Corruptions : LE VOL DU PEUPLE MAURITANIEN PAR LES NATIONAUX CORROMPUS ET LES PREDATEURS ETRANGERS
Nouakchott ren�gocie avantageusement les contrats d'exploitation


Quel est le pays qui va conna�tre la plus forte croissance au monde en 2006 avec 45 % d'augmentation de son PIB ? La Mauritanie. En recevant pour la premi�re fois 200 millions de dollars de recettes p�troli�res, le budget du pays va presque doubler. Evidemment, un tel pactole ne peut que susciter les convoitises et attiser les fantasmes.
Comment �chapper � la mal�diction qui frappe la quasi-totalit� des pays africains producteurs de p�trole, o� l'or noir finance � quand il ne les suscite pas � des guerres civiles et appauvrit les populations ? Comment, surtout, �g�rer� une opinion publique persuad�e que le p�trole va changer sa vie quotidienne et que ses dirigeants d�tournent la majeure partie des recettes ? Apr�s plusieurs mois de bras de fer, le gouvernement mauritanien et la soci�t� australienne Woodside devaient signer de nouveaux contrats de partage de p�trole, mettant un terme � un jeu de poker menteur qui a occup� le devant de la sc�ne pendant plusieurs mois � Nouakchott. Tout a commenc� � l'automne. La junte, arriv�e au pouvoir apr�s avoir renvers� en douceur le pr�sident Ould Taya le 3 ao�t 2005, d�couvre des avenants au contrat de partage de recettes entre l'Etat mauritanien et Woodside, le chef de file du consortium qui exploite le puits offshore de Chingetti, qui doit entrer en service d�but 2006. Difficile de se prononcer sur ces dispositions contractuelles, extr�mement techniques, mais il semble bien que Nouakchott y perdait fiscalement. �Il s'agit d'une spoliation organis�e dans des conditions irr�guli�res�, d�clarait � Lib�ration � la mi-mars le ministre secr�taire g�n�ral de la pr�sidence. Il chiffrait alors le pr�judice global de son pays � 1,5 milliard de dollars. A ce moment-l�, le ministre du P�trole du r�gime d�chu, Zeidane Ould Hmeida, est sous les verrous depuis fin janvier, inculp� de �crimes �conomiques�, �corruption�, �intelligence avec une puissance �trang�re�. Les journaux distillent tous les jours des r�v�lations sur sa fortune cach�e, sa maison luxueuse et ses nombreux 4x4. La production a d�marr� le 26 f�vrier, dans le flou financier le plus total.
Un fonds pour les g�n�rations futures

A ce moment-l�, les d�tracteurs de la junte faisaient remarquer pour leur part que le gouvernement venait de signer un contrat tout aussi d�savantageux avec l'allemand Wintershall et que l'ex-ministre du P�trole appartenait � un pouvoir auquel participaient plusieurs membres de la nouvelle junte. Pour preuve de sa bonne volont�, le nouveau pouvoir annonce le versement de tous les revenus p�troliers sur un seul compte dans lequel l'Etat puise selon ses besoins et uniquement sur autorisation du Parlement. Le reste est affect� � un fonds pour les g�n�rations futures. Le chef de la junte, Ely Ould Mohamed Vall, d�nonce � la t�l�vision le �vol� du peuple mauritanien par les nationaux corrompus et les pr�dateurs �trangers. En coulisses, les n�gociations se poursuivent. �Les nouvelles autorit�s jouent leur r�putation sur cette affaire, explique un diplomate. Si elles ne parviennent pas � un nouvel accord en bonne et due forme, le pays va passer pour un partenaire pas fiable et o� il est dangereux d'investir.� Le 30 mars, coup de th��tre : comme l'avait r�v�l� le quotidien El-Amal el-jedid, un accord est annonc�. Les anciens avenants sont annul�s, la compagnie australienne verse � Nouakchott un bonus de 100 millions de dollars et finance un fonds annuel pour la protection de l'environnement d'un million. Comme par magie, la junte amnistie � tous les faits qui ont entour� la signature de ces avenants � sous le r�gime Ould Taya. Zeidane Ould Hmeida est lib�r� dans la nuit et raccompagn� par un cort�ge de voitures de proches qui traversent Nouakchott klaxons bloqu�s. �Le probl�me du gouvernement, aujourd'hui, poursuit le diplomate occidental, c'est de faire retomber la pression apr�s avoir ouvert la bo�te de Pandore du nationalisme �conomique.� Le chef de l'Etat s'y est employ� en d�non�ant les �mirages des ressources �puisables que constituent le p�trole et les autres ressources mini�res�. Mais, pendant ce temps, � l'autre bout de la plan�te, la police f�d�rale australienne enqu�te sur le versement de pots-de-vin de Woodside au gouvernement mauritanien.

Nombre de lectures :

Format imprimable  Format imprimable

  Options

Format imprimable  Format imprimable