Panorama : KIOSQUE ARABE
La sombre r�alit� du Liban
Par Ahmed HALLI
halliahmed@hotmail.com


La �paix� revenue au Liban et l'argent du Hezbollah se d�versant sur les sinistr�s, il aurait sembl� plus opportun de s'int�resser � Nancy Agram ou encore � Faten Hamama. Las, toutes les deux et tous les artistes parlent uniquement du Liban. Ce sont d'ailleurs les seuls � avoir des accents de sinc�rit� quand ils se lamentent sur les ruines d'un pays saccag� de fond en comble. Les artistes et les po�tes savent trop bien ce que le Liban repr�sente pour la culture et pour la libert� de dire.
La �paix� revenue au Liban et l'argent du Hezbollah se d�versant sur les sinistr�s, il aurait sembl� plus opportun de s'int�resser � Nancy Agram ou encore � Faten Hamama. Las, toutes les deux et tous les artistes parlent uniquement du Liban. Ce sont d'ailleurs les seuls � avoir des accents de sinc�rit� quand ils se lamentent sur les ruines d'un pays saccag� de fond en comble. Les artistes et les po�tes savent trop bien ce que le Liban repr�sente pour la culture et pour la libert� de dire. Ce n'est pas par hasard si le bonheur de survivre des Libanais est temp�r� � l'�vidence par un sentiment de mutilation. Il y a, certes, le Hezbollah qui exulte et qui brandit, provisoirement il faut croire, la corne d'abondance au lieu de l'�p�e du �djihad�. �Hezbollah a de l'argent�, r�p�te � l'envi le Merani (1) local repr�sentant du Parti de Dieu, devant les cam�ras des t�l�visions occidentales toujours en qu�te de frissons � barbe. On sait d'o� vient l'argent mais les certitudes s'estompent quant � sa destination finale. Un fait est ind�niable : c'est le parti de Nasrallah qui tire les marrons du feu libanais. Magnanime, le Hezbollah va m�me jusqu'� conc�der une parcelle de �gloire� � son alli� syrien Bachar Al-Assad. Ce dernier s'est d'ailleurs empress� de sauter sur l'occasion : c'est lui qui a planifi� cette guerre avec ses alli�s de la r�sistance et en �coordination �troite� avec l'Iran. Il le dit et il le r�p�te � tous vents : c'est une guerre savamment planifi�e et men�e qu'a v�cue le Liban. Il faut donc s'attendre � une imminente guerre de lib�ration du Golan (2) avec la destruction partielle de Damas et des villes tampons syriennes. Et si vous ne me croyez pas r��coutez son discours fleuve devant le congr�s des journalistes syriens et relisez les trois ou quatre interviews qu'il a accord�es aux confr�res arabes invit�s d'honneur (3). En tout cas, j'ai not� une information de taille dans les propos de Bachar Al-Assad, � savoir que les Arabes n'avaient pas besoin de son autorisation pour aller combattre Isra�l. R�ponse indirecte � notre agitateur belliciste, Ali Benhadj, qui guerroie toujours sur les hauteurs des Tagarins ou d'El- Mouradia. Au reste, � les Arabes ne sont pas d�cid�s � se battre sinon qui les aurait emp�ch�s de se masser aux fronti�res d'Isra�l et de combattre les Isra�liens�, note au passage le quotidien Al-Hayat qui refl�te, comme on le sait, le point de vue saoudien. Porteparole de nos directeurs de conscience attitr�s, les Saoudiens, Al-Hayat s'est mis � l'heure des bilans, triomphalistes pour les uns, mitig�s ou franchement pessimistes pour les autres. Il faut donc le ranger parmi les grands d��us de la crise libanaise. Pour le quotidien saoudien, il y a finalement deux grands perdants dans ce conflit : Isra�l et le Hezbollah. Isra�l, dit-il, a perdu parce qu'il s'est montr� incapable d'attaquer l'Iran et la Syrie, le principal pourvoyeur d'armes et leur passage oblig�. Quant au Hezbollah, il a �chou� dans son projet d'entra�ner le monde arabe dans son djihad puisque les Arabes ont refus� de le suivre. Cela �tant, notre confr�re occulte, et pour cause, l'identit� du troisi�me et plus gros perdant, j'ai cit� les Saoudiens. Ils mettront au moins une dizaine d'ann�es sinon plus � se relever du coup que leur a port� Nasrallah aux plans religieux et id�ologique. Ce n'est pas demain, �videmment, que l'Adhan chiite viendra troubler le sommeil auroral des n�owahhabites mais la graine est sem�e. Elle germe d�j� entre deux sachets d�cr�pis dans les espaces verts du Climatde- France et de Bab-el-Oued. Le chiisme