d�une enfance innocente � une maturit� tortur�e, martyris�e mais aguerrie et surtout affirm�e par une certitude, une certitude acquise � 10 ans, du fait de : �... la terrible r�pression des manifestations du 8 Mai 1945. Les coquilles du code de l�indig�nat se recroquevill�rent davantage pour nous �treindre davantage et nous faire payer l�impudence, l�outrecuidance �d�y avoir cru� (p. 98). Face � cette situation, la seule r�ponse, selon l�auteur, c�est le refus. �Ce refus n��manait pas d�une conscience politique, (il n�en �tait pas capable), mais d�un traumatisme r�el, v�cu et surtout ind�l�bile ...� (p.124) ou encore : �C�est dans cet esprit que les �v�nements du 8 Mai 1945 doivent �tre consid�r�s comme une �tape salvatrice dans notre cheminement, car ils nous ont affranchis d�une pesanteur plus grande que celle du colonialisme lui-m�me : celle de croire � une certaine coexistence, d�une certaine �volution de ce syst�me (colonial, ndlr) (p. 126). Au-del� de ces deux extraits, la p�riode 1945- 1954 est diss�qu�e par l�auteur, nous fournissant un tableau panoramique de la vie sociopolitique et culturelle de sa r�gion et par extension de toute l�Alg�rie. Au d�clenchement de la R�volution, l�auteur allait sur ses 20 ans. �Pour moi, cette p�riode constituait un v�ritable tournant : � 19-20 ans, je venais de terminer mon cycle scolaire secondaire, les probl�mes familiaux devenaient de plus en plus complexes, la guerre venait d��tre d�clench�e, l�heure du service militaire avait sonn�. En somme, l�heure de v�rit� avait co�ncid� avec la R�volution et le choix pour moi ne pouvait �tre diff�r� (p. 154). Tout au long de huit chapitres, l�auteur nous invite � revisiter non seulement une p�riode cruciale (1954-1956) pour la R�volution, apr�s avoir longuement d�peint la d�cennie 1945-1954 qu�il r�sume en cette formule (la r�p�tition g�n�rale), mais aussi une r�gion et l�histoire concr�te des hommes plus ou moins c�l�bres, connus comme Si El Haou�s (le portrait le plus complet, le plus expressif � mon sens), Si Ziane (un h�ros �ostracise� et tr�s peu connu), capitaine Menani (cet inconnu notoirement connu), mais surtout l��clairage nouveau sur Mostefa Ben Boula�d et Mohamed Cha�bani que l�auteur qualifie comme �tant de v�ritables r�f�rences (mardja�ate). La lecture de cet ouvrage fait d�couvrir une nouvelle d�marche : celle consistant � combiner le factuel et l�analyse de ce factuel sans complaisance, car il n�y a pas, dans le propos de l�auteur ni magnification ni diabolisation dans la narration comme nous ont habitu�s certaines plumes. En ce sens, l�auteur r�p�tait sans cesse : �Nous n��tions ni anges, ni d�mons.� Mais au-del�, de la richesse du contenu des huit chapitres, c�est le contenu du 9e chapitre qui attire l�attention, en ce sens o� l�auteur en traitant de certains th�mes jusque-l� peu �voqu�s ou, plus exactement, �voqu�s avec passion, pol�mique. Intitul� �Premi�res conclusions�, ce dernier chapitre traite de l�organisation tribale et son r�le dans la R�volution o� l�auteur op�re un distingo entre tribalit� et tribalisme, la question des dissensions entre les chefs ou les directions qui est analys�e avec un nouvel �clairage excluant �l�historiette� et enfin le probl�me du �ph�nom�ne messaliste�, objet de plusieurs controverses et que l�auteur tente, avec une pertinence av�r�e, d��tudier en incluant une dimension temporelle et th�matique qui exclut tout sentimentalisme. Ainsi, il l��voque en distinguant : Messali (dans le temps), le messalisme, les messalismes et les excroissances messalistes. Signalons enfin que l�ouvrage comporte 9 chapitres et une partie annexe avec certaines photos in�dites. L�ouvrage est publi� aux �ditions Practicom dans la collection �Documents d�actualit� et archives�.
L. S. A.

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