Actualités : Nouvelle
En quelques mots : de-ci, de-là
Par Leïla Aslaoui


Si la semaine écoulée n’a pas été ponctuée d’évènements politiques importants, elle aura été porteuse tout de même de bonnes nouvelles :


1) L’élimination de Abou Mossab Al Zarqaoui, chef d’Al Qaïda en Irak Trahi par les siens... ou repéré.. qu’importe ! Sa mise hors d’état de nuire le 7 juin 2006 prouve que “lorsqu’on veut on peut”. Lorsque les Américains ont décidé d’en finir avec ce sinistre tueur, responsable, faut-il le rappeler, de l’assassinat de deux diplomates algériens, Belaroussi et Belkadi, en juillet 2005 en Irak, ils ont été jusqu’au bout. Lorsqu’ils entendront en terminer avec Oussama Ben Laden, avec Al Qaïda, ils seront seuls à décider du moment et du lieu. En conséquence de quoi, la mort d’Al Zarqaoui, certes, ne peut que réjouir tous ceux qui ont eu à affronter la barbarie islamiste mais ne nous voilons pas la face, Al Qaïda remplacera Al Zarqaoui. Aussi le seul souhait que nous puissions formuler est que les Américains agissent très vite. Ainsi, éviterontils aux Etats et peuples ciblés par cette sinistre organisation islamiste internationale de subir sa capacité de nuisance. Enfin, tous ceux qui ont connu les affres du terrorisme islamiste ont parfaitement le droit de penser qu’Al Zarqaoui n’a pas enduré les souffrances que lui et tous ses acolytes, en Algérie, en Afghanistan, au Maroc, en Egypte, en Espagne, en Indonésie, en Grande- Bretagne, aux Etats-Unis (11 septembre 2001) ont fait subir à leurs victimes égorgées, assassinées ou mutilées à vie par l’explosion de véhicules piégés. Al Zarqaoui ne pourra plus frapper. C’est là une excellente nouvelle. C’eût été encore mieux s’il avait pu être jugé et répondre de ses actes. Mais que dis-je donc ? Aurais-je déjà oublié que dans mon pays les tueurs comme Zarqaoui se promènent non seulement libres mais surtout libérés de toute culpabilité. Ainsi, en a-ton décidé en haut au nom de “sa” réconciliation nationale. A tout choisir, je préfère savoir qu’Al Zarqaoui a été tué et espérer qu’il y aura d’autres Zarqaoui éliminés. Ce sera toujours un en moins ou dix... ou vingt... En annonçant l’élimination d’Al Zarqaoui, la presse indépendante, notamment Liberté du 10 juin, a recueilli quelques réactions d’hommes politiques, de personnalités. A noter un commentaire à part, celui d’un islamiste pur et dur, qualifiant, on s’en souvient, la démocratie de “kofr” (hérésie) en 1989/1990. Se démarquant totalement d’Al Zarqaoui, il déclare ne rien avoir de commun avec le terroriste abattu. N’est-ce pas lui qui avait clamé haut et fort sa satisfaction, voire sa joie suite à l’enlèvement en juillet 2005 des deux diplomates algériens en Irak ? Ce qui lui avait valu quelques jours en prison. Comme quoi, si l’on a coutume de dire que la prison fabrique des récidivistes, elle peut parfois — rarement — amender ceux qui, comme cet islamiste verbeux, préfèrent la douceur et la chaleur de leur maison à l’humidité d’une cellule de prison. D’ailleurs, n’a-t-il pas de tout temps envoyé les jeunes se faire tuer à sa place ? Au fait, pour quelles raisons la presse parle-t-elle de cet islamiste responsable et coupable de tant et tant de souffrances ? Pour quelles raisons évoque-telle son nom ? Pour quelles raisons le fait-elle exister en recueillant tantôt ses impressions, tantôt en relatant le camouflet qu’il a reçu lorsqu’il a tenté de rencontrer un autre islamiste comme lui au siège du parti dont ce dernier est secrétaire général ? Ne serait-il pas plus judicieux de le traiter comme il doit l’être ? Ou comme il devrait l’être ? Non pas un “ange”, non pas un leader d’opinion ou une personnalité politique, non pas un “héros” mais tout bonnement un homme responsable et coupable des années rouges. En le faisant exister, la corporation de la presse, qui a payé un lourd tribut, lui donne l’occasion d’utiliser à son profit cette maxime : “Parlezmoi de moi en bien, parlez- moi de moi en mal, mais parlez de moi.” Je préfère, pour ma part, citer ce propos rapporté par le quotidien Liberté du 10 juin, Mme Belaroussi (épouse du diplomate) : “Al Zarqaoui n’est pas un martyr.” C’était un tueur et seulement un tueur de la pire espèce. Comme tous ceux qui lui ressemblent.
2) Libération de Mohamed Benchicou, directeur du quotidien Le Matin