comme �solution islamique� alternative au sunnisme � court d'imagination, pourquoi pas ? On a vu et entendu pire que ces insanit�s- l�. C'est pourtant l'issue qu'appr�hende � terme, pour le Liban, le penseur Chaker Nabulci. Dans sa contribution r�guli�re au quotidien kowe�tien Al-Siassa, il estime qu'une r�publique islamique de type iranien au Liban est d�sormais probable. Chaker Nabulci estime, en effet, qu'aur�ol� de sa �victoire� au Sud-Liban, le Hezbollah peut aujourd'hui envisager cet Etat th�ocratique dont avait r�v� Khome�ni. Sinon, comment expliquer que le Hezbollah qui pr�tend incarner la r�sistance � l'occupation ne soit ouvert qu'aux seuls chiites et aux khome�nistes de surcro�t ? Comment se fait-il qu'il n'y ait ni sunnites ni maronites dans ce mouvement qui pr�tend lib�rer le sud du pays ? Comment un mouvement qui se pr�tend libanais peut-il d�filer avec les seuls portraits de Khome�ni, de Khamanei et de Ahmadinejad ? Le Hezbollah est n� et a grandi avec le soutien de l'Iran et de la Syrie sous le regard de tous les responsables libanais, note encore Chaker Nabulci. Les Am�ricains aussi n'ignoraient pas les efforts accomplis par ce mouvement pour s'�quiper et pour devenir la premi�re milice arm�e du Liban et du monde arabe. C'est au vu et au su de tous que le parti de Nasrallah s'est introduit dans tous les rouages de l'Etat libanais pour s'enrichir et pour devenir plus fort. L'�crivain jordanien rappelle ensuite les propos r�cents tenus par un des dignitaires du r�gime des ayattollahs, Ali Akbar Mohtachemi, ancien ambassadeur d'Iran en Syrie et au Liban, � propos du mouvement de Hassan Nasrallah. Il disait : �Le Hezbollah fait partie du pouvoir en Iran. Le Hezbollah est un �l�ment fondamental du dispositif militaire et s�curitaire iranien. La relation du Hezbollah avec l'Iran va plus loin que celle d'un r�gime r�volutionnaire avec un parti ou une organisation r�volutionnaires � l'ext�rieur du pays.� �Transpos�es sur le terrain, que traduisent ces trois phrases ? s'interroge alors Chaker Nabulci. Le Liban se transformera-t-il en r�publique islamique comme c'est le cas aujourd'hui de sa partie sud, devenue une mini-r�publique islamique avec comme guide supr�me Hassan Nasrallah ? �. Notre confr�re irakien Khoudhir Tahar va plus loin dans un article que publie le journal des Emirats Al-Itihad. Il pr�voit un Etat chr�tien s�cessionniste dans la partie libanaise � majorit� maronite. Khoudhir Tahar pr�voit une reprise des hostilit�s entre le Hezbollah et Isra�l. Les gens qui pensent que le Hezbollah va d�sarmer commettent une lourde erreur, dit-il, et ce n'est pas dans les plans de l'Iran. Une nouvelle offensive isra�lienne lui portera des coups plus durs et il sera r�duit � engager des hostilit�s avec les sunnites, les Druzes et les Maronites. En �change d'un cessez-le-feu, le Hezbollah acceptera de mettre fin � la guerre civile engag�e contre les autres communaut�s libanaises. C'est alors que les chr�tiens proclameront leur Etat et toutes les conditions sont r�unies pour que cet Etat b�n�ficie de la reconnaissance internationale, pr�dit notre confr�re qui explique cette issue en ces termes : �Si moi le musulman chiite, je suis en d�saccord avec le Hezbollah chiite, comment peut-on demander � un Maronite que tout s�pare du Hezbollah de cohabiter avec lui dans ces conditions ? �. R�publique khom�iniste ou mini-Etats confessionnels, l'avenir du Liban, victime de sa r�ussite, devra encore �tre dict� en dehors du Liban. C'est la tr�s banale et tr�s sombre r�alit�.
A. H.

(1) Qui se souvient du charg� de l'action sociale du FIS de la belle �poque ? Celui qui faisait croire au bon peuple, entre un gigot de mouton et un costume d'�poque, que l'Etat islamique de Benhadj c'�tait la prosp�rit� et la fin des s�ismes. Recrue providentielle de la concorde nationale premi�re mouture, il s'est effac� depuis au profit de marathoniens plus aguerris.
(2) Ce n'est pas le m�me relief ni le m�me pays mais sait-on jamais.
(3) Triste �poque : les �fr�res� alg�riens n'�taient pas convi�s � la f�te � moins qu'ils y aient jou� le r�le de convives honteux.

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