Actualit�s : VIREE DANS LE SIEGE DU "MATIN", APRES DEUX ANNEES DE FERMETURE
La poussi�re a pris possession des locaux


Lundi 12 juin 2006. Une actionnaire du journal Le Matin a eu l�amabilit� de r�pondre � notre sollicitation de nous faire visiter les locaux du Matin, apr�s deux ann�es de fermeture et � deux jours seulement de la lib�ration de Mohamed Benchicou. L�image qui s�offre � nos yeux est frappante, bouleversante. Une importante couche de poussi�re s�est form�e sur les si�ges qui se trouvaient dans la salle de r�ception.
La chaise est tomb�e sur le sol et de vieux journaux jonchaient sur une petite table. Le livre de dol�ances qui se trouvait d�habitude sur cette table n�est plus l�. Celui qui l�entretenait, il y a deux ans, a d� lui trouver un endroit plus prot�g�. En jetant un clin d��il sur l�horloge plac�e en haut des bancs r�serv�s aux visiteurs, on remarque que l�heure s�est arr�t�e � 15h16 minutes. Un fait du hasard ! C�est en tout cas une co�ncidence inou�e de constater que nous sommes revenus dans ces locaux, � la m�me heure, o� le temps s�est arr�t� dans ce journal. Mais, comme le dit le proverbe �de l�eau a coul� sous les ponts depuis cette heure-l�. A la d�couverte de ces petits d�tails, notre curiosit� devint plus vive. Nous p�n�trons � l�int�rieur des bureaux. D�abord, le service correction. Tous les mots qui se trouvent dans le dictionnaire poussi�reux qui garde encore les empreintes de la derni�re �dition du 24 juillet 2004 seraient incapables de d�crire cet �tat de laisser-aller qui caract�rise ces bureaux. Plus on avance dans les couloirs, plus les souvenirs de l�ambiance et du mouvement qui r�gnait dans ce journal remontaient dans nos esprits. Chaque coin de ce couloir exigu porte en lui les traces d�un �v�nement, d�une anecdote, d�un stress ou simplement d�un bonheur. La salle de r�daction se trouve, quant � elle, au fond du couloir. Les micro-ordinateurs ont disparu de cette salle, laissant un immense vide s�accaparer de cet endroit, autrefois anim� et o� jaillissait un d�bat constructif. Les questions politiques, �conomiques et surtout la vie sociale des Alg�riens, tous les sujets passionnaient les journalistes de cette r�daction. L�information est d�cortiqu�e, analys�e. Le d�bat est parfois contradictoire mais souvent fructueux. Que reste-t-il aujourd�hui de cette salle qui abritait ces d�bats ? Quelques dossiers de presse �parpill�s sur les tables et � m�me le sol, sur lesquels des couches de poussi�re se sont amass�es. Seul le portrait de Sa�d Mekbel, journaliste du Matin assassin� par les terroristes, dominait encore la salle. Quoiqu�on ait du mal � distinguer les traits du visage trac� sur ce tableau. Quelques notes de service son encore affich�es sur les murs de la r�daction. A la sortie de cette salle, on se dirige vers le bureau du secr�tariat de r�daction et, l� encore, c�est la stup�faction. Un d�sordre total. Des livres, des communiqu�s, des bouteilles d�eau vides, des gobelets prennent possession de cet endroit qui, d�habitude, �tait propre, organis� et surtout connu pour �tre le c�ur du journal. Tous les articles des journalistes atterrissaient dans cette salle. Les Unes du Matin y sont confectionn�es, tr�s tard en soir�e. L�image est spectaculaire. Une �motion envahit mon corps. L�envie de quitter ces locaux me presse. Je n�ai plus envie de poursuivre la visite, car le spectacle est le m�me. A la porte de la sortie, une plante qui fait partie du d�cor du journal attire mon attention. J�y jette un coup d��il et je ne trouve qu�une tige morte, sans vie. J�aurais d� m�en douter. Une plante ne peut pas vivre deux ann�es sans une go�te d�eau. Mais, si on l�arrosait, peut-�tre, elle retrouverait ses couleurs...
Rosa Mansouri

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