La deuxième bonne nouvelle de la semaine écoulée fut évidemment la fin du calvaire du journaliste Mohamed Benchicou, injustement incarcéré en juin 2004 et libéré le 14 juin 2006. Que l’homme soit sorti de la prison d’El-Harrach plus déterminé que jamais à poursuivre son combat n’a rien d’étonnant pour ceux qui le connaissent. Qu’il nous donne à tous une leçon de courage en nous disant : “N’ayez pas peur de leur prison” était attendu. Mohamed Benchicou n’a évidemment plus rien à prouver dans le domaine du courage. Par contre, ceux qui avaient juré qu’il paierait, ceux qui étaient persuadés qu’il sortirait anéanti, ceux qui étaient convaincus que ses consœurs et confrères seraient tétanisés par son incarcération doivent admettre qu’après deux années l’échec, aujourd’hui, est de leur côté. Mohamed Benchicou reprendra sa belle plume. Il ne se taira pas. Et la société civile, dont le premier magistrat a dit un jour qu’il la cherchait, était à l’accueil pour dire encore et encore son soutien au combat de tous ceux, comme Mohamed Benchicou, qui luttent pour la liberté d’expression. “Il a payé” messieurs comme vous le lui aviez promis. Vous avez cependant oublié dans votre plan d’exécution contre Mohamed Benchicou un paramètre capital. Un élément d’ailleurs que vous ne pouviez pas prévoir, car durant les années infernales où les journalistes payaient de leur vie leur combat pour la démocratie, vous étiez loin, très loin de la tourmente. Durant ces années, messieurs, Mohamed Benchicou était au siège du Matin. Tous les jours, toutes les nuits. Alors messieurs lorsque l’on a affronté le terrorisme islamiste l’on ne craint plus rien ni personne. C’est sans doute la différence fondamentale entre vous et Mohamed Benchicou. Bien sûr, vous disposez de la force. Mais qu’est donc l’arbitraire, l’Etat de non-droit face à un homme qui vous regarde droit dans les yeux et vous dit : “Je continuerai” ? Il n’a pas sollicité votre grâce ou votre indulgence. C’est pourtant vous, messieurs, qui avez cru faire du charme aux journalistes de la race de Mohamed Benchicou en leur accordant une grâce présidentielle. Au demeurant, une simple illusion, un mensonge, puisque dans les faits cette mesure s’est avérée être un véritable embrouillamini juridique donc inefficace. Alors après deux ans, qui a perdu, messieurs ? Vous, bien entendu. Il est vrai que dans un pays où les belles plumes risquent à tout moment d’être derrière les barreaux, où une journaliste qui fait son travail est maltraitée physiquement par un ministre (M. Tou), qui la juge trop curieuse, le combat pour la citoyenneté, les droits de l’homme et les libertés n’est pas encore gagné. En assumant ses écrits, en nous disant “n’ayez pas peur de leur prison”, Mohamed Benchicou veut nous dire ou plutôt nous rappeler que le combat pour la liberté de penser, d’écrire, voire d’exister comme républicain devra continuer de plus belle. Merci à Mohamed d’avoir payé le prix pour nous tous. Mohamed Benchicou reprendra la plume. Il aura à nouveau son quotidien. Peut-être l’appellera-t-il “Le Printemps” ? Car le Matin où il a été libéré m’a fait penser à ceux qui chantaient en 1942/1943 dans les camps nazis : “Mais un jour dans notre vie, le printemps refleurira, je chanterai alors Liberté, Liberté chérie tu es à moi”. Oui, Mohamed Benchicou a été libéré et ils ne lui ont rien fait. Rien, absolument rien. Il est intact.
3) Ça bouge au sein d’El Islah

