�Je suis profond�ment pr�occup�e par la situation du peuple libanais et ce qu�il subit. Et je suis, �videmment, inqui�te de la situation humanitaire�, a d�clar� Condoleezza Rice � l�issue de sa visite surprise � Beyrouth. S�il est temps, dirons-nous, de s�en inqui�ter, pourquoi alors Washington a-t-il d�cid� d�acc�l�rer ses livraisons de bombes anti-bunker � Tel-Aviv ? Pour casser le Hezbollah, r�pondront, sans �tat d��me et la conscience tranquille, les va-t-en guerre am�ricains et leurs soutiens occidentaux.
Sur le terrain, les objectifs programm�s par Isra�l avec le feu vert am�ricain ne se d�roulent pas comme pr�vus sur le papier. Les bombardements intensifs isra�liens n�ont pas r�ussi � �d�capiter� le Hezbollah. Et la guerre fratricide entre libanais escompt�e par les strat�ges isra�liens et les faucons du Pentagone n�a pas eu lieu : les Libanais, tirant les le�ons de la guerre civile 1975-82, ne sont pas tomb�s dans le pi�ge. Mieux, l�ex-g�n�ral Michel Aoun, qui avait conclu le 8 juin dernier un �pacte d�entente nationale� avec le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, vient de lancer un appel � l�unit� nationale et � l�aide aux populations du Sud-Liban. Aussi certains officiels isra�liens en viennent-ils � l�id�e de revoir � la baisse leurs ambitions. �Il est temps pour Isra�l de r��valuer ses objectifs afin de trouver une porte de sortie � la crise�, a estim� sous couvert de l�anonymat un proche d�Ehud Olmert, tandis qu�Avi Dichter, ministre de la Sant� isra�lien, a affirm� que �l�objectif d�Isra�l n�est pas de d�manteler le Hezbollah�. En fait, il s�agit tout simplement de le d�loger de ses positions dans le Sud-Liban afin d��tablir une zone permettant le d�ploiement d�une force internationale d�interposition. Un objectif qui s�inscrit dans le plan de paix propos� par Condoleezza Rice lors de sa visite � Beyrouth, plan pr�voyant un cessez-le-feu conditionn� par un retrait contraint du Hezbollah du Sud-Liban, la cr�ation d�une zone tampon de 20 kilom�tres, le d�ploiement d�une force internationale d�interposition sous l��gide de l�Otan et dans une phase ult�rieure, �l�examen des fermes de Sheb�a�. Et ce, avant de se rendre � Tel-Aviv afin de s�assurer que les forces isra�liennes sont bel et bien en train de �terminer le travail �, selon l�expression de Nicolas Sarkozy. Pis, Condoleezza Rice, qui a qualifi� le conflit actuel de �chaos cr�ateur�, terme qui rappelle, toutes choses �gales par ailleurs, le fameux concept de �r�gression f�conde�, a estim� que �le temps est venu pour un nouveau Proche-Orient�. Autrement dit, le temps accord� � Isra�l pour mener � bien ses objectifs tant au Liban qu�� Ghaza n�est pas le fait d�un hasard mais bel et bien le fruit d�un plan concert� comme nous l�avions �crit dans Le Soir du 22 juillet, avec pour but final, le renversement des r�gimes existants, en fait des r�gimes dont les politiques sont jug�es hostiles aux Etats-Unis, pour instaurer la d�mocratie. Le probl�me est que c�est bien ce pr�texte qui a �t� utilis� pour casser le r�gime de Saddam. R�sultat, au lieu de la d�mocratie, l�Irak est plong� non dans un �chaos cr�ateur� mais dans un �chaos destructeur�. A Rome o� s�est tenue hier une conf�rence sur le Liban, il est peu probable � au moment o� s��crit cette chronique � qu�il en sorte quelque chose de positif. Sans pr�juger des r�sultats de cette conf�rence, il est s�r et certain qu�elle se traduira par des d�cisions qui risquent, en l�absence de toute opposition au plan am�ricain, de conforter Isra�l dans sa guerre d�vastatrice du Liban et dans son refus d�un Etat palestinien dans ses fronti�res de 1967. Car toute la politique am�ricaine dans cette r�gion du monde est �labor�e en fonction des objectifs strat�giques d�isra�l. D�s lors, le Grand Moyen Orient voulu par Bush n�est rien d�autre qu�un remodelage de la carte g�opolitique de cette r�gion avec � la cl� le risque de cr�ation de micro-Etats soumis � la domination am�ricaine.
H. Z.

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