Actualit�s : GENDARMERIE EN KABYLIE
Le retour


Le retour de la gendarmerie en Kabylie s�effectue doucement mais s�rement, il ne se conjugue pas au futur comme le laisse entendre le ministre de l�Int�rieur mais d�j� au pass� et au pr�sent m�me si l�on proc�de par petites touches � pour r�investir les espaces abandonn�s � comme il est de rigueur dans une r�gion qui, parce qu�elle a souffert le martyre et parce qu�elle est trop souvent le th��tre de manipulations machiav�liques, � jeter pr�cipitamment, la douleur et la ranc�ur aidant, le b�b� avec l�eau du bain.
L�histoire est parfois bizarre, disait le colonel commandant du groupement de la gendarmerie de Tizi-Ouzou qui nous accompagnait, jeudi 13 juillet � la plage du Petit-Paradis d�A�t Chaffa, il ne croyait pas si bien dire. Entre autres bizarreries, citons le fait que l�une des institutions de la R�publique qui a pay�, sur le territoire de la wilaya, un lourd tribut dans la lutte contre le terrorisme vit en semi-clandestinit� dans une r�gion fonci�rement antiterroriste. On aura fait presque le tout des bizarreries de l�histoire en notant que la majorit� de ceux qui ont souscrit, consciemment ou non, � la �revendication du d�part de la gendarmerie�, r�clame aujourd�hui son retour parce qu�ils en ont assez que la Kabylie qui s�est de tout temps singularis�e positivement le soit inversement depuis quelque temps. En 5 ans, la relation des citoyens avec l�institution est en m�tamorphose, les plaies se referment peu � peu, les passions se calment et le r�alisme reprend ses droits de part et d�autre. Le d�part d�une quinzaine de brigades et la semi-clandestinit� de celles qui restent a mis en �vidence aux yeux de l�immense majorit� des citoyens, l�importance de la place et du r�le de l�institution. D�sormais le pr�sent et l�avenir prennent le pas sur le pass� si l�on se r�f�re aux impressions recueillies aupr�s de la majorit� des estivants trouv�s sur place et � quelques t�moignages des habitants de la r�gion d�A�t Chaffa, commune o� les r�sidus du GSPC, traqu�s par les forces de l�ordre, restent pr�sents dans les montagnes bois�es de Tigrine et de Bouna�mane. Alors que la lutte contre le terrorisme est loin d��tre achev�e en d�pit des concessions de plus en plus importantes du pouvoir au tenant du totalitarisme religieux celle contre le gangst�risme en tout genre ne fait que commencer, les faux barrages faussement terroristes, les hold-up, les kidnappings, les vols et les agressions se multiplient dans une r�gion sans ant�c�dent en la mati�re. C�est ce qui fait regretter � la majorit� silencieuse l�absence de gendarmes m�me si par le pass� certaines couches de la population ont souffert de l�arrogance et des d�passements des �l�ments v�reux qui ont souill� toute institution. Aujourd�hui, la gendarmerie semble avoir fait sa mue, les �v�nements du Printemps noir lui ont permis de d�couvrir le mal qui la rongeait, pr�s de 8 000 hommes ont �t� radi�s des effectifs, selon le colonel commandant le groupement de Tizi-Ouzou. Elle se pr�sente sous un nouveau visage, elle inscrit son action dans le cadre de l�Etat de droit o� la protection des biens et des personnes est assum�e parall�lement � la sauvegarde des institutions r�publicaines. C�est ce que l�on peut retenir des explications du commandant de groupement et du commandant de la compagnie de Tigzirt charg� de s�curiser la RN24 de Tigzirt jusqu�aux limites de la wilaya de B�ja�a y compris la surveillance des plages de Sidi- Khelifa et du Petit-Paradis situ�es sur le m�me tron�on. Les temps ont chang�, la confiance est de retour, les citoyens et les gendarmes vivent c�te � c�te en toute civilit� sur la plage du Petit-Paradis situ�e sur les terres du village Igermane, � la limite de la wilaya de B�ja�a, la seule o� l�on a not�, ce jeudi 13 juillet, une affluence relativement importante compos�e de familles et de groupes de jeunes venus de toute part se d�tendre au bord de la mer, sur une plage au sable tr�s fin et propre gr�ce � l�action des jeunes de Blanche-Alg�rie. De l�avis presque g�n�ral, la pr�sence de la gendarmerie est pour beaucoup dans cette affluence que l�on ne retrouve dans aucune autre plage de la r�gion d�Azeffoun. L�organisation