Cela a été la troisième bonne nouvelle. La justice a gelé les avoirs du parti El Islah ainsi que ses activités. Sans doute certains puristes de la démocratie me reprocheraient-ils d’avoir réagi différemment lorsque la justice avait invalidé le 8e Congrès du FLN ayant élu M. Ali Benflis (décision 24 mars 2004). Je ne me déjuge absolument pas. J’applaudis la justice qui élimine les islamistes purs et durs, voire dits “modérés”. Je ne peux être du côté de Dame Justice lorsqu’elle élimine un républicain au profit d’un islamiste. Et à ce propos, je reprendrai un extrait de l’éditorial de Cheikh Ezemli, quotidien Le Jour, 14 juin 2006 : “Un de moins” : “Djaballah qui a signé le contrat de Rome avec Anouar Haddam n’a jamais fait mystère d’instaurer une dawla islamya en Algérie.” Oui “un de moins”, incha Allah au prochain, voire aux prochains !... Il est vrai que le SG du FLN a lui aussi signé le contrat de Rome et qu’il est aujourd’hui chef de gouvernement. Alors entre Djaballah et la République le choix — mon choix — est vite fait. Entre Belkhadem et M. Ali Benflis, mon choix ne fait pas de doute. Voilà pourquoi la justice qui soutient la République ne peut que nous réconforter. La justice qui soutient l’islamisme nous inquiète.
4) Belkhadem encore et encore...
Le SG du FLN a récidivé cette semaine ( Soir du 10 juin) en répétant qu’au FLN : “Nous n’avons jamais demandé le départ d’Ahmed Ouyahia.” Il le dit un peu trop souvent et nous avons le droit de nous poser des questions. Veut-il nous signifier qu’il ignore de quoi sera fait demain, après-demain et que M. Ahmed Ouyahia est toujours son allié ? Culpabilise-t-il ? Ce serait mal connaître l’homme et son parcours, lui qui ambitionnait d’être à la tête du gouvernement quand bien même son vrai chef et le seul demeure celui qui l’a sorti de l’ombre ? Trop tard pour nourrir des regrets. En parfait exécutant et exécuteur, le SG du FLN a volontairement et pleinement participé au départ de M. Ahmed Ouyahia. Il faut dire que l’homme ne compte plus ses bonnes actions. Hier, c’était contre M. Ali Benflis, qu’il avait aiguisé ses armes. Voire contre ses soutiens. Qui pourrait oublier l’épisode “dobermans” lâchés contre feu le regretté et respectable Mustapha Benzaza ? Récemment, ce fut contre M. Ahmed Ouyahia. Est-ce parce que celui-ci fait preuve de sérénité, de grande maturité politique qu’il inquiète Belkhadem ? Sans nul doute. Une chose est sûre : il est bien le seul à croire à une alliance qui a volé en éclats. Il est bien le seul à s’agiter, à gesticuler autour de la révision constitutionnelle dont le MSP, par la voix de son secrétaire général, dit que la mouture est celle du FLN. Celui-ci s’est dit inquiet des fuites suite aux extraits du projet publiés dans la presse. M. Ahmed Ouyahia a réuni tour à tour ministres, parlementaires et il tient bien le navire. Alors, résultat des courses ? Le SG du FLN s’accroche désormais à l’augmentation des salaires pour faire du charme. Sans doute des “démocrates” retourneront- ils leur veste pour quelques sous de plus. Sans doute, lui croit-il gagner la confiance citoyenne par cette mesure. Il se trompe. Il demeurera à jamais l’islamiste qu’il fut, qu’il est. Hier, bénéficiaire du coup d’Etat contre M. Ali Benflis, récemment bénéficiaire de celui fomenté contre M. Ahmed Ouyahia. Voilà ce que l’on sait de l’homme et de son parcours. D’ici mai 2007 qui vivra verra... Quant à 2009...
L. A.

N. B. : C’est avec une profonde consternation que j’ai appris le décès de M. Mounir Gaouar, ex-sénateur du RND (Tlemcen). Je conserve de cet homme le souvenir d’un collègue, puis au fil des jours d’un frère discret, avenant, généreux, respectable, et toujours souriant. A sa famille, à ses proches, au bureau national et militants du RND, j’exprime ma sincère compassion, ma sympathie et les prie d’accepter mes condoléances. Adieu Mounir, mon frère.





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