Actualit�s : L�ampleur du pr�judice

Il y a deux ans jour pour jour, Mohamed Benchicou �tait conduit du tribunal d�El-Harrach � la prison du m�me nom, � l�issue d�un simulacre de proc�s digne d�un r�gime dictatorial. Le mandat de d�p�t � l�audience �mis par le tribunal contre le directeur du Matin, trait� tel un dangereux criminel, �tait une mise en garde claire � l�adresse des journalistes, ainsi �invit�s � rentrer dans les rangs�, c'est-�-dire renoncer � leur devoir d�information et leur droit de critique.

L�emprisonnement de Mohamed Benchicou, lib�rable aujourd�hui apr�s avoir purg� la totalit� de sa peine, prouve, s�il en est, l�acharnement tenace contre la presse alg�rienne et les professionnels qui la repr�sentent : le �cas� du directeur du Matin, jug� et condamn� en r�alit� pour ses �crits et pour servir d�exemple, n��tant qu�un �pisode dans la longue s�rie noire. Il suffit de rappeler, en effet, qu�une vingtaine de journalistes sont condamn�s, � ce jour, � de lourdes peines � la prison ferme, que trois d�entre eux sont sous contr�le judiciaire et que cinq �diteurs de journaux, parmi les plus en vue, sont poursuivis dans 88 proc�s de presse, pour mesurer l�ampleur du pr�judice caus� � la libert� de la presse dans ce pays. Aussi les mesures de circonstance, con�ues pour faire diversion, ne sauraient r�sister aux faits. Elles constituent, tout au plus, une preuve suppl�mentaire de la duplicit� d�un r�gime qui n�h�site pas � r�duire la libert� de la presse � un slogan de tribune des plus grotesques. De plus, le climat vici� dans lequel �volue la presse, soumise au harc�lement continu et m�thodique du r�gime, n�est pas isol� du contexte g�n�ral marqu� ces derni�res ann�es par un r�tr�cissement du champ des libert�s publiques : marginalisation des partis politiques au seul profit des partis dits de l�alliance pr�sidentielle, exclusion des syndicats autonomes, quasi-fermeture des espaces publics d�expression, etc. Il traduit une volont�, d�sormais clairement affich�e par le r�gime en place: le retour � la pens�e et au parti uniques. A l�heure o� la tendance mondiale est � la d�p�nalisation des d�lits de presse, les journalistes et la soci�t� alg�rienne dans son ensemble ne sauraient se contenter de �mesurettes�. Plus que la �cl�mence� ou le �pardon� de circonstance accord�s aux journalistes �d�viants�, il est attendu des pouvoirs publics un engagement clair et d�finitif de respecter la libert� de la presse. Des r�formes indispensables, d�cid�es sans d�lai, sans ruse ni atermoiements, sont seules � m�me d�assurer l�exercice effectif des droits � la libert� de la presse et � la libert� d�expression, ch�rement acquises par les citoyens et garanties par la Constitution alg�rienne. Il s�agit de :
1) l�abolition des dispositions du code p�nal pr�voyant des peines de prison et de fortes amendes pour diffamation : l�article 144 bis introduit par amendement au code p�nal de 2001 constituant une entrave majeure � l�exercice de la profession de journaliste ;
2) l�adoption d�une loi qui encourage la libert� de la presse et prot�ge le journaliste dans l�exercice de son m�tier, en remplacement de l�actuel code de l�information. Cette derni�re mesure devra n�cessairement �tre pr�c�d�e d�un d�bat public, large et contradictoire. La presse devra, aussi, �tre assur�e de son droit l�gitime � organiser librement le cadre �thique et d�ontologique dans lequel elle est appel�e � �voluer pour acc�der � une plus grande professionnalit�.

Le Comit� Benchicou pour les Libert�s
Alger le 13 juin 2006





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