P�riscoop : BAZOOKA
Naissance des identit�s mythiques
PAR MOHAMED BOUHAMIDI
mbouhamidi2001@yahoo.fr


Les enfants finissent toujours par vous donner une piste. Ceux-l� ont commenc� par se raconter leurs grandes �motions d�avant, pendant et apr�s la finale de la Coupe d�Alg�rie. Les phases de jeu et les exploits des joueurs n�ont pourtant pas tenu longtemps. Vite, ils ont gliss� vers leurs exp�riences du stade et de la f�te.
Leurs r�cits cherchaient visiblement � restituer le caract�re extraordinaire et exceptionnel de cette vie si particuli�re des tribunes, de la communion de supporters, de cet ensemble qui se cr�e comme par magie dans les chants, les encouragements et les slogans. Par petites touches, ils en vinrent � dire leurs propres gestes, leurs attitudes, leurs comportements personnels. Ils s�extrayaient de la foule pour re-vivre leurs parcours individuels. Mais avec leurs �ges qui tournaient autour de seize ans, ils n�ont pu suivre les cort�ges � pied qui descendaient vers Bab-el-Oued et La Casbah. Alors, avec leurs drapeaux et leurs banderoles, ils ont pris le chemin de leur quartier en chantant. Quelle vaillance ! Chanter dans ces lieux si peu populaires. Leurs chants s�effiloch�rent avec la fatigue et la longueur du chemin. Parfois, ils se bousculaient, s�interpellaient, et au croisement d�un sourire indulgent ou complice, ils reprenaient de leurs voix enrou�es une strophe � la gloire de leur �quipe. Ils regrettaient de ne pas �tre dans la foule en bas, dans Bab-el-Oued. Les parents l�avaient formellement interdit par peur d�un incident ou d�un d�rapage. La conversation tourna alors sur ce potentiel de violence r�elle ou suppos�e de ces quartiers populaires. Ils y sont all�s pour acheter des p�tards pour la f�te du Mouloud. Ils parl�rent de ces courses � la rue Ali-Amar comme d�une exp�dition dans une zone o� il fallait montrer de la poigne pour d�fendre son petit �tal commercial et se d�fendre des voleurs et autres pr�dateurs. La base de leur club se trouvait l� o� toute faiblesse vous interdisait de vivre debout. Dans leurs t�tes juv�niles, caract�re populaire se confondit avec populace et violence, absence de normes, de r�gles et de morale. L�inconnu fait peur, vous le savez. Vous saviez aussi comment on invente une identit� mythique � des lieux et � des hommes.
M. B.

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