Corruptions : Les cl�s du cabinet noir, version fran�aise

Le volet franco-fran�ais de l�affaire Clearstream a inspir� nombre d��ditorialistes, certains essayant m�me de d�crypter les d�rives et dysfonctionnements qui ont �clabouss� les plus hautes institutions de la R�publique. Laurent Greilsamer pour le quotidien Le Monde nous livre ci-dessous sa vision du cabinet noir, version fran�aise.
�La France a une longue pratique des cabinets noirs. On en parle habituellement peu, mais on conna�t leur existence. On ne les respecte pas, mais on les craint. Les cyniques les estiment indispensables et les croient naturels. Les ang�liques les jugent pernicieux et promettent leur dissolution. Mais force est de constater qu'ils font toujours partie des meubles. Estampill�s Ancien R�gime, fleurant la lettre de cachet, le viol de correspondance et s'imposant comme les alli�s sinistres et indispensables du pouvoir, ils sont parvenus � survivre au grand coup de balai de la R�volution. C'est que le cabinet noir n'a pas d'�ge : toujours pr�t � servir, � grenouiller, � bidouiller. Il n'a pas d'�me non plus, et encore moins d'�tats d'�me. Il agit, brasse et nage en eau trouble. Non seulement il voit tout, comme la police, mais il monte des coups. Tordus, bien s�r. C'est sa facette moderne, car le cabinet noir classique fonctionnait comme une annexe clandestine du minist�re des Postes. On l'appelait d'ailleurs souvent le �cabinet des postes�. Le cabinet noir contemporain a �tendu son champ d'action � la rumeur, � l'intoxication et � la fabrication de ces �boules puantes� pr��lectorales� Mais le cabinet noir est une v�ritable passion fran�aise ! Le gaullisme lui-m�me a dispos� en la mati�re d'une panoplie compl�te, � la lisi�re des services secrets. Citons pour m�moire le Service d'action civique (SAC), sorte de groupe d'intervention rapide compos� d'id�alistes, de gros bras et de repris de justice. Et n'oublions pas les riches r�seaux Foccart, du nom de Jacques Foccart (1913-1997), le M. Afrique de l'Elys�e. La Mitterrandie n'a pas �t� en reste en se dotant d'un surprenant appendice d�sign� sous le vocable de �cellule de l'Elys�e� capable d'assurer �coutes t�l�phoniques, filatures, censure et protection rapproch�e. Dans ces domaines particuliers, mille affaires sont trait�es discr�tement quand brusquement une erreur de manipulation vient jeter une lumi�re crue sur un pan du syst�me. Tout se g�te alors. C'est le sel de l'affaire Clearstream, qui n'a pas encore rendu tout son suc. L'affaire d'Etat est � la politique ce que le fait divers est � la soci�t�. Un r�v�lateur. Un trou de serrure par lequel il est soudain permis de d�couvrir ce qui est par d�finition cach�. L'affaire d'Etat vit et prosp�re au c�ur du pouvoir pour abattre l'un des siens. Le seul fait de pouvoir la qualifier signifie son �chec. Un bon coup tordu est un coup tordu invisible. Les inventeurs de l'affaire Clearstream ont puis� dans l'arsenal basique de toute affaire : l'argent, la rivalit�, l'ambition. C'est un conte pour adultes avec en arri�re-plan une banque, des flux financiers et des listings de clients. Pour enclencher la manipulation, les inventeurs ont introduit dans ces listings des noms d'agents des services sp�ciaux, d'industriels de l'armement et d'hommes politiques de droite et de gauche��

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