de la plage m�me avec quelques insuffisances dues aux pr�paratifs de derni�re minute, la qualit� du site et la r�putation de la plage sont certainement pour quelque chose dans l�affluence mais c�est la s�curit� et l�exemplarit� des rapports citoyens-gendarmes qui comptent le plus dans la balance. La plupart des citoyens interrog�s sont satisfaits de la pr�sence des gendarmes, ils appr�cient la diff�rence avec l�ann�e pass�e marqu�e par l�arrogance de certains groupes de jeunes qui venaient provoquer, consommer des boissons alcoolis�es sur la plage, provoquer des bagarres et intimider de paisibles estivants. Certains commer�ants redoutent des provocations qui pourraient compromettre leurs mises. La location des boutiques, du parking, des douches et WC serait tr�s ch�re, 560 millions pour 4 lots, il suffirait d�un petit incident pour que la saison soit compromise d�autant que celle-ci a d�marr� lentement, frein�e, dit-on, par la Coupe du monde de football. Un seul p�re de famille pr�conise, par pure prudence, que les gendarmes charg�s de la surveillance de la plage soient rev�tus de tenue civile comme les ma�tres nageurs ou en tous les cas sans klash. Revenons � la s�curit� pour dire que le village Igermane et plusieurs autres de la commune d�A�t Chaffa ont choisi le camp des id�aux r�publicains sans h�sitation et � la premi�re heure, l��pop�e antiterroriste du village Igoudjed�ne, n�est que l�exemple le plus important et le plus m�diatis�. Le petit village d�Igermane, au bord de la mer sur le flanc gauche de la RN24 en allant sur B�ja�a par le littoral, se serait dress� le premier contre les hordes terroristes avec deux fusils de chasse, 1 vieux fusil � canon unique, une mat 49, au lendemain de l�assassinat d�un vieux de 73 ans devant sa propri�t� et de l�enl�vement de deux jeunes dont un appel� du service national r�cup�r� avec une jambe et un �il perdus dans l�explosion d�une bombe artisanale mais toujours vivant gr�ce au courage et � la d�termination des proches et voisins. Les villages Ibdassen, A�t-Hamad, Ighil- M�hend, Agoulmim et tous les 26 villages de la commune d�A�t Chaffa peuvent �crire des pages et des pages sur leur r�sistance au terrorisme avant m�me qu�un campement militaire ne s�installe face � la propri�t� de la premi�re victime, un vieux de 73 ans sauvagement d�capit� par les criminels rev�tus d�oripeaux islamiques. L�, on a r�colt� 9 000 signatures dans une p�tition r�clamant le retour de la gendarmerie et on a �crit, � ce propos, une vingtaine de fois aux autorit�s, raconte un citoyen qui, sans attendre, prenait part � la r�sistance contre le terrorisme. R�pondant � une question d�un confr�re, ce courageux citoyen parent de la premi�re victime du terrorisme, de la famille Rabhi, se demande comment ne pas pardonner aux gendarmes quand on le fait, et avec r�compenses, aux auteurs des plus grands massacres enregistr�s durant la d�cennie noire. C�est la version de la r�conciliation de ceux qui ont � d�plorer des victimes � la fois sur le front antiterroriste et dans le combat contre l�arrogance, la hogra, l�exclusion et la corruption. A propos de ce dernier aspect, Ali Rabhi raconte une anecdote v�cue devant son caf� : arriv� devant un barrage de gendarmerie, un marchand de l�gumes se serait mis � pr�lever des quantit�s de chaque produit de sa livraison pour l�offrir volontairement et avec insistance au chef de brigade qui a d�clin� l�offre avec r�solution. Le m�me marchand venu quelques instants apr�s prendre un caf� a fait mine d�avoir �t� contraint de faire le don et d�clare qu�avec de pareils pr�l�vements � chaque barrage, comment voulez-vous que je m�en sorte. Un confr�re appuie cette anecdote en affirmant que la corruption est en nous, on n�a jamais vu, dit-il, un gendarme demander de l�argent � un usager de la route. Un autre confr�re s�interroge pour savoir � qui profite l�absence de la gendarmerie en Kabylie ? Aux trafiquants de drogue, aux barmen, autorit�s et clandestins, au grand banditisme, aux prox�n�tes, � tous ceux qui veulent pervertir les symboles de la Kabylie, souligne-t-il, r�pondant d�embl�e � ses propres questions.
B. T.

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