Actualit�s : LES LECTEURS DU "MATIN" GARDENT ESPOIR
Loin des �tals, pr�s du c�ur


Ils ont port� Le Matin durant les durs moments. Ils ont sign� des p�titions pour sa sauvegarde. Ils lui ont rendu hommage pour sa pertinence. Et ils l�ont achet� tout simplement. Eux, ce sont le levier de toute une �quipe qui s�acharnait � accomplir sa mission d�informer. Eux, ce sont les meilleures et pires critiques. Eux, ce sont les fers de lance des journalistes. Eux, ce sont les lecteurs du Matin tout simplement. De tous �ges, de diff�rentes couches sociales et de tous bords, ils sont des milliers � avoir �t� fid�les durant treize ans � ses 24 pages.
Ils le retrouvaient sur les �tals avant un certain 24 juillet 2004. Une date r�sonnant encore dans les oreilles de ces mordus qui ont voulu cotiser pour ne pas se heurter � la suspension de leur quotidien. Ils sont nombreux � parler du Matin en utilisant les m�mes mots. �Bouff�e d�oxyg�ne�, �Il osait�, �Hors du commun� sont autant de qualificatifs revenant dans leur conversation. Djamel Eddine, retrait�, �voque son journal avec une pointe de nostalgie dans la voix : �J��tais un mordu du Matin et de tous les �crits de Benchicou. Pour moi, l�un n�allait pas sans l�autre�. Se plongeant dans les semaines ayant pr�c�d� sa suspension, il rel�ve : �Je me sentais dans une sorte de l�thargie. Une boule sur le c�ur m�oppressait de ne rien pouvoir faire pour m�opposer � sa suspension. � Combler le vide laiss� par son Matin est quasi impossible m�me si Djamel Eddine ach�te deux quotidiens. Il explique : � Le Matin est le journal rebelle qui essaye d�aller au fond des choses. Il fon�ait et osait. Je dirais qu�il �tait � l�image de son directeur.� Gardant ch�rement et nostalgiquement chez lui les derniers num�ros du Matin, Djamel Eddine esp�re d�en trouver des nouveaux. Ali, 60 ans, retrait� fait partie de la m�me g�n�ration. Pour lui, Le Matin �tait �son compagnon de tous les matins�. Nourrissant toujours l�espoir de le trouver un jour sur les �tals, il l��voque : �C��tait notre journal, celui de ces couches moyennes de la soci�t�. Celui qui crie tr�s fort ce que les gens pensent tout bas. Personnellement, j�adh�re au choix de ce journal qui a pr�f�r� �tre du c�t� des plus faibles et non des plus forts.� La transition du Matin vers d�autres quotidiens ne s�est pas faite naturellement pour tous les lecteurs. Mohamed, 65 ans, commer�ant de son �tat apr�s deux ans en est encore � se poser des questions. Il t�moigne : �Avant quand j�arrivais devant le libraire, je ne prenais aucun moment de r�flexion pour prendre mon journal. Depuis la disparition du Matin, j�h�site � faire un choix. Je ne sais plus quoi lire. Il me semble que m�me s�il y en a qui continuent � faire de l�opposition au pouvoir, ils ne disent malheureusement plus toute la v�rit�. � Sans ambages, il tranche : �L�exp�rience du Matin est fatale pour la presse alg�rienne. Nous le constatons chaque jour.� D�une tout autre g�n�ration, Malek, 26 ans, partage l�opinion de ses a�n�s : �Evidemment, il manque au paysage m�diatique. Le Matin osait dire des choses, donner des lectures et des appr�ciations diff�rentes.� Tout en observant un certain b�mol sur sa ligne �ditoriale, ce jeune cadre soul�ve �la mani�re du Matin � exprimer des opinions vraies.� Il se souvient : �C��tait un quotidien respectable faisant son travail avec s�rieux. Je sentais qu�il y avait une �quipe dynamique qui recherchait les bons sujets.� Le style r�dactionnel et la qualit� des �crits de Benchicou restent, sans conteste, pour Malek, le cachet vrai du Matin. La grande question pour tous est la m�me : la lib�ration de Benchicou sera-t-elle suivie par la r�apparition du Matin en gardant son empreinte particuli�re ?
Meriem Ouyahia

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