Le Soir d'Algérie

Est-il écrit, quelque part, que l’honneur du football algérien, fortement maculé jusque-là, soit réhabilité, sur la scène internationale, par la ténacité et les réalisations de ses femmes ? Ces femmes qui, une semaine durant (du 22 au 29 avril), ont bataillé et sué pour revenir au bercail avec un titre dans les escarcelles des terres des anciens pharaons. Un exploit à double résonance, en fait.
Aggoune Azzedine - Alger (Le Soir) - Nos filles viennent de remporter le championnat arabe féminin, le premier du genre. Elles ont été le disputer aux Egyptiennes, chez elles. Force est de reconnaître que cette consécration est venue à point nommé, d’où tout l’intérêt. Au moment où la stérilité, en résultats s’entend, du football algérien est généralisée, faisant naître le désespoir chez plus d’un. Des “filles” drapées des couleurs nationales (vert-rouge-blanc) procréent la joie. Une joie… qui n’a pas engendré l’ivresse attendue. Malheureusement. Au plus haut sommet de l’Etat, Bouteflika, le président de la République, a exprimé sa joie "qui reflète le véritable visage de notre sport et de nos champions". "Comme tous les Algériens, je me réjouis de la victoire de notre équipe nationale féminine qui a remporté le premier Championnat arabe de football en battant, au stade d'Alexandrie, un adversaire qui n'est pas des moindres", écrit le chef de l'Etat dans son message. La classe politique, seulement quelques partis, a également adressé ses félicitations au onze national féminin. Le collectif femmes MDS en a été le précurseur en écrivant : «Encore une fois, l’honneur sportif de l’Algérie est sauvé par ses femmes (…)». L’exploit au féminin a certainement incité les Kabyles de la JSK qui devaient en découdre avec les Marocains du RAJA et auxquels une élimination nette et sans bavures a été infligée. Avant, les U20 réussirent à écarter les Libyens. Le ton est donné. L’espoir, aussi. L’Algérie du football est sur la voie de retrouver ses marques. Son lustre, également. Un présage de bon augure à mettre à l’actif de Hamid Haddadj qui, contrairement à son prédécesseur dont le parcours a été un échec sur toute la ligne, débute son mandat en fanfare. Comme dirait l’autre «la victoire a plusieurs pères, mais la défaite est orpheline». Et sur ce plan-là, Raouraoua n’a pas, du tout, été gâté. Lilya Boumerrar et ses coéquipières ont joué et ont gagné. Elles, qui n’ont pas de championnat, à l’instar des Tunisiennes, Marocaines et autres Egyptiennes. Même se produire en ouverture des matchs de championnat masculin leur a été refusé par la FAF de Raouraoua, à maintes fois. Au-delà de la victoire courageusement acquise au stade d’Alexandrie, nos footballeuses viennent de gagner une autre partie, celle du droit de disposer du même respect accordé à leurs homologues masculins. Le savent-elles ? Et la FAF, aussi. Pour arriver à ce stade, les Algériennes ont fait d’emblée une démonstration de force : elles ont battu les Libanaises par 12 buts à 0. Zerrouki Dalila, la sociétaire d’Alger-Centre, à elle-seule, en a signé 6 réalisations, la moitié. Tour à tour, elles se sont neutralisées avec les Marocaines (une première fois) 0-0, elles ont battu les Tunisiennes 3-0 et en finale elles ont gagné devant les Marocaines par 1- 0. Elles sont championnes arabes. Les Egyptiennes ont occupé la quatrième place, les Tunisiennes se sont contentées de la troisième loge et évidemment les Marocaines sont vice-championnes (2e place). Il est à rappeler que trois arbitres algériennes ont été également retenues pour ces premières joutes arabes : Moula Slidja, Belkadi Khadidja et Belarbi Djamila. En sus de l’entraîneur national, Azzedine Chih, l’EN féminine a été accompagnée par Djamel Kashi, président de l’A Alger-Centre et membre de la commission du Football féminin à l’Union arabe de football. L’EN féminine, notons-le, est constituée en majorité des joueuses d’Alger-Centre (9), des associations de Béjaïa (3) (ASFW, Evasion et FCB), d’Oran (2) et de l’émigration (5). Les filles ont annoncé la couleur, aux autres de suivre la voie. Bravo !
A. A.