P�riscoop : MEDIA & DEPENDANCES
Les l�gendes vous saluent bien !
Par Abdelmadjid KAOUAH
majidkaouah@yahoo.fr


Il est des pays qui ont faim, des pays qui ont peur. La France aujourd�hui a froid. C�est le diagnostic de S�gol�ne Royal. Elle est officiellement la pr�sidente (PS) de la r�gion Poitou-Charentes, dans le civil, compagne de Fran�ois Hollande � premier secr�taire du Parti socialiste fran�ais � et, pr�sentement, candidate la mieux plac�e � gauche par les m�dias et les sondages pour la course aux pr�sidentielles de 2007.
Jeune, belle, m�re de famille nombreuse, entr�e t�t en politique en qualit� de conseill�re aupr�s de Fran�ois Mitterrand, rep�r�e par ses soins au d�but des ann�es quatre-vingt avec son compagnon. Elle a �t� ministre � divers postes et a battu haut la main l�ex-Premier ministre de droite Jean-Claude Raffarin. Depuis, on l�a surnomm�e �la Zapatera�. Pour l�heure, elle reste discr�te et fait des d�clarations parcimonieuses mais significatives : elle fait l��loge de Tony Blair �tant d�cri� par sa famille politique � a fait un saut � Santiago pour soutenir (pour se faire voir plut�t, disent les m�chantes langues) la candidate socialiste de la gauche chilienne, Michelle Bachelot, qui vient d��tre investie premi�re pr�sidente du pays de Pablo Neruda et de Salvador Allende, et d�Am�rique Latine. Par le pass�, elle s��tait distingu�e par une opposition farouche � la violence et les �talages du sexe dans les m�dias. Cela ne lui valut gu�re l�estime des �bobos� (lire Boh�me bourgeois frissonnant lib�ralement � gauche) parisiens et assimil�s. On la dit directive, voire autoritaire. Et les �l�phants du PS qui sont nombreux a briguer l'Elys�e n'ont pas �t� avares en propos machistes � son endroit. Mais comme son mentor, elle se serait refait les dents et affiche un calme olympien. A cet �gard, brisant l'unanimisme de gauche qui entoure le maire de Paris, Bertrand Delano� , elle a reproch� � ce dernier d'avoir fait rater � la France les prochains Jeux olympiques � trop vouloir mettre sa personne en avant. Tout cela n�est qu�affaire de cuisine interne. On sait que le maire de Paris est un fervent partisan de M. Lionel Jospin, l�ex-Premier ministre de la gauche plurielle, disqualifi� au premier tour de la pr�sidentielle de 2002 au profit de Jean-Marie le Pen himself. J�ai longuement parl� de �la Zapatera� poitou-charentaise � cause d�une interrogation qui m�est venue cons�quemment au froid d�cel� par cette derni�re. Etait-ce par une comp�tence inavou�e en mati�re de m�t�orologie ? Soudain, je me suis rappel� que c��tait �Le Printemps des po�tes� en France et en Navarre�. Un printemps d�cr�t� par un autre concurrent d�clar� aux pr�sidentielles, M. Jack Lang. Et lentement, mais s�rement, la r�v�lation m�est venue que S�gol�ne Royal parlait en po�tesse (je ne sais si le f�minin en l�occurrence est bienvenu). Je me suis souvenu de ce tr�s beau po�me de Patrice de la Tour du Pin � qui connut la captivit� � �pr�lude� au lendemain de la Seconde Guerre mondiale : �Tous les pays qui n�ont plus de l�gende/seront condamn�s � mourir de froid.� Quel pays, quel syst�me, quelle communaut�, quelle homme peuvent se targuer d�avoir pr�serv� leur l�gende ? Plus que la presse �crite par le pass� qui soulevait force scandales qui pouvaient se terminer tragiquement (� tort o� raison), les m�dias, dans l�audiovisuel plus que la radiophonie, ont d�finitivement donn� � voir que le roi �tait nu. Quand la cour et l�arri�re cour de ces majest�s royales comme r�publicaines sont mises � d�couvert, il n'y plus de myst�re et donc de l�gende. Un homme d'Etat qui habita l'Elys�e l'avait dit, c'est de la solitude, de l'isolement et de la discr�tion, qu'un vrai chef tire son autorit� morale et son aura. Et surtout de l'int�grit� dont il fait un usage permanent dans la chose publique. A l'Elys�e,de Gaule relevait m�ticuleusement la consommation de l'�lectricit� � usage familial et remplissait consciemment un ch�que qu�il faisait parvenir au service comp�tent. Populisme que tout cela ? Un chef d�Etat , dit-on, doit disposer de toutes les commodit�s, et sans compter, pour veiller aux int�r�ts de la nation. Jusqu�� la d�mesure ? Les Mobutu et les Farouk d�Afrique et du monde arabe n�avaient s�rement pas de ch�quiers. Pour l�honneur du monde arabe, Nasser n�avait laiss� dans son compte que quelques d�risoires livres �gyptiennes... Est-ce une l�gende ? En France, un h�ritier d�clar� de Gaulle est en train d��tre d�mon�tis� � un train d�enfer. Un proche confident des hommes politiques, �crivain talentueux, journaliste ayant t�t� de la gauche comme de la droite, (comme il sied � tout intellectuel iconoclaste, il a �t� r�dacteur en chef du Nouvel Observateur avant d��tre nomm� par le �papivore� Hersant directeur du Figaro...) animateur multicarte des m�dias, notamment du magazine Culture et d�pendances(eh, oui !), directeur d�un hebdomadaire farouchement �ind�pendant�, Le Point, vient de mettre � profit sa longue proximit� des all�es du pouvoir pour publier un livre retentissant qui d�fraye toutes les chroniques des m�dias. Dans La trag�die du Pr�sident. Sc�nes de la vie politique 1986-2006(Ed. Flammarion, 2006), il habille pour l��ternit� Jacques Chirac quitte � verser parfois dans la caricature de mauvais go�t. Par le pass�, dans les traditions litt�raires, il existait le tombeau, un genre po�tique consacr� aux grands d�funts, tomb� aujourd'hui en d�su�tude . En r�sum�, F.O. Giesbert reprend � son compte, pour r�sumer Chirac, un aphorisme de De Gaulle (� propos d'un de ses pr�d�cesseurs Albert Lebru qui livra la R�publique au Mar�chal P�tain) : "Au fond, comme chef d'�tat, deux choses lui avaient manqu� : qu'il f�t un chef, qu'il y e�t un Etat". Comme quoi, il n'y a pas que les journalistes dont il faut se m�fier.
A.K.

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