Actualit�s : Il y a 4 ans, tombaient les deux premi�res jeunes victimes du Printemps noir � Ma�tkas

En cette belle journ�e du 27/04/2002, le doux soleil printanier et ses reluisants rayons s�annon�aient t�t le matin et rien ne lui pr�disait une issue fatidique qui fut pourtant la sienne, notamment pour deux jeunes lyc�ens, qui allaient quelques heures plus tard perdre la vie et se voir sacrifier sous des balles assassines. Les �v�nements du Printemps noir avaient commenc� depuis une dizaine de jours � travers quelques localit�s de Kabylie pour embraser l�ensemble du territoire de celle-ci, l�espace de quelque temps.
Les jeunes se r�voltaient. L�effet et l�image qu�offraient cette journ�e et sa beaut� avec l�esprit et le c�ur de cette jeunesse, soudain ranim� par �cette lueur pr�sage de bonheur�, �tait symboliquement significatif. N�est-ce pas que pendant ce m�me printemps, 22 ans plus t�t, avril 80, que les jalons d�une Alg�rie de d�mocratie, de justice et du pluralisme ont �t� jet�s et les pr�misses d�une �re nouvelle commen�aient � bourgeonner ? Ils allaient r��diter le coup de leurs a�n�s, m�me si les acquis commencent � dispara�tre, �nous sommes l� pour les rappeler et rentrer � notre tour, au panth�on de l�histoire�, affirmaient-ils en ch�ur. Le d�cor �tait donc plant� pour �une autre r�volution�, synonyme d�autres acquis. Une autre le�on, preuve et gage d�une jeunesse toujours pr�te � relever le d�fi et qui ne courbe jamais l��chine, allait �tre donn�e � qui voudrait la recevoir. A Ma�tkas, la bataille faisait rage depuis d�j� cinq jours. Les jeunes �taient nombreux. Combien ? Deux mille, trois mille ? �Une v�ritable d�ferlante juv�nile, comme on en a jamais vu par ici auparavant�, me disait un vieux avec lequel j�observais la sc�ne de loin. Souk-El-Khemis, le chef-lieu de la da�ra o� se localisait la brigade de gendarmerie, ce corps symbole du caract�re tyrannique du r�gime et � l�origine du sentiment h�r�tique des jeunes, est quotidiennement pris d�assaut. Il �tait le th��tre de tr�s violents affrontements qui duraient jusqu�� des heures tardives de la nuit. Le nombre de manifestants augmentait au fil des jours. Les lyc�ens et les adolescents, aur�ol�s et encourag�s par la pr�sence d�adultes, venus �mettre du leur et pr�ter main-forte�, et tout en euphorie se jetaient corps et �me dans la bataille et acculaient de plus en plus les gendarmes venus en renfort � ceux d�j� existant habituellement dans la localit�. L��meute de la journ�e d�passait toutes les pr�visions de ceux cens�s la r�primer et la contenir. Ni le nombre impressionnant du renfort ni encore moins les bombes lacrymog�nes qui �pleuvaient� ne semblaient venir � bout ou dissuader les �meutiers d�cid�s � en finir �avec ceux qui nous goinfrent depuis plusieurs d�cades�, disaient-ils. Mais, ces jeunes croyant dur comme fer en la justesse et la noblesse de leur combat ne se doutaient certainement pas que �ceux d�en face�, qu�ils affrontaient torse nu, allaient user de tous les moyens pour les mater �eux et les trublions et leur chahut de gamin�, car soudain des coups de feu retentirent. On venait de tirer � balles r�elles. Les rafales d�armes automatiques tir�rent les manifestants de leur euphorie et la r�alit� implacable se faisait jour. Plusieurs manifestants s��croulent en m�me temps et deux d�entre eux, des lyc�ens, y laisseront leur vie. Rachid, � peine 17 ans, touch� d�une balle en pleine t�te rendra l��me sur-le-coup. Ammar de la m�me cat�gorie d��ge est atteint � l�abdomen et ni les secours de ses camarades, ni son transfert urgent � l�h�pital de Boghni ne lui furent d�un quelconque secours, car il succombera en cours de route. C�est ainsi que s�acheva cette journ�e, dans le sang. A c�t� de ces deux martyrs, on d�nombra �galement une vingtaine de bless�s � des degr�s de gravit� plus au moins inqui�tants. Quelques jours plus tard, c�est au tour d�un autre citoyen de faire les frais de l�acharnement de taire � tout prix les manifestations. Dans la foul�e des m�mes �v�nements, un autre jeune sera emport� par ce torrent d�vastateur pour porter le tribut pay� � quatre martyrs. Aujourd�hui, cinq ans apr�s, leur sacrifice n�est pas pr�s de s��vacuer des m�moires. Les lyc�ens de Ma�tkas, dont nous avons rencontr� quelques-uns, ont fait de leurs villages d�origine, Tighilt Mahmoud et Tadjdiout, des lieux de p�lerinage o� un recueillement s�organise p�riodiquement.
A. A